Chapitre 31

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Inspectrice Evans

26 octobre

Cork City Garda Station


         Dans une salle d'interrogatoire austère du commissariat de Cork, j'observe Derek Denils, le suspect dans l'agression de Juliette Campbell qui a eu lieu la veille au parc régional de Ballincollig. Il dissimule son regard fourbe derrière une armure d'impassibilité. Le type est mal rasé. Sa tignasse sombre est en bataille. D'épais sourcils habillent son court front grêlé.

— Pour débuter, je tiens à vous rappeler vos droits, M. Denils, déclaré-je d'une voix ferme mais respectueuse pour ne pas le braquer avant que l'interrogatoire n'ait commencé.

Je le malmènerai plus tard.

D'après mes investigations, il apparaît que cet homme à une sainte horreur des femmes. Il n'en est pas à son coup d'essai. Son dossier recense quatre agressions toutes commises durant les trois dernières années sur des individus de sexe féminin.

— Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous devant un tribunal. Vous avez également le droit à un avocat bien que vous ayez refusé sa présence hier. Comprenez-vous ces droits ?

Derek hoche la tête, mais son expression demeure impénétrable.

— Laissez-moi être claire, reprends-je. Vous êtes suspecté d'avoir agressé violemment une jeune femme, Juliette Campbell, dans le parc de Ballincollig hier après-midi. Elle se trouve dans un état critique à l'hôpital en raison de ses blessures.

Je pose une photo de la victime sur la table. Derek détourne le regard, mais ne dit rien.

— Pourquoi avez-vous attaqué cette jeune femme, M. Denils ? demandé-je sans préambule.

La mâchoire serrée, Derek reste silencieux. Il se contente de fixer ses poignets menottés à la table. Je le dévisage. Même assis, sa carrure est massive. Ses mains sont immenses. Une chance qu'il n'ait pas broyé la nuque de Juliette en tentant de l'étrangler.

— L'avez-vous attaquée par hasard ou y avait-il une raison particulière ? insisté-je sans rien laisser transparaître de mes pensées.

Derek lève ses grands yeux, gris et vides, vers moi.

Soudain, une lueur de défi émerge dans son regard. Que la partie commence.

— Je n'ai rien à dire, marmonne-t-il, sa voix empreinte d'hostilité.

Je réprime une pointe de frustration. Ce type est passé quatre fois à travers les mailles du filet. Il sait y faire pour se soustraire à la justice.

— M. Denils, nous avons des témoins qui vous ont vu sur les lieux de l'agression. Nous avons également des preuves matérielles qui vous relient à cet acte violent. Vous ne gagnerez rien en refusant de coopérer.

Il s'enfonce sur son siège en affichant un minable sourire en coin. Son mutisme persiste. Cependant, je peux lire la satisfaction sur son visage buriné.

— Êtes-vous sûr de vouloir jouer à ce petit jeu avec la police ? l'interrogé-je en me levant pour marcher autour de lui.

Je sais que je dois avancer avec prudence. Derek est un suspect difficile, mais je suis déterminée à obtenir des réponses. Je poursuis donc l'interrogatoire consciente que chaque mot, chaque geste, me rapproche un peu plus de la vérité.

— Votre père va être terriblement déçu d'apprendre l'arrestation de son fils unique. Qui va s'occuper de lui lorsque vous serez derrière les barreaux ? Je vous rappelle qu'en cas de récidive d'une agression violente, vous pouvez encourir jusqu'à quinze ans d'emprisonnement. Vous n'avez que trente-cinq ans... Aucun tribunal ne sera clément au vu des preuves matérielles, des témoignages oculaires et aussi des preuves numériques.

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