Chapitre 11

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         La lueur pâle de la lune peine à percer les épais nuages laissant Blarney plongée dans une semi-obscurité mystérieuse. Je suis debout près de la porte-fenêtre du couloir qui me permet d'avoir une vue dégagée sur le jardin. D'où ce hurlement a été poussé ? Par qui ? Une anxiété diffuse me tord les entrailles à mesure que les questions s'empilent dans mon esprit.

Et si quelqu'un avait besoin d'aide ? Une personne pourrait être blessée. Si mon voisin n'était pas venu à mon secours, il y a sept ans, je serais morte à l'heure qu'il est.

Prenant mon courage à deux mains, je décide d'aller voir ce qui se passe dehors. Ouvrant un tiroir de la commode, je m'empare d'un taser et d'une lampe de poche. On ne sait jamais.

J'enfile un épais gilet et des baskets. Puis, je sors à l'affût du moindre bruit ou d'une présence suspecte.

— Il y a quelqu'un ? demandé-je dans l'obscurité, discernant à peine les contours familiers de mon jardin.

J'augmente le niveau de luminosité de la lampe torche. Alors que je m'approche de la terrasse, je distingue la silhouette familière de mon père. Soucieux, il fixe l'horizon.

— Tu l'as entendu, toi aussi ? le questionné-je en me postant à ses côtés peu sûre de moi.

Il hoche la tête.

— Tu n'aurais pas dû sortir de chez toi.

— Et si quelqu'un avait besoin d'aide ?

— Rentre te mettre au chaud. Ne reste pas dehors. Je vais voir ce qui se passe.

— Tu ne vas pas y aller seul, m'inquiété-je alors qu'il s'enfonce déjà dans le jardin.

— Rentre te mettre au chaud. Je reviens rapidement.

Je peine à lui obéir. Et s'il lui arrivait malheur ?

Mon cœur bat la chamade tandis qu'il continue de s'éloigner vers la clôture qui sépare notre propriété de celle des voisins. Je le rattrape pour qu'il prenne le taser. Mon père s'en saisit avant de m'embrasser sur le front. Sans attendre, je repars en direction de l'annexe. Depuis la terrasse, je scrute l'obscurité à la recherche d'indices. J'agite ma lampe torche dans tous les sens, mais je ne vois rien. Un voisin émerge de sa maison et propose d'accompagner papa. Ensemble, ils disparaissent entre les arbres après avoir fermé les portillons. Je ne suis pas totalement rassurée, mais c'est toujours mieux que de le savoir seul.

Je me claquemure chez moi. Ensuite, j'allume les lumières du couloir et du salon pour ne pas devenir folle dans le noir. Il me vient à l'esprit l'article lu dans le journal quelques jours plus tôt concernant le meurtre de Carrigaline. Aussitôt, mon degré d'anxiété explose. Je tourne en rond dans le salon comme un lion en cage. Mes pensées virevoltent. Pourrait-il y avoir un lien avec l'affaire non résolue ? Est-ce une pure coïncidence ?

— Pas de conclusion hâtive, proféré-je en serrant ma nuque raide entre mes doigts.

Mon esprit, obsédé par le cri, invente des scénarios terrifiants. Les minutes passent et mon père ne rentre pas. L'attente devient insoutenable. Je m'écroule sur le canapé en envoyant un message à ma grand-mère qui m'assure être en sécurité chez elle et m'enjoint de ne plus sortir de l'annexe.

Une demi-heure s'écoule comme une éternité. Mon angoisse atteint son paroxysme et je ne peux plus rester chez moi à me sentir inutile. Je décide de me rendre chez ma grand-mère. Elle saura me changer les idées.

Attrapant mes clés à la volée, je ferme la porte d'entrée et je traverse l'allée d'un pas pressé. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar.

Une silhouette dégingandée se dessine au bout de la rue. Mon cœur s'emballe de nouveau. Ai-je halluciné ? Je suis en train de plisser les yeux quand quelque chose effleure l'une de mes chevilles. Je frôle la crise cardiaque avant de me mettre à souffler en reconnaissant la bouille de Pudding.

Savage loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant