Chapitre 5

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3 octobre


— Les Thompson vont adorer ! s'exclame Colm en prenant du recul.

Je le rejoins pour observer l'arche florale majestueuse qui s'élève face à nous, drapée de roses blanches et rouges, évoquant la pureté et la passion. Les pétales délicats s'entrelacent avec grâce, créant une symphonie visuelle où la blancheur éclatante rencontre la profondeur enivrante du rouge.

— Parfaite représentation de l'amour avec un grand « A », poursuit-il.

— C'est classique, mais ça rend bien, réponds-je concentrée en procédant à quelques ajustements.

— Cette structure forme une porte enchantée, unissant l'élégance et la romance. Impossible de rester de marbre face à la beauté de cette création.

— Tu es un poète, souris-je en donnant un coup de coude amical à Colm.

— Que veux-tu ? C'est tout moi. Le gars qui déclame des poèmes à tout va et qui pourtant ne trouve pas chaussure à son pied, se lamente-t-il.

— Tu es un célibataire endurci, Colm, s'amuse mon père en remplissant un bac dédié aux déchets. Mais...

— Mais ? répété-je.

— Mieux vaut être seul que mal accompagné, souligne papa.

Mon collègue l'applaudit.

— Bien dit, Monsieur Campbell !

Tandis qu'ils poursuivent leur discussion entre deux éclats de rire, je me replace derrière mon poste de travail.

Mon équipe et moi travaillons d'arrache-pied dans l'atelier. Chacun contribuant à donner vie aux idées que j'ai couchées sur papier avec l'aide de grand-mère et de Penny, notre voisine et ancienne fleuriste.

Cette dernière me rejoint, un splendide bouquet d'amaryllis entre les mains.

— Qu'en penses-tu ? me demande-t-elle en y ajoutant du feuillage.

— Qu'il est magnifique ! me ravis-je alors qu'elle le place dans un vase transparent rempli d'un peu d'eau.

Je jette un rapide coup d'œil à ma montre qui affiche dix-huit heures. L'après-midi est passé à une vitesse folle.

Les principales œuvres de la journée achevées, je supervise le chargement méticuleux du matériel dans la camionnette de l'entreprise. Pots de fleurs, vases et rubans colorés y sont disposés avec précaution pour assurer un transport sans encombre. La camionnette dont Colm prend le volant est remplie. Je charge le coffre de ma voiture de diverses couronnes qui seront accrochées sur les portails et la porte d'entrée de la propriété d'Andrew Thompson.

— Je ne traîne pas. La nuit ne va plus tarder à tomber, dis-je à mon père.

— Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'accompagne ?

— Mamie t'attend à la boutique. Tu dois aller la chercher, souris-je en déposant un baiser sur sa joue.

Après avoir remercié et salué l'équipe dans l'atelier, je prends la route en direction de la maison de notre demi de mêlée national. J'ai promis à mon père de faire signer le ballon de rugby qu'il a posé sur la banquette arrière de mon véhicule. Il est un grand fan du XV du Trèfle. Il ne rate jamais l'un de leurs matchs.

Pendant le trajet, le ciel s'assombrit. Les éclairs qui le zèbrent le rendent menaçant. La pluie tombe par intermittence. Sa symphonie monotone m'hypnotise presque. J'adore ce son qui est apaisant pour l'esprit. Mais je reste vigilante, le regard à l'affût du moindre animal qui pourrait débouler de la forêt et bondir sur la chaussée.

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