Chapitre 29

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        Je quitte la fleuristerie quand mon portable sonne.

« — Êtes-vous en route ? s'impatiente l'inspectrice Evans qui m'appelle cette fois depuis sa ligne professionnelle.

— J'avais un impératif à la boutique. Je serai là dans une vingtaine de minutes.

— Très bien ! Vous êtes attendue de pied ferme.

— À tout de suite, inspectrice.

Je m'apprête à raccrocher quand elle reprend :

— Juliette.

Silence. Le ton grave qu'elle a employé m'a fait me stopper quelques secondes.

— Souhaitez-vous qu'un agent vous accompagne ? Je peux envoyer quelqu'un.

— Non. Ça va aller.

— Faites attention à vous. »

Un écho funeste résonne dans sa voix ce qui n'a rien d'étonnant. Tout le monde a peur et appréhende la découverte d'un nouveau cadavre.

Mon père avait offert de m'accompagner. Mais je sais qu'il est submergé de travail. Je ne peux lui imposer le fardeau supplémentaire d'être ma baby-sitter. Je préfère me rendre seule à l'hôpital armée de ma détermination et d'une bombe au poivre.

La route qui traverse le comté de Cork s'étend devant moi, serpentant entre les collines verdoyantes et les vallées aux tons automnales. Le paysage, d'une beauté à couper le souffle, contraste avec mon état d'esprit troublé. La morosité devient monnaie courante ces derniers jours. Y-a-t-il un moment durant lequel je ne suis pas tourmenté ? Non... ou peut-être bien que si ! Quand Andrew est dans les parages. Sa seule présence à la capacité d'estomper mes craintes et d'envelopper mon cœur comme un chocolat de Pâques dans un emballage flamboyant. Andrew me donne du peps. Il apporte au quotidien une multitude de couleurs et j'aime ça ! Mais dois-je m'attacher à lui en sachant qu'une fois sa convalescence terminée, il repartira à Dublin ?

J'essaie de chasser cette idée parasite pour me concentrer sur le moment présent. Andrew est à Cork... il n'est pas encore parti ! Pendant que je m'autopersuade de lâcher prise, une sensation dérangeante me saisit. Je m'agite sur mon siège quand un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Je me sens épiée.

Je secoue la tête pour chasser des pensées irrationnelles lorsque les phares de la voiture qui me suit commencent à clignoter. Une vague d'appréhension me submerge. Mon cœur s'accélère, tambourinant dans ma poitrine comme un signal d'alarme. Je garde un œil sur le rétroviseur en essayant de contrôler une montée de stress dévorante.

— Calme-toi, Juliette, proféré-je en prenant une grande inspiration.

Finalement, le véhicule me double et je laisse échapper un soupir de soulagement.

Mon répit est de courte durée. Un bruit sourd résonne soudainement à l'arrière de ma voiture, suivi d'une secousse désagréable qui me fait sursauter. Je comprends que quelque chose ne va pas.

— Non, non, non, pesté-je en frappant sur le volant. Ce n'est pas le moment !

Avec appréhension, je m'arrête sur le bas-côté d'un petit village pittoresque et isolé. J'observe les alentours avec la plus grande des attentions. Lorsque je sors pour inspecter les dégâts, mes yeux tombent immédiatement sur le pneu crevé. La surprise et l'incrédulité me font pousser une longue plainte. Je l'ai changé il y a à peine quelques semaines ! Comment cela a-t-il pu arriver ? De plus, je n'ai pas vu le moindre débris sur la route qui pourrait expliquer ce pneu crevé.

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