Chapitre 25 - Andrew

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22 octobre

        Je franchis le seuil de la maison, Juliette sur mes talons. Un silence pesant flotte entre nous depuis que nous avons quitté le commissariat. La lumière tamisée du salon nous accueille, contrastant avec l'obscurité et l'air glacial extérieur. Je sens son hésitation, presque palpable, comme si les ombres meurtrières de la soirée s'étaient enroulées autour de son âme.

— Tu veux quelque chose à boire ? proposé-je en tentant de percer le voile de tension qui l'entoure.

Elle secoue la tête, une lueur troublée dans le regard.

— Non, merci. Je... j'ai juste besoin de m'asseoir un moment.

Je l'observe s'affaler sur le canapé, ses mains tremblantes trahissant l'angoisse qui la consume. La soirée a été longue et éprouvante, marquée par des questions incessantes et des regards empreints de suspicion. La police nous a interrogés séparément sur l'agression d'Esther et le meurtre tragique d'Emma, cherchant désespérément à assembler les pièces d'un puzzle macabre. Bien que Juliette et moi sommes de simples témoins, incapables d'esquisser les traits du visage de l'assaillant qui a fui de chez Esther, la gravité de notre implication pèse lourdement sur nos épaules.

— Mon père va rentrer plus tôt, murmure-t-elle soudain, brisant le silence. Je lui ai tout raconté. Il est inquiet, mais je lui ai affirmé que je suis en sécurité avec toi.

Je hoche la tête reconnaissant de la confiance qu'elle place en moi.

— Tu l'es, Juliette. La maison est équipée d'un système d'alarme et la police patrouille aux alentours. Rien ne t'arrivera ici.

Elle esquisse un sourire faible. Ses yeux scrutent les miens, cherchant une assurance que je m'empresse de lui donner. Je m'assois à ses côtés et prends ses mains dans les miennes.

— Si tu veux, tu peux dormir dans mon lit ce soir, soumets-je conscient que la proposition est inattendue. Toi, sous la couette. Moi, dessus. Juste pour que tu ne te sentes pas seule.

Un instant d'hésitation passe sur son visage avant qu'elle n'acquiesce, une lueur de soulagement dans le regard.

— Merci, Andrew. Ça... ça me rassurerait, je crois.

Alors que nous nous préparons pour la nuit, la pluie commence à tomber. Elle est un murmure constant qui enveloppe la maison d'une atmosphère à la fois mélancolique et réconfortante. Dans la chambre enténébrée, je sens Juliette se glisser à mes côtés. Sa présence m'enchante bien que je ne puisse oublier les récents évènements qui me font cogiter.

— Andrew ?

Sa voix est à peine audible.

— Oui ? chuchoté-je en retour, me tournant légèrement vers elle en ne décelant que les contours de son visage dans la pénombre.

Elle se blottit contre moi, sa tête reposant sur mon torse nu.

— Merci. Pour tout.

— Je n'ai rien fait.

— Si. Merci pour ta présence et la force de caractère dont tu fais preuve pour nous deux.

Nous deux. Ses mots résonnent en écho dans mon esprit.

Je l'entoure de mes bras, un geste qui se veut protecteur et rassurant.

— Nous allons traverser ça ensemble, affirmé-je.

Dans le silence qui suit, ponctué seulement par le rythme apaisant de la pluie, je sens son angoisse se dissiper peu à peu, remplacée par une tranquillité précaire. Malgré la tempête qui s'éveille à l'extérieur et celle qui gronde dans nos cœurs, je sais que nous trouverons la force de faire face à demain.

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