Chapitre 30

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         L'inconnu m'agrippe alors que je me débats et parviens à lui mordre les doigts. Je pousse un cri, mais il est vite étouffé par sa main ferme qu'il plaque violemment sur mon visage. Mon cœur bat la chamade. L'âme chevillée au corps, je m'agite de plus belle. L'immobilité reviendrait à signer mon arrêt de mort et c'est hors de question !

L'individu, massif, continue de me traîner de force dans le parc régional de Ballincollig. J'essaie de m'échapper de son emprise, mais il est trop puissant. Les branches basses griffent ma peau et accrochent mes cheveux alors que nous nous enfonçons dans le sous-bois. Les feuilles craquent et les brindilles se brisent sous nos pieds.

Les arbres nous enveloppent et le peu de lumière qui filtre à travers le feuillage automnal crée un jeu d'ombres mouvantes. Je tente de me libérer, mais chaque effort est futile. Le sentier est irrégulier, jonché de pierres et de racines, ce qui rend ma résistance encore plus difficile.

L'air devient plus humide et le sol mou. L'odeur de la terre se mélange à celle des feuilles. L'atmosphère, à la fois belle et menaçante, contraste cruellement avec ma situation terrifiante.

— Bienvenue en enfer, grogne le fou furieux.

La panique gèle mes membres alors que je sens sa prise de fer se resserrer autour de mon bras. Des flashs de la terrible nuit durant laquelle Woody a arraché la vie d'Anastasia reviennent me hanter. Je revois son corps étendu sur le sol et ses yeux grand ouverts. Et ce sang ! Tout ce sang sur le parquet et les murs me brise une nouvelle fois le cœur. Je le sens se fissurer et s'écarteler. La douleur est si violente qu'elle me ramène à la réalité.

« Bats-toi, Juliette ! BATS-TOI ! »

La voix d'Anastasia résonne dans ma tête avec fracas.

« BATS-TOI ! »

« BATS-TOI ! »

« BATS-TOI ! »

Foudroyée par ces mots, je retrouve de la hargne. Je lutte, tirant sur le bras de mon assaillant avec une énergie désespérée. Il resserre sa prise bloquant mes bras contre ma poitrine. La friction avec la corde qu'il passe autour de mon cou et de mes poignets me brûle la peau. Son souffle est lourd derrière moi, chargé de menace. Je pousse un cri étouffé en sentant son autre main entraver ma taille, me tirant inexorablement vers les profondeurs du parc.

— Au secours ! hurlé-je avant qu'il ne plaque de nouveau sa main sur mon visage me permettant de repousser la corde.

Son emprise est implacable. Ses intentions écrites dans la force brutale de ses gestes. Mais un feu brûle en moi. La volonté farouche de survivre me prend aux tripes. Dans un mouvement brusque, je parviens à me libérer et à courir. Mon cœur bat si fort que je crains qu'il n'éclate.

— Au secours ! rugis-je de plus belle.

Une ombre se lève au-dessus de moi avec une rage glaciale. L'individu me rattrape. Il me plaque contre le sol froid et humide. La lutte se poursuit jusqu'à ce qu'il sorte un marteau de la poche avant de son sweat. La terreur pure s'empare de moi. Je roule sur le côté juste à temps pour éviter le coup qui s'abat, trouant le sol à côté de ma tête.

Il persévère et manque de me fracasser les doigts. Réussissant à le frapper au visage, je rampe dans la terre quand une douleur explose dans ma tête. Un coup sourd résonne à travers mon crâne. Les étoiles dansent devant mes yeux, mais l'effroi me donne de la force. Mes mains cherchent frénétiquement quelque chose, n'importe quoi. Dans un hurlement rauque, je projette une poignée de terre dans ses yeux. Puis, je le cogne au visage avec la branche que j'ai trouvée.

Savage loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant