Chapitre 19

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        Voilà deux heures que nous refaisons le monde avec Andrew. Il m'a confié que s'il n'avait pas été rugbyman, il serait médecin comme sa sœur, sa cousine et son grand-père. C'est je cite « un truc de famille ». Moi, si je n'étais pas fleuriste, je ne sais pas vers quel type de poste je me serais orientée. J'ai fait des études dans la comptabilité, mais ce domaine ne me ressemble pas. Je ne me vois pas assise derrière un bureau toute la journée la tête dans un paquet de chiffres.

— Comptable. Ce n'est pas toi. Ta créativité est ton premier atout, assure Andrew.

— Tu as raison, réponds-je quand son ventre se met à gargouiller.

— Je change de sujet, mais est-ce que tu voudrais ressortir manger ?

— Nine va se demander où tu es.

— Je l'ai prévenue par message qu'il ne fallait pas m'attendre.

Soudain, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je me lève de ma chaise dans la cuisine. La silhouette familière de ma grand-mère se révèle. Elle est très élégante dans son long manteau marron.

Elle sourit en me voyant et je ne peux m'empêcher d'en faire de même. Elle tient un plateau dont il s'échappe une délicieuse odeur de lasagnes. Je me lèche les babines. Dans un sac autour de son bras, se trouve un récipient rempli de mousse au chocolat qui me rappelle à quel point mamie excelle en cuisine.

— J'ai pensé que tu pourrais avoir faim, alors j'ai apporté une partie du plat que j'ai préparé aujourd'hui. Et, bien sûr, un peu de mousse au chocolat pour le dessert, annonce-t-elle ravie. Tu t'es levée tôt, tu as travaillé, fait des courses, je me doutais bien que tu n'aurais pas le courage de cuisiner.

Je vais à sa rencontre pour la débarrasser et l'embrasser sur la joue.

— Tu es vraiment un amour ! Merci ! m'écrié-je en lui délivrant un autre bisou.

Elle rit doucement, touchée par mon enthousiasme. En apercevant Andrew qui nous rejoint, elle s'excuse de nous avoir dérangés.

— Bonjour madame Campbell.

— Bonjour Andrew, dit-elle avant de pivoter vers moi. Je pensais que tu étais seule, ma chérie. Je ne voulais pas vous interrompre.

— Pas du tout ! Andrew et moi étions en train de discuter. D'ailleurs, tu devrais rester un peu. Il y a assez à manger pour trois avec tout ce que tu as apporté.

— Ça aurait été avec plaisir, ma chérie, mais je ne peux pas. Mes amies du club de lecture ne vont plus tarder à arriver.

Je fais la moue, légèrement déçue, mais je comprends.

— La prochaine fois ?

— Bien sûr, répond-elle en me lançant un clin d'œil complice. Je m'en vais. Bonne soirée, les enfants.

Elle quitte l'annexe en jetant quelques coups d'œil par-dessus son épaule. Andrew et moi la regardons partir amusés.

— Elle t'a entendu ! Tu avais faim, le repas est là.

— Comme quoi, le hasard fait bien les choses, assure-t-il en me suivant dans la cuisine. Tu es sûre que je ne te dérange pas ? Je comprendrais que tu veuilles être seule après cette longue journée.

— Ta compagnie me fait du bien, vraiment, lui garantis-je avec sincérité. Et puis...

— Et puis ? demande-t-il en m'aidant à sortir les assiettes et les couverts des placards.

— Ta présence me rassure. Et je suis certaine qu'elle rassure aussi, mamie. Mon père est en déplacement professionnel jusqu'à mercredi. Avec tout ce qu'il se passe...

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