Chapitre 22

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         La nuit s'étend devant nous alors qu'avec Andrew nous prenons la route pour rejoindre le restaurant. Les lumières des villages que nous traversons défilent en un kaléidoscope éclatant à travers le pare-brise. Andrew conduit avec aisance comme toujours. La conversation est légère, ponctuée de rires. Je ne peux pas m'empêcher de le taquiner, mais je crois bien qu'il aime ça !

— Je t'assure que Scarlett n'est rien de plus qu'une amie de ma sœur.

— Que tu dis !

— C'est la vérité !

— Elle en pince pour toi. C'est flagrant !

— J'ai l'impression d'entendre Nine, ricane Andrew en s'arrêtant à un stop. Scarlett a tenté une approche peu commune. Je loue son audace et son imagination, rien de plus.

— Rien de plus ? répété-je. Tu es flattée qu'une femme s'intéresse à toi de la sorte, non ?

— Je préfère recevoir des petites culottes par courrier ! ironise-t-il.

— Vraiment ?

— Si tu savais.

Une pointe de jalousie émerge en moi. Toutefois, je n'en montre rien. Pourtant, je comprends qu'Andrew a lu en moi. Il cherche à me rassurer avec humour.

— Si c'est toi qui avais toqué à la porte nue sous un trench, je n'aurais pas eu la même réaction, plaisante-t-il en me dévisageant avec un sourire espiègle qui me fait m'empourprer sur mon siège.

— Que suis-je censée comprendre ? demandé-je en détournant le regard.

— Que tu me plais beaucoup, Juliette, annonce-t-il de but en blanc.

Je ne sais plus quoi dire. Alors, je sors la première bêtise qui me passe par la tête.

— Plus qu'une Guiness ?

— C'est certain ! assure-t-il avec enthousiasme.

Je ris, gênée. Andrew pose tendrement sa main sur ma joue avant que je ne la serre entre mes doigts.

— Dans ce cas, je te crois, dis-je d'une petite voix.

— Pour Scarlett ou pour la Guiness ? m'interroge-t-il son regard perçant plongé dans le mien.

Le temps semble s'être arrêté autour de nous. Comme à chaque fois, j'apprécie la façon dont il me regarde. Je suis prise d'un doux frisson et j'ai la sensation que les papillons dans mon ventre se démultiplient. L'effet Andrew est plus fort jour après jour.

Je lui tapote l'épaule en souriant avant qu'il ne redémarre.

— Pour les deux, voyons ! Mais !

— Mais ?

— Vous êtes tout de même au coude à coude avec la Guiness... Il ne faut pas déconner !

— Il n'aurait pu en être autrement ! réponds-je alors qu'Andrew pose à présent sa main sur ma cuisse.

Du bout des doigts, je caresse le dos de sa main. Nous échangeons un sourire complice pleins de sous-entendus. Le charme continue d'opérer.

Un ralentissement se profile à l'horizon. J'aperçois une ligne de feux rouges clignotants qui contraste avec la fluidité qui caractérisait notre trajet. Andrew freine et nous nous retrouvons immobiles, pris au piège d'une congestion mystérieuse. Les minutes s'étirent et l'inquiétude commence à s'insinuer dans l'habitacle.

— C'est étrange. Que se passe-t-il ? demandé-je en me redressant sur mon siège. Tu crois que...

Immédiatement, je pense à la hache découverte par Andrew.

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