Chapitre 16 - Andrew

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     Voilà bientôt une heure que je me tiens à proximité d'une potentielle scène de crime. Les enquêteurs, la scientifique et la rubalise ont envahi les lieux. Je raccroche après avoir expliqué la situation à Jay. Il va envoyer un de ses proches vérifier la propriété qui se trouve au beau milieu des parcelles forestières qui sont les siennes.

— C'est sordide, entends-je d'un policier qui rejoint ses collègues chargés de bloquer la route et d'expliquer aux conducteurs la déviation mise en place pour une durée indéterminée.

— Ça va nous prendre toute la nuit, annonce un agent de la scientifique qui porte une combinaison de protection blanche.

Si je ne me trompe pas, plusieurs autres découvertes s'ajoutant à celle de la hache ont été réalisées. Lesquelles ? Je n'en ai aucune idée pour l'instant.

Je garde mon sang-froid. Je n'ai rien à me reprocher. Mais ces éléments macabres m'inquiètent. Comment réagira Juliette en apprenant ce qui se passe à quelques kilomètres de chez elle ?

Le sentier forestier est plongé dans une atmosphère oppressante. L'air, autrefois empreint de légèreté et de la clameur des oiseaux s'est chargé de lourdeur.

— Excusez-moi, Monsieur Thompson, intervient l'inspectrice Evans qui en impose bien qu'elle soit haute comme trois pommes. Mis à part l'individu dans sa voiture, vous n'avez vu personne d'autre ?

— Non.

— Vous passez souvent dans le coin ?

— Oui. J'ai des amis à Blarney.

— C'est en vous rendant chez un de ces amis que vous avez fait cette découverte ? demande-t-elle en pointant du doigt le sentier.

— Exact.

— Vous vous arrêtez souvent en voiture sur des routes désertes ? poursuit-elle suspicieuse.

— Non. Mais quand je repère un manège suspect sur la propriété de l'un de mes amis, je n'ai aucun mal a garé ma voiture et aller voir ce qui se trame.

— Vous êtes courageux. Les gens, en grande majorité, auraient poursuivi leur route.

— Je ne suis pas les gens, répliqué-je.

L'inspectrice poursuit son interrogatoire, notant chaque détail de ma mésaventure ainsi que de mon emploi du temps. Je n'ai pas de mal à lui répondre ni à lui donner des alibis.

La hache est récupérée avec précaution. Les feuilles tombées des arbres sont désormais le support d'indices macabres : de traces de sang qui révèlent l'horreur qui a eu lieu.

— Votre jambe va mieux, Monsieur Thompson ? s'enquiert l'inspectrice en l'étudiant d'un long regard. Je note que vous ne portez pas d'attelle.

Elle passe du coq à l'âne. Je devine que sa question est liée à l'attaque de Blarney. Elle se demande sûrement, si j'avais la force nécessaire pour courir après la victime.

— Elle manque encore de puissance et de résistance. Je ne peux pas sauter comme un cabri, mais il y a des améliorations chaque jour. Les attelles étaient utiles durant les huit semaines qui ont suivi mon opération.

— Du ligament ?

J'acquiesce sans parvenir à retenir la question qui me brûle la langue.

— Vous pensez que la voiture et la hache ont un rapport avec ce qui est arrivé à Blarney, la semaine dernière ?

— Qu'est-il arrivé ? m'interroge l'inspectrice Evans qui plisse les yeux pour mieux me dévisager.

Son binôme, l'inspecteur Brown, qui n'est jamais fourré bien loin, nous rejoint. Le grand chauve a l'air très détendu et moins pointilleux. Est-ce un rôle qu'il se donne ou est-il naturellement nonchalant ?

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