— J'avais eu vent de votre statut de rugbyman mais j'ignorais tout de votre carrière et de votre palmarès...

— Êtes-vous à jour à présent ? me questionne Andrew sans se départir d'un air amusé.

— Étant donné que Colm et mon père me rebattent les oreilles avec vos exploits, nous pouvons dire que oui, je suis à-peu-près à jour.

— Un grand merci pour votre franchise, Juliette.

— En tout cas, je ne doute pas que le rugby demande beaucoup d'engagement et de sacrifices. Je devrais vous prendre en exemple... Arrêter de manger un tas de cochonneries et faire plus de sport, assuré-je en louchant sur son buste musclé mis en valeur par son pull.

En entendant des gloussements, je comprends que je ne suis pas la seule à le contempler. Deux jeunes femmes assises au bar ont reconnu Andrew. Il suit mon regard et sourit aux clientes qui s'approchent pour lui demander une photo. Il accepte et se lève pour prendre la pose une femme à chaque bras. Leur enthousiasme ne manque pas d'interpeller notre serveur qui nous demande si nous souhaitons une table plus discrète en nous apportant les boissons. Andrew lui indique que non après m'avoir demandé mon avis.

— Vous avez la cote ! notifié-je alors que nous trinquons.

— Le principal est d'avoir la cote auprès de vous, répond-il du tac au tac. Au fait, je vous invite.

Je rougis et je baisse la tête en cherchant à éviter son regard appuyé. Il n'y a plus de doute à avoir, je lui plais. Lui aussi me plaît beaucoup. Malheureusement, je ne sais pas comment réagir. À vrai dire, je ne l'ai jamais su. Si le rugby et moi faisons deux, il en est de même concernant les relations sentimentales. J'ai bien eu un petit ami avec qui je suis restée deux ans. Nous nous sommes quittés avant mon déménagement en Irlande. Depuis, j'ai fait des rencontres qui se sont toutes soldées par des échecs. Je n'arrivais pas à m'impliquer émotionnellement. J'ai tenté les histoires sans lendemain, mais j'ai vite compris que ce n'était pas pour moi. J'aime la routine et le confort d'une existence sans surprises. Alors, changer de mec comme de culotte, non merci.

La soirée avance au rythme de nos conversations animées. L'alchimie est telle que je n'ai pas pensé un seul instant à appeler Colm pour qu'il arrive à la rescousse. Au contraire ! J'ai même accepté la proposition d'Andrew de dévorer une planche de fromage et de charcuterie.

— Et votre dessert préféré ? Quel est-il ? lui demandé-je après avoir passé commande d'un cocktail sans alcool.

— Je vais trahir mes racines, plaisante-t-il. J'adore la crème brûlée. Je l'ai découverte quand je jouais à La Rochelle. Maintenant, à chaque fois que je vais en France, je dois en manger une.

— Et s'il n'y en a pas au menu ?

— Alors, j'écume les restaurants dans l'espoir de trouver le dessert ! s'exclame-t-il enjoué. Et vous ?

— Le fraisier !

J'en ai l'eau à la bouche rien que d'y penser.

— Très bon choix !

— Ceux de ma grand-mère sont... je n'ai pas les mots ! assuré-je un large sourire aux lèvres. Quand j'étais enfant, je passais tous mes dimanches avec elle. Une fois par mois, elle préparait un fraisier que nous dégustions au goûter devant la télévision. Cette époque me manque.

— Ce dessert est votre madeleine de Proust.

— Exactement, réponds-je émue.

En finissant mon cocktail, je perçois une connexion qui va au-delà des mots. Andrew s'avance légèrement sur la banquette. Son geste est audacieux, mais naturel. Je ne ressens pas le besoin de reculer. Au contraire, j'aime cette nouvelle proximité qui s'instaure. Je peux sentir l'odeur de son parfum boisé qui colle parfaitement à sa personnalité forte et entreprenante. Du bout des doigts, il replace délicatement une mèche de mes cheveux détachés derrière mon oreille. Un frisson parcourt ma peau. Depuis notre première rencontre, c'est la deuxième fois qu'il fait cela. J'admets que c'est agréable. Qui n'aimerait pas être dévoré du regard et touché par un homme aussi séduisant qu'Andrew. Et que dire de sa prestance qui m'impressionne et qui parfois me fait perdre le fil de la discussion ?

Savage loveWhere stories live. Discover now