Infiltrée

7.

Après une journée chargée avec plusieurs activités saugrenues et barbantes, mon calvaire est enfin terminé lorsque la tente se vide peu à peu de ces garnements. Je regrette presque de m'être dit que distribuer des objets à des enfants est une mince affaire. Ils sont tellement bruyants, et ils se disputent pour tout et n'importe quoi. Je me suis arrêtée de compter le nombre de fois où j'ai entendu : Mademoiselle Erinn, tel ou tel a pris mon crayon de couleur. Tel ou tel copie sur moi! C'était exténuant! Et ce n'est que le début!

Tout les gamins s'en vont sauf la petite fille d'hier, Shaïa je crois. Elle joue avec son doudou et me lorgne quelques fois lorsque je fais des mouvements près d'elle. Le sentiment étrange qui me submerge toujours, ne m'a pas quittée. Je crois que c'est de la nostalgie oui, juste ça. Elle me rappelle la petite fille innocente que j'étais autre fois. Mais pourquoi ce n'est qu'elle qui me fait cet effet là ?

- Elle ne rentre pas avec les autres ? interpellé-je discrètement Chloé qui range les dernièrs outils de peinture.

- Aujourd'hui, on vient la chercher. C'est toujours comme ça quand son siamois rentre d'une mission.

Elle me répond joyeusement puis retourne à ses affaires.

Son siamois ? Qui ça peut être ?

Je l'observe une seconde, et je cherche dans ma mémoire à qui ce visage peut bien correspondre. Mais toujours aucun succès. Je lance un soupir lasse car je m'ennuie un peu.

Mes pensées se dirigent vers quelques heures plutôt. Et ce personnage atypique qui me sert de colocataire me revient en mémoire. Tantôt chaud, tantôt froid. Parfois entreprenant dans les conversations, parfois aussi fermé qu'un coffre dans une banque. Qu'il se décide à la fin, j'en ai marre de danser sur un terrain miné. Je n'arrive vraiment pas à le cerner.

Plutôt, nous nous sommes présentés, et après, il est allé prendre ses vêtements et m'a dit qu'il rangerait certains hors de la chambre. Je lui ai demandé de ne rien toucher car c'est chez lui, et que c'est à moi de mettre mes vêtements ailleurs. Puis, il m'a demandé de la boucler parce que comme je l'ai si bien dit, c'est chez lui et il fait ce qu'il veut.

Je voulais juste être gentille et c'est des hurlements que je reçois. Ce rôle de merde que je joue avec lui commence à me faire péter les plombs. Et comme si ça ne suffisait pas, il est parti en claquant la porte derrière lui. Mais qu'ai-je fait? On dirait que plus je suis gentille, plus il s'éloigne. Décidément, je commence à douter sérieusement que je pourrais un jour me rapprocher de quelqu'un d'aussi instable.

Il me rappelle quelqu'un. Demande toi comment un être humain pourrait réussir à se rapprocher de Psycho?

Pas en étant aussi gentil je dois l'avouer. Je me dis que les gens qui sont trop gentils et courtois tout le temps cachent quelque chose. Les personnes qui se la jouent parfaits ont des lourds secrets qu'ils trimballent. Alors, s'ils sont aussi aimables avec tout le monde, personne ne leur posera des questions...

Oh!

Si je me dis ça alors, d'autres pensent comme moi et parmi, il y a Kae Stone. Je suis plus suspecte en étant très gentille qu'en étant presque moi! Parce que Psycho a des défauts et des gros. Je n'ai jamais été miss parfaite niveau caractère contrairement à Xyéla. C'est pourquoi, elle me sort par les voies du nez. Néanmoins, je me rattrape avec ma perfection en combat et c'est tout ce qui compte pour Mère et pour moi.

Je devrais changer d'approche avec ce phénomène que je nomme Kae Stone. Je verrai comment intégrer ça à mon jeu.

D'un coup, les rideaux de la tente volent dans les airs et se rabattent derrière une carrure masculine. Vêtue d'un jean pour homme noir, qui, est soutenu par une ceinture qui emprisonne nonchalamment la moitié du bas d'un t-shirt blanc. Celui-ci, dessine parfaitement son torse dont, l'entièreté est dissimulée par une veste en cuire noire. Le bruit sourd que fait ses grosses bottes sur le sol, donne l'impression que les bas qu'il porte sont équivaut aux ballerines des danseuses étoiles. Il se déplace tel un félin! Un détail à noter.