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Je le fixe intensément, car le voir là, à cet instant fait remonter en surface mon douloureux et lamentable échec.
Sa posture nonchalante, son regard sournois et arrogant me font penser qu'il se délecte silencieusement de sa victoire. Ce constat bien qu'insensé, fait enfler mon organe vital. Mon égo a été très touché, ce qui me pousse à imaginer des choses incongrues. Il ne peut être au courant de mon stratagème.

- Qu'est-ce qui se passe cher colocataire ? T'ai-je réveillé ? demandé-je sans cacher le sarcasme dans ma voix.

Il ne me répond pas tout de suite. Il se lève lentement pour se diriger vers moi puis, me surplombe de tous ses centimètres en plus. Toujours avec des yeux en fente, le visage étrangement plus serein que son regard, il plonge ses iris orageuses dans les miennes verdoyantes.

De mon côté, je garde la tête haute, il ne m'impressionne aucunement et, je ne savais même pas pourquoi il m'attendait.

- Tu es bien trop sûre de toi pour être une petite chose fragile, commença t-il subitement et impassiblement. Je me suis renseignée sur toi aujourd'hui et, la description qu'a fait mon père de toi est loin de ce que j'ai en face de moi. Ton regard, il parle bien plus que tu ne le crois.

- Oh! Alors, tu t'intéresses à moi? Je pensais que j'étais bizarre et inintéressante vu la façon dont tu te comportes avec moi, je réponds sur le même ton que lui avec un petit sourire moqueur.

- C'est normal que mon regard soit aussi dur, j'ai vécu beaucoup de choses, essayé-je de me justifier.

- Je ne crois pas avoir dis que ton regard était dur petite.

Son ton plutôt condescendant, me trouble un instant. Il est bien trop flou pour que je me fasse une idée de ce qu'il veut insinuer. J'encre mes yeux dans les siens, en les regardant à tour de rôle. Puis, fatiguée de ne rien y trouver, je souffle en lui tournant le dos pour aller dans la chambre.

- Reviens là ! Je ne t'ai jamais dit que j'avais fini.

Sa voix tranchante est imperturbable , il n'y figure ni agacement, ni colère. Juste une profonde autorité innée.

Aussitôt que son ordre arrive dans mon organe cérébral, je me fige net.
Que se passe-t-il ?

- Hum, dis je en me retournant calmement! J'admets que je réside chez toi, que je mange ta nourriture mais, je ne te permets pas de me parler de cette manière. Là, je vais dormir car j'ai passé une longue soirée. Bonne nuit Kae.

Je me retourne prestement et je me dirige vers la chambre. Au moins, je l'ai remis à sa...

- Je t'ai demandé de rester là.

Il m'arrête par le poignet et me retourne face à lui. Son regard était sévère et noir.

- Mais lâche moi ! pesté-je en essayant de me libérer. Qu'est-ce qui t'arrive?

J'arrive déjà à la limite du supportable, je déteste que l'on me touche, de cette façon en plus. Psycho me gratte de l'intérieur, j'ai envie de lui envoyer une bonne droite. Mais... je mets à pleurer.

- Pourquoi ? Pourquoi...tout le monde aime me faire du mal? Qu'est-ce que... j'ai fait? Hein? Lâche moi! chuchoté- je la voix cassée.

Je cache mon visage avec ma main libre et j'éclate en sanglots.
La pression que je ressens sur mon poignet se fait de moins en moins oppressante puis, elle disparaît. Mon bras tombe le long de mon corps et je prends un moment avant de m'en aller et de m'enfermer dans la chambre en le laissant là, planté au milieu du salon.

Une fois la porte fermée, un sourire vainqueur se forme progressivement sur mes lèvres, les étirant jusqu'aux oreilles. Je fais disparaître calmement les larmes, et je donne deux claques moyennes à mes joues pour me requinquer. Je regarde mon poignet et il y reste les marques rougies de sa prise. Elles disparaîtront d'ici demain.

InfiltréeUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum