DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TO...

By Maeva-Fictions

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« La vie c'est comme un château de cartes : il faut du temps pour la construire alors qu'un simple coup de ve... More

━ TOME 1
CASTING
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
CHAPITRE TRENTE-SIX
CHAPITRE TRENTE-SEPT
CHAPITRE TRENTE-HUIT
CHAPITRE TRENTE-NEUF
CHAPITRE QUARANTE
ÉPILOGUE
━ TOME 2
CHAPITRE UN (1)
CHAPITRE UN (2)
CHAPITRE DEUX (1)
CHAPITRE DEUX (2)
CHAPITRE TROIS (1)
CHAPITRE TROIS (2)
CHAPITRE QUATRE (1)
CHAPITRE QUATRE (2)
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
CHAPITRE TRENTE-SIX
CHAPITRE TRENTE-SEPT
CHAPITRE TRENTE-HUIT
ÉPILOGUE
━ TOME 3
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE (1)
CHAPITRE SEIZE (2)
CHAPITRE DIX-SEPT (1)
CHAPITRE DIX-SEPT (2)
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT (1)
CHAPITRE VINGT-HUIT (2)
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE (1)
CHAPITRE TRENTE (2)
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX (1)
CHAPITRE TRENTE-DEUX (2)
CHAPITRE TRENTE-TROIS (1)
CHAPITRE TRENTE-TROIS (2)
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
ÉPILOGUE
NOUVELLE HISTOIRE

CHAPITRE VINGT-ET-UN

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By Maeva-Fictions


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Rien ne s'arrange

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Si le silence ne s'entend pas, le crissement des chaussures de la personne qui me suit depuis plusieurs minutes, lui, déchire mes tympans.

Sitôt que Scarlett a disparu de mon champ visuel, j'ai pris la direction du centre de San Francisco. J'aurais pu monter directement dans un bus pour rentrer à Berkeley puisqu'à côté du tribunal, ce ne sont pas les correspondances qui manquent. Mais je ne l'ai pas fait car si je rentre tout de suite alors que personne ne sera là à l'appartement, je vais ruminer mes pensées et sombrer dans le cercle vicieux de la déprime et de l'auto-accusation. Dans mes pensées, je suis l'unique fautive, je ne peux me blâmer que moi-même. Bien que ce ne soit pas nécessairement la vérité, c'est ce que mon cerveau ne cesse de me répéter en boucle, comme une douce et déchirante mélopée.

Les pensées sont parfois pires que du poison. Elles s'immiscent en toi sans que tu en aies conscience et plus leur venin se propage dans tes membres, plus elles te font douter. Elle t'amènent à te sermonner, elles détruisent le peu de confiance que tu peux avoir en toi. Oui, les pensées sont nocives et venimeuses.

Alors, pour éviter d'écouter les petites voix qui crient dans ma tête, j'ai préféré marcher dans San Francisco, à l'aveugle, allant là où mes pieds me mèneraient. Pour l'instant je ne peux pas affirmer que ce soit une grande réussite. Certes, je ne suis pas seule parce que les rues sont animées, mais j'ai l'impression d'être comme une étrangère au monde de ces inconnus. Nous marchons côte à côte, nous nous croisons, nous nous saluons, mais nous sommes tous seuls dans notre propre bulle, indépendante de celle des autres. C'est parmi la foule que mon sentiment de solitude atteint son acmé. Oui, c'est entourée que je me rends compte plus que jamais que je suis seule. Seule avec mes problèmes, seule avec mes combats intérieurs, seule avec les voix dans ma tête.

Ces voix qui ne cessent de me hurler ma culpabilité. C'est moi qui ai livré des pistes et des débuts d'informations aux parents de Carter, c'est moi qui n'ai pas su défendre mes grands-parents, c'est moi qui n'ai rien cherché à faire pour les aider. Au fond, si je m'étais un peu plus impliquée dans l'affaire au lieu de jouer à la petite fille égoïste, j'aurais peut-être pu alléger leur peine.

Peut-être que ce n'est pas trop tard. Peut-être que les cartes ne sont pas encore toutes jouées. Aujourd'hui, l'attaque a posé son as, carte la plus puissante du jeu normal. Mais moi j'ai un joker dans ma manche. Un joker démoniaque que j'aurais préféré ne pas avoir à utiliser. Comme me l'a si bien rappelé Andrew, on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie, parfois il faut se décider à affronter les épreuves que l'on redoute. Parfois, on n'en sort que plus fort.

Mon joker à moi porte le nom de Jayden. Et pour le sortir, il suffit que je compose son numéro de téléphone dont les chiffres ont beau s'être effacés de ma peau, ils restent inscrits au marqueur indélébile dans mon esprit. Mon traître d'esprit qui ne trouve rien de mieux que de mémoriser ce qui pourrait causer ma chute.

Le rôle que peut jouer Jayden dans le procès de mes grands-parents m'apparaît comme une épiphanie, une blafarde lueur d'espoir parmi l'obscurité du doute dans lequel je me perds. Je peux encore explorer la piste de la drogue qu'il a sous-entendue mais que je n'ai pas prise au sérieux la première fois par manque d'informations. Aujourd'hui je me rends compte qu'il sait des choses cruciales qui pourraient faire basculer les choses en la faveur de ma famille.

Cette réalisation s'accompagne d'une autre prise de conscience : celle des bruits de la ville tout autour de moi. Les klaxons à répétition sont si forts qu'ils font vibrer ma cage thoracique, les conversations extérieures qui résonnent dans ma tête embrouillent mes pensées et les lumières qui s'allument dans les boutiques ou sur la voie publique m'aveuglent. C'est aussi à cet instant précis que je me rends compte que quelqu'un marche derrière moi. Je suis inconsciemment consciente que ça a probablement déjà été le cas depuis un sacré bout de temps, peut-être même depuis que j'ai quitté le tribunal.

Est-ce la paranoïa qui me guette ou mon sens de la préservation qui parle ?

Dans le doute, j'accélère le pas pour distancer mon potentiel poursuivant, un sentiment de déjà vu désagréable dans la poitrine.

Le fait que je ne me situe absolument pas à San Francisco et que je sois dans un endroit qui m'est totalement inconnu ne m'aide pas à me sentir en sécurité, surtout avec le ciel qui s'assombrit de seconde en seconde alors que la lune devient la seule source de lumière naturelle.

Bientôt, elle devient même l'unique chose qui me permet de voir où je pose les pieds alors que j'arrive dans une partie de la ville non éclairée et dont les trottoirs dénués de toute autre présence humaine me font paniquer. Dans quoi me suis-je encore embarquée ?

Les deux seules solutions qui s'offrent à moi sont de continuer à avancer en espérant trouver un coin plus animé plus loin ou rebrousser chemin et retourner en plein cœur de San Francisco. Cette deuxième option me semble la plus saine jusqu'à ce que je me rappelle qu'il est possible que je sois suivie. Or, si je reviens sur mes pas et que je tombe sur un serial killer, je risque de ne jamais sentir la chaleur des rayons du soleil sur ma peau à nouveau.

D'un autre côté, je n'entends plus de pas résonner derrière moi, le seul son parvenant à mes oreilles étant le vent se prenant dans les feuilles des arbres le long du trottoir. J'ai dû psychoter, comme toujours et imaginer qu'on m'a suivie. Depuis que les journalistes ont pris la fâcheuse tendance de m'épier, je ne me sens nulle part en sécurité.

Un soulagement bien mérité s'empare de mon corps quand je me rends compte que je suis bel et bien seule dans cette rue. Instantanément, le poids qui obstruait ma poitrine s'allège pour me laisser de nouveau respirer normalement. Scarlett a raison, il faut que je me ménage, ce n'est jamais bon d'entendre des bruits qui n'existent pas ailleurs que dans sa tête.

Comme je suis loin d'être rassurée à l'idée marcher ainsi seule dans la pénombre du crépuscule, je tourne les talons et entreprends de faire le chemin inverse. Si je n'avais pas oublié mon téléphone en partant de mon appartement plus tôt dans la journée, j'aurais pu chercher ma destination et être certaine de ne pas me perdre en cours de route. Mais comme toujours, notre téléphone n'est jamais là quand on a besoin de lui. Je devrais être habituée à force.

Lorsque je parviens à une intersection, je m'arrête, tiraillée entre mes pensées contradictoires. Est-ce que je suis venue par la première embouchure ou par la seconde ? Je sais que je n'ai pas pris celle qui continue tout droit puisque je ne reconnais pas les bâtiments, mais ça s'arrête là. J'étais tellement obnubilée par les pas derrière moi que j'en ai oublié de mémoriser mon chemin. Quelle idiote ! Mais techniquement, si elles tournent toutes les deux du même côté, elles finiront par se rejoindre sur la même rue, non ?

A rester figée devant la première ruelle pour prendre ma décision, j'en viens à frissonner. Le vent glacial fouette mon visage et agite mes cheveux en tous sens. Sans oublier le plus désagréable : comme je suis en jupe, il s'immisce sous mes collants et vient chatouiller ma peau frigorifiée, me donnant la chair de poule.

Le silence pesant qui règne dans cette partie de la ville est loin d'arranger les choses : il ajoute du morbide à l'ambiance malsaine qu'il se dégage de l'endroit. Si l'on fait abstraction du souffle du vent qui gémit, mon rythme cardiaque s'est tellement accéléré que je peux entendre chaque battement de mon cœur qui martèle de plus en plus fort dans ma cage thoracique de seconde en seconde.

— Fais un choix Cassandra, je m'intime à haute voix en jaugeant les deux ruelles transversales.

En observant attentivement la première, je ne reconnais absolument rien alors je me dirige vers la deuxième pour réaliser la même observation.

Je n'ai pas le temps de m'apercevoir qu'elle est identique en tout point à la première, que je recule en sursautant, un hoquet d'horreur déchirant ma gorge alors que mon corps part en arrière. En voulant me tourner pour prendre la fuite, je me tords la cheville avec mes chaussures à petit talon, faisant monter les larmes à mes yeux.

Je n'ai pas d'hallucinations, une forme noire se détache de la ruelle.

Une forme noire dont je ne peux pas percevoir le visage dans l'obscurité qui règne.

Une forme noire qui me hérisse les poils et m'arrache un cri d'horreur.

Il me faut à peine une demi-seconde pour réagir après m'être tordue la cheville : je rebrousse chemin et ignorant la douleur qui tambourine dans mes tympans, je m'engouffre comme une furie dans la première ruelle. Je n'ai pas besoin de me retourner pour comprendre aux pas qui résonnent de nouveau dans mon dos que l'inconnu m'a prise en course.

J'ai envie de hurler, mais mon cri reste coincé dans ma gorge. J'ai envie de fuir, mais mes jambes sont en train de me faire défaut. J'ai envie de rentrer à mon appartement et m'y enfermer pour être en sécurité, mais je n'ai aucun échappatoire. Tout ce que je peux faire, c'est courir. Courir comme si ma vie en dépendait. Parce qu'après tout c'est un peu le cas.

Je n'ai pas besoin de me demander si cet individu me veut du bien ou du mal, je suis consciente qu'il ne peut pas être bienveillant à me poursuivre ainsi. Surtout si c'est bien la personne que j'ai cru sentir dans mon dos depuis le tribunal.

Alors que mes foulées martèlent le trottoir, mes talons claquant sur les pavés, je fais abstraction de ma douleur à ma cheville et accélère l'allure en percevant les bruits de pas qui se rapprochent de plus en plus de moi. Mes poumons sont en feu, ma respiration est si erratique et bruyante qu'on croirait que je suis en train d'agoniser, mais je continue à avancer. Je le dois.

A cause du manque de lumière, de mes muscles engourdis par le froid et des larmes de terreur qui me brouillent la vue, je manque de m'étaler par terre à plusieurs reprises mais me rattrape de justesse à un mur.

Profitant de ce court arrêt pour jauger les formes qui se détachent de l'obscurité derrière moi, je me rends compte que l'homme n'est plus derrière moi.

Afin de mettre le plus de distance entre-nous deux, je tourne à droite et emprunte une autre rue transversale que je remonte en courant sur plusieurs mètres avant de prendre un autre tournant. Puis certaine qu'il ne me suit plus, je m'arrête et me plie, les mains posées sur mes genoux alors que je cherche à reprendre ma respiration à bout de souffle et à calmer les palpitations de mon cœur.

Quand je relève mes yeux qui étaient braqués sur le sol, mon regard s'accroche à des lumières. Ma salvation. Une rue éclairée qui s'apparente à ma délivrance, la porte de sortie de mon cauchemar.

Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres alors que mes muscles se détendent réellement.

Puis, avant que j'ai pu savourer la lueur d'espoir qui s'est allumée en moi, ma respiration se bloque. Une main dont le cuir des gants me brûle la peau se plaque sur la partie inférieure de mon visage. Elle s'appuie encore et encore sur ma bouche et mon nez, me privant de l'oxygène qui me permet de rester en vie.

Je n'ai pas le temps d'avoir peur ou de réfléchir que les lumières sous mes yeux vacillent. Ma vision se trouble par de petits points qui dansent devant moi et je me sens partir. La seule chose que je perçois encore distinctement, c'est la respiration forte et chaude de mon agresseur au creux de mon cou.

Je ne veux pas mourir.

Je ne veux pas disparaître ici.

Je ne veux pas !

Alors, pour réaliser mon souhait, j'utilise les dernières forces qu'il me reste encore et je donne un grand coup de pied dans le tibia de l'inconnu qui jure en me lâchant. Tremblante, et crachant mes poumons à la recherche d'oxygène, je m'élance en avant, vers les lumières maintenant floues.

Mais je suis une fois de plus stoppée dans mon élan alors que des doigts s'agrippent à mes cheveux qu'il tire en arrière.

Mon appel à l'aide se perd dans ma gorge et ma respiration se bloque lorsque l'homme me projette contre le mur, faisant mon corps heurter de plein fouet un mur. De l'impact se réveille une vieille douleur dans ma tête qui tourne de plus belle.

Je n'ai pas le temps de réagir que déjà ses mains gantées passent de mes cheveux à ma gorge. D'une poigne de fer, il agrippe mon cou de façon à me soulever de quelques centimètres du sol, me privant une fois de plus d'oxygène.

Ce ne sont pas seulement les doigts tremblants que je tente de porter à ma gorge pour le forcer à me lâcher qui s'agitent : c'est mon corps tout entier qui est pris de tremblements irrépressibles, comme si je grelottais à cause d'une hypothermie.

Alors que je lutte pour garder mes paupières ouvertes, nos yeux se croisent. Les siens sont sombres et brillent d'une fièvre haineuse. Même dans les vapes comme je suis, je remarque qu'il porte un costume élégant. Un costume pareil à ceux que portaient les personnes présentes au tribunal. Il agit donc par vengeance pure et dure.

S'il me restait suffisamment de forces, je lui aurais craché au visage. Qu'est-ce qu'il prévoit de me faire au juste ? Rendre sa propre justice pour prendre sa revanche ? Me tuer pour atteindre mes grands-parents ? Il pourrait assurément, personne n'en saurait rien.

Car c'est ça la dure réalité : il n'y a personne pour me sauver. Je ne suis pas dans un conte de fée, aucun prince charmant ne viendra à mon secours pour tuer le dragon et libérer la princesse.

Non, la princesse doit se défendre avec ses propres poings et terrasser le dragon par elle-même.

Ce que mon agresseur ignore, c'est que j'ai une bombe aveuglante dans mon sac. Arme de sûreté que j'ai tenté d'attraper en m'échappant de sa poigne une première fois. Aérosol de défense que j'effleure de mes doigts alors que mon agresseur me tient toujours contre le mur et serre sa poigne autour de ma gorge.

La main que je tentais de porter à ma gorge se baisse, attestant du manque de forces qu'il me reste pour la maintenir tendue. Jubilant, l'homme relâche lui aussi une main de celles qu'il fait glisser le long de ma clavicule jusqu'à la fermeture de mon manteau qu'il ouvre d'un puissant geste.

Je n'ai pas le temps de réaliser ce qu'il s'apprête à faire et je ne le saurai jamais puisqu'à peine a-t-il relâché la pression que je mets finalement la main sur ma bombe. Dans un dernier effort, je la pointe vers son visage et j'appuie une fois, une très longue fois. Le résultat est immédiat et bien plus efficace que je l'aurais espéré : il me libère de sa prise pour porter ses mains à ses yeux, hurlant à la mort tellement le produit doit lui brûler les yeux. Dans son geste brusque, il me frappe au visage, envoyant son coude en plein dans la mâchoire.

Une grimace de douleur me barre le visage, mais ça ne m'arrête pas dans ma course : je pousse un sprint en utilisant mes dernières forces afin d'atteindre les lumières. Ma tête tourne et le sol se rapproche dangereusement, mais je continue.

Sans me retourner ou vérifier si mon agresseur me suit, je m'engouffre dans la rue éclairée et pénètre dans le premier endroit ouvert : aux effluves qui parviennent à mon nez, je dirais qu'il s'agit d'un restaurant italien.

A peine ai-je poussé la porte que je m'effondre dans les bras d'un serveur qui ne semble pas comprendre ce qui se passe. Il en fait tomber l'assiette qu'il tenait sur nos pieds et la chaleur qui me brûle les chevilles achève de m'anesthésier.

Je viens sans doute de vivre la situation la plus terrifiante de ma vie et je suis paralysée par la peur. Aucun mot ne parvient à franchir mes lèvres tellement l'horreur obstrue ma gorge. Pourtant, ce n'est pas faute de l'homme de tenter de comprendre ce qui m'a mise dans un tel état.

Incapable de tenir debout plus longtemps à cause de ma tête qui tourne et de mes jambes flageolantes qui sont en train de me lâcher, je défaille et le serveur me rattrape de justesse. Il tente de m'aider à me redresser mais il parvient seulement à me faire rendre le peu de choses contenues dans mon estomac sur le sol du restaurant.

Il me faut vingt bonnes minutes pour que je parvienne à calmer ma respiration erratique et les tremblements irrépressibles qui ont pris possession de mon corps. La crise de panique qui me prend est violente, tellement que pendant qu'on essaie en vain de me calmer, des clients s'agitent et proposent d'appeler les secours. Je secoue la tête à chaque fois, ne voulant pas aggraver mes problèmes.

Finalement, après qu'on m'ait faite m'allonger sur une banquette et qu'on m'ait apporté un verre d'eau, ma crise se calme par elle-même et je suis enfin en mesure de demander un téléphone afin d'appeler Scarlett pour qu'elle vienne me chercher.

Comme elle ne répond pas après plusieurs tentatives d'appels, le serveur qui se trouve être le patron du restaurant me fait venir un taxi pour me ramener en sécurité à l'université.

Au début, je refuse catégoriquement de sortir du restaurant lorsque le taxi arrive. Je suis terrifiée à l'idée de sortir et que l'homme m'attende dehors. Avec une gentillesse immense et une compréhension toute aussi grande, le serveur accepte de m'escorter dehors, le tout sans me poser la moindre question. J'aimerais m'excuser pour le tort que je lui ai causé et le remercier de m'être venue en aide, mais je n'en ai pas la force. Je peux tout juste articuler ma destination au chauffeur avant de sombrer dans l'inconscience.

*    *    *

PDV DE CARTER

Comme tous les matins, je brave le froid pour attendre Cassandra à la porte de sa résidence. Le vendredi matin, elle est toujours en avance, comme si elle était excitée à l'idée de terminer la semaine de cours.

Aujourd'hui, c'est moi qui suis intenable à l'idée de la voir descendre de son appartement. Ces derniers jours, je n'ai pas passer un seul moment avec elle puisqu'elle était entièrement dévouée au procès de ses grands-parents. Et ce, en non-stop depuis lundi. Je suis sûr que je suis autant soulagé qu'elle qu'il se soit terminé hier.

En patientant qu'elle franchisse la porte, je m'agite sur mes jambes engourdies. Même si je n'ai pas pris de ses nouvelles hier, j'ai lu dans la presse, comme la majorité des États-Unis, que l'issu du procès n'avait pas été un succès pour les Tanner. Ça m'inquiète pour Cassandra. Ses grands-parents, je m'en contrefous, ils peuvent bien croupir aux fins fonds d'une prison, le monde ne s'en portera que mieux.

Je suis donc dans un état d'esprit controversé depuis que la nouvelle est tombée, tiraillé entre ma jubilation qu'ils paient enfin pour toutes les atrocités qu'ils ont pu faire subir à Cassandra jusqu'à présent et peiné pour cette dernière. Elle a beau affirmer qu'elle déteste ses grands-parents, ils restent sa famille, ceux qui l'ont élevée. La situation ne doit pas être facile à vivre pour elle. Dans ma tête, je me la représente en train de danser sur un fil étroit au-dessus du vide, prête à tomber à tout moment, prête à sombrer dans les profondeurs de l'abysse sous ses pieds.

Mais qu'est-ce qui va la sauver de sa danse périlleuse ? Son petit-ami attentionné qui arrive avec de la nourriture pour la ramener sur la terre ferme. Elle pourra se lancer dans un ballet endiablé une fois qu'elle sera en sécurité. Pour l'instant, je ne suis pas rassuré de la savoir en équilibre au dessus du vide, un simple fil bancal comme seule protection.

J'ai le maigre espoir que le cookie et l'habituel chocolat que je lui apporte sauront lui faire oublier ses problèmes et lui rendre un peu de bonne humeur. Si je pouvais au point où j'en suis lui arracher un sourire, j'aurais l'impression d'avoir réussi ma journée.

Mais le chocolat chaud refroidit à vue d'oeil dans ma main alors que les secondes s'égrènent, les minutes défilant et l'heure du commencement des cours approchant de plus en plus. J'attends sur le trottoir, en vain.

Elle devrait déjà être sortie depuis un bout de temps. Que fait-elle ?

L'inquiétude s'empare de moi, réchauffant mes veines gelées. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

Non, je me raisonne en secourant la tête. Elle a dû oublier de se réveiller, trop épuisée avec les événements des derniers jours et l'issue du procès pour penser à allumer son réveil.

Comment lui en vouloir après tout avec tous les événements auxquels elle a dû faire face dernièrement ? Si je croyais à une présence divine au-dessus de nous, je l'aurais priée pour qu'elle arrête de s'acharner sur elle. Cassandra, à presque dix-neuf ans, a subi bien plus de drames que son petit corps peut le supporter. Sans parler de son esprit qui n'en sort pas intact.

Je me souviens encore de la fille innocente et pleine d'espoir et de joie que j'ai rencontrée à Barrows. Elle aimait la vie, elle croyait en un futur lumineux qui s'étalait devant elle. Puis, ses jours ont été agités par des tempêtes, des orages si puissants que leurs tornades et leurs éclairs ont laissé une marque indélébile en elle. Ses cicatrices ont beau être invisibles à l'oeil nu, elles sont inscrites au plus profond de sa chair, comme pour lui rappeler les épreuves qui ont forgé la personne qu'elle est aujourd'hui.

Alors que je suis perdu dans mes réminiscences de Barrows, la porte s'ouvre brusquement. Plein d'espoir que ce soit enfin Cassandra qui soit descendue, je m'approche de l'entrée de la résidence. Malheureusement, ce n'est pas le visage familier de Cassandra que j'y découvre, mais celui de Sacha qui tente de s'extraire de la porte, l'anse de son sac à main s'étant coincé dans la poignée.

Sans même que l'idée de l'aider ne traverse ma pensée, je profite de la situation pour me glisser par la porte et pénétrer dans la résidence, le tout sous le regard noir de Sacha que je fais mine de ne pas remarquer. Elle pourrait se transformer en tomate géante sur des chaussures à talons et surmontée d'une perruque blonde, je n'y prêterais pas la moindre attention, mes pensées étant entièrement orientées vers une seule et même personne : Cassandra.

Comme l'ascenseur met trop de temps à mon goût pour descendre et que je suis loin d'avoir la patience de l'attendre, je grimpe les marches trois par trois. C'est essoufflé que j'arrive devant la porte de l'appartement de Cassandra contre laquelle je frappe sans attendre.

J'ai le temps de retrouver mon souffle mais je n'obtiens aucune réponse. Pourtant, en me penchant et en faisant abstraction de mon pouls battant à tout rompre dans ma tête, je perçois des voix s'élevant de l'intérieur. J'insiste donc, cette fois frappant plus fort contre la porte, et ce, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre enfin.

Mais ce ne sont pas les constellations de taches de rousseur ni le regard bleu océan de Cassandra que je découvre dans l'ouverture. Non, c'est un spectacle aux antipodes que je perçois : la mine déconfite de sa colocataire, habillée et maquillée bizarrement, des cheveux dans tous les sens.

Elle ne me laisse pas le temps de demander à voir ma petite-amie qu'elle m'a déjà tiré par le bras pour me forcer à entrer. Apparemment, elle ne m'en veut plus pour le coup d'un soir que je lui ai lâchement offert.

— C'pas trop tôt, m'agresse-t-elle en me poussant dans le couloir pour que j'avance plus vite. Elle est à deux doigts d'faire une dépression.

— Quoi ?

— Ta copine. Elle est dans l'mal d'puis des heures et toi t'es même pas là pour elle.

Le ton tranchant qu'elle emploie traduit le reproche et la colère qui teintent son visage. Face à son air désapprobateur, je garde le silence, ne trouvant rien à redire.

Elle a raison, peu importe ce qu'il se passe, je n'ai pas été là pour elle. Mais en même temps Cassandra ne m'a pas appelé pour la réconforter. Comment étais-je censé deviner qu'elle se sentait si mal ? En réalité, il aurait fallu que je sois sourd, aveugle et que je me change en légume pour ne pas le comprendre. Je pense qu'inconsciemment j'espérais que lui changer les idées ce matin suffirait.

J'avance jusqu'au salon, toujours poussé par la main ferme de la colocataire de Cassandra. Au début, je ne la vois nulle part en y débarquant. Mais, en regardant de plus près, je distingue une forme au fond du canapé.

A la voir recroquevillée ainsi sur elle-même, aussi frêle et fragile, je fais tomber mes viennoiseries sur le sol et manque de faire subir le même sort à nos boissons. Si je parviens à les sauver in extremis, c'est seulement parce que l'îlot central trône à quelques pas de là où je me trouve.

Je reste un instant pétrifié sur place, ne parvenant pas à détourner mes yeux de la forme sans vie que représente Cassandra. Sa tête est posée par ses genoux et ses cheveux qui lui tombent sur le visage cachent ses yeux.

— Elle était d'jà comme ça quand j'suis arrivée c'matin, m'apprend sa coloc. J'te laisse t'en occuper, y'en a qu'ont des trucs à faire.

Sans attendre ma confirmation, elle s'en va. J'attends qu'elle ait refermé la porte de l'appartement derrière elle pour m'approcher de Cassandra, qui n'a toujours pas esquissé le moindre geste.

Elle ne bouge toujours pas lorsque je m'accroupis à côté du canapé, juste sous ses genoux repliés, comme si elle était coupée de la réalité.

— Cassie, c'est moi, je lâche dans un souffle.

Mais elle ne semble pas m'entendre, restant figée dans le canapé, telle une poupée de cire.

Ne démordant pas, j'insiste de plus belle, répétant son prénom. Comme je n'obtiens pas de réponse favorable, j'approche mes doigts de ses genoux. J'ai à peine le temps de les effleurer, qu'elle se met à trembler sous mon contact.

Que suis-je censé faire ? La laisser tranquille ? Insister ?

Si ça n'avait tenu qu'à moi je serais resté là toute la journée, assis par terre à ses pieds jusqu'à attendre qu'elle s'ouvre à moi. Mais la voir ainsi, aussi fragile, aussi faible, aussi vulnérable me fait si mal au cœur que je ne tiens pas plus longtemps. Il faut que je fasse quelque chose.

Alors je me relève pour aller chercher le cookie aussi cassé que l'âme de Cassandra et le chocolat que je lui ai acheté, qui j'espère, sera assez chaud pour réchauffer son corps. Je les dépose à côté d'elle pour capter son attention, mais elle ne bouge toujours pas.

— Cassie, c'est moi, je répète. C'est Carter.

Je tends de nouveau la main vers elle, cette fois-ci pour dégager les cheveux qui tombent négligemment sur son front. Une fois qu'il est nu, je dépose mes lèvres sur sa peau douce, comme j'ai l'habitude de le faire.

Cette fois-ci sa tête se relève, ses yeux s'accrochant aux miens. J'ai un mouvement de recul en voyant les traits tirés de son visage. Ses yeux bouffis me prouvent qu'elle a dû verser plus de larmes qu'il n'est autorisé pour un humain de pleurer et un début d'hématome s'est formé sur sa mâchoire. Mon Dieu, que lui est-il arrivé ? Si quelqu'un lui a osé lui faire du mal, je vais le traquer, le trouver et le tuer.

Alors que ses yeux fades et exténués, miroirs de ses sentiments intérieurs, jettent des appels à l'aide dans toutes les directions, je remarque plus que jamais à quel point elle semble lessivée, épuisée, comme si elle portait toute la misère du monde sur ses maigres épaules. J'aimerais pouvoir la soulager en en prenant une partie mais malheureusement je n'ai aucun moyen de la décharger de ce poids.

Avant que j'ai pu prononcer le moindre mot, Cassandra éclate en sanglots. Elle tente de les réprimer, de les arrêter, mais ses pleurs sont plus forts et l'emportent sur sa volonté. Elle bafouille des excuses que je chasse d'un mouvement de la main.

— Je suis désolée, répète-t-elle, comme si elle était honteuse d'afficher sa faiblesse, de craquer devant moi.

— Hé, tout va bien, je suis là.

Pour la calmer et lui montrer qu'elle n'est pas seule, je vais m'asseoir à côté d'elle et j'entoure ses épaules de mes bras. Au début, elle reste raide sous mes mains, puis son corps finit par se détendre sous le mien, percevant l'aura de protection que j'espère lui transmettre.

Ses cheveux décoiffés dans lesquels mon nez est enfoncé sentent l'humidité et comme en intiment ses tremblements irrépressibles, son corps est gelé. J'aimerais lui demander des réponses, m'enquérir de ce qu'il s'est passé et surtout de qui l'a mise dans un état pareil, mais je ne veux pas la brusquer alors je ravale mes questions.

— Je t'ai apporté un cookie, je lui confie avec un petit sourire triste en désignant le paquet et le gobelets posés juste à côté d'elle.

Un sourire simulé étire ses lèvres, miroir du mien. Elle articule un vague remerciement que je balaie de la main. Ma petite attention est une chose normale, ou du moins je veux qu'elle le devienne à tel point qu'elle ne pense plus à me remercier.

— Tu n'as pas besoin de le manger tout de suite. Et tu n'as pas non plus besoin de me parler si tu n'en as pas envie. On peut juste rester là, comme ça, sans bouger et sans parler, à prétendre que rien n'a d'importance en dehors de nous deux.

Bien que ma proposition soit tentante, Cassandra secoue la tête, apparemment décidée à sortir de son appartement.

D'un geste presque rageur, elle sèche les larmes qui ont laissé un sillon brillant sur ses joues et respire profondément pour calmer ses tremblements. Tremblements qui s'accentuent, et ce, alors même que la température ambiante doit frôler les vingt degrés.

A la recherche d'une couverture inexistante, je balaie le canapé du regard, avant de pousser mon étude au salon tout entier. Comme je ne trouve rien qui puisse la réchauffer, j'ôte mon manteau et dans l'espoir d'éradiquer le froid de son corps, je l'enroule dedans, tout en gardant mes mains posées de part et d'autre de ses épaules, mes yeux ancrés au fond des siens. J'espère lui communiquer toutes mes excuses par le regard. Mais comme je ne trouve pas ça suffisant, j'ajoute :

— Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi hier, ni même d'avoir insisté pour t'accompagner au tribunal. J'aurais dû être avec toi et pas au restaurant. C'était ma place.

— C'est rien, je t'assure. Tout va bien. J'ai juste eu un coup de mou, mais ça va maintenant.

Je n'ai pas besoin de la jauger pour savoir que ses paroles ne sont pas sincères. Elle a l'air d'avoir passé la nuit au fond d'une tombe et d'avoir ressuscité il y a à peine dix minutes.

— Tu sais aussi bien que moi que c'est un mensonge, Cassie. Tout ne va pas bien, putain ! Je sais pas si tu espères me convaincre moi ou te convaincre toi, mais ça ne réussit pas.

Même si elle n'est pas conscience de l'avoir formulé, je reçois son appel à l'aide. Et je ne compte pas l'ignorer.

— Tu sais quoi ? je lui demande rhétoriquement. On ne va pas aller en cours aujourd'hui, on va se faire une journée rien que tous les deux pour te changer les idées. On fera tout ce que tu voudras.

Une bataille commence en Cassandra, les attaques des deux camps étant visibles sur son visage alors qu'elle semble hésiter entre m'écouter ou n'en faire qu'à sa tête. J'en conclus que c'est ce deuxième camp qui terrasse son adversaire quand elle désapprouve d'un mouvement négatif.

— Non, Carter, on ne peut pas faire ça, rétorque-t-elle d'une petite voix. Tu ne comprends pas que je dois aller en cours, j'en ai besoin.

— Tu en es sûre ? Tu peux bien louper un jour.

— Ce n'est pas parce que ma famille est derrière les barreaux que je dois me laisser aller. En plus je travaille tard ce soir à la bibliothèque pour finir mon inventaire.

Encore un inventaire, sérieusement ? J'ai l'impression qu'ils ne font que ça à la bibliothèque. Depuis qu'elle a obtenu ce job, je ne la vois quasiment pas le soir parce qu'elle passe toutes ses soirées à faire du tri. Est-ce que c'est légal au moins ?

— Je peux te remplacer si tu veux, je lui propose après avoir jaugé mes différentes options.

— Non, je peux le faire. Je vais le faire.

Elle insiste sur le « vais » avec une détermination si forte qu'elle m'ôte toute envie de protester. J'ai peur qu'elle ne tombe en surmenage à force de vouloir faire trop de choses. Ce n'est une machine, comme tout le monde elle a ses hauts et ses bas, les jours avec et les jours sans. Elle a juste besoin d'accepter que parfois, la situation la dépasse et qu'elle doit simplement attendre que ça passe et se ménager en conséquence.

— Laisse-moi deux minutes pour respirer et prendre une douche et je te rejoins en bas, d'accord ?

— T'es pas humaine, tu en es consciente ?

— C'est un secret, tu ne dois révéler à personne que je suis un alien.

Comme si le moment de faiblesse de Cassandra n'était plus qu'un vague souvenir, un écho d'un passé révolu, elle se lève et prend la direction de la salle de bains.

Je ne peux m'empêcher de penser que c'est une battante, une sacrée battante, ma Cassandra. Elle ne se laisse jamais abattre et se relève même après une chute vertigineuse. C'est un modèle de détermination.

Mais ce que les gens ignorent, ce que Carter ne se doute pas, c'est que la battante est brisée au fond d'elle-même. Son âme n'est plus qu'un amas de débris parmi lesquels de l'ombre s'écoule pour tenter d'en obscurcir les morceaux. Et même l'amour de Carter ne peut pas la réparer pour l'instant. Elle doit le faire seule, comme lui travaille au quotidien pour faire le deuil d'Aaron.

______________________________________

M O TD EL ' A U T E U R

Un chapitre pas très très joyeux pour le coup avec une Cassandra rongée par la culpabilité et au bord d'un désespoir qui l'amène à penser à la proposition de Jayden... En plus elle se fait agressée, ce qui n'arrange rien. Elle se croit seule alors que Carter essaie d'être là pour elle. Il est assez cute à ne pas savoir comment vraiment faire haha. Et cette fin ? Cassie est-elle réellement une battante ?

↠ Alors, que penses-tu de ce chapitre ? Dis-moi tout !

↠ Qu'as-tu pensé du désespoir de Cassandra ? De son agression ?

↠ Qu'as-tu pensé de l'attitude de Carter vis à vis de Cassandra qui essaie d'être là pour elle ?

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