Teenage Riot

By ocastle

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RÉCIT COMPLET. Nathan est le surdoué du lycée, un élève modèle assuré d'entrer dans les meilleures écoles. I... More

TEENAGE RIOT
Jeudi 4 Septembre - 1/2
Jeudi 4 Septembre - 2/2
Vendredi 24 Octobre - 1/3
Vendredi 24 Octobre - 2/3
Vendredi 24 Octobre - 3/3
Mardi 2 Novembre - 1/1
Vendredi 7 Novembre - 1/1
Samedi 8 Novembre - 1/3
Samedi 8 Novembre - 2/3
Samedi 8 Novembre - 3/3
Jeudi 13 Novembre 1/2
Jeudi 13 Novembre - 2/2
Mardi 2 Décembre - 1/1
Mardi 16 Décembre - 1/1
Mercredi 17 Décembre - 1/2
Mercredi 17 Décembre 2/2
Vendredi 19 Décembre - 1/3
Vendredi 19 Décembre - 2/3
Vendredi 19 Décembre - 3/3
Lundi 21 Décembre - 1/3
Lundi 21 Décembre - 2/3
Lundi 21 Décembre - 3/3
Mercredi 31 Décembre - 1/4
Mercredi 31 Décembre - 2/4
Mercredi 31 Décembre - 3/4
Mercredi 31 Décembre - 4/4
Jeudi 1 Janvier - 1/1
Mardi 13 Janvier - 1/1
Vendredi 23 Janvier - 1/2
Vendredi 23 Janvier - 2/2
Lundi 26 Janvier - 1/1
Mardi 27 Janvier - 1/1
Jeudi 29 Janvier - 1/2
Jeudi 29 Janvier - 2/2
Lundi 9 Mars - 1/1
Vendredi 24 Avril - 2/2
Samedi 25 Avril - 1/1
Vendredi 5 Juin - 1/3
Vendredi 5 Juin - 2/3
Vendredi 5 Juin - 3/3
Vendredi 3 Juillet - 1/1
Jeudi 9 Juillet - 1/1

Vendredi 24 avril - 1/2

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By ocastle

 Avec la réconciliation d'Elké et Cyrille, le groupe avait retrouvé une certaine cohésion, ne serait-ce que par le retour des séances de jeu de rôle le samedi. La Terminale L faisait moins de « social » et passait plus de temps avec son chéri. De son côté, la punkette réussissait presque à avoir des discussions avec d'autres Littéraires sans être totalement hermétique aux banalités échangées. Les amis du blouson noir se joignaient de temps en temps aux conversations, tout comme certaines filles qui suivaient machinalement Elké et Morgane au sortir de l'Aquarium. Événements rares mais qui tendaient à remonter le moral de Louis, accablé par la solitude et des résultats scolaires alarmants. Au point qu'il dût rejoindre Lex et Nathan les mardis et jeudis soir.

Les vacances de Pâques n'étaient désormais plus qu'un lointain souvenir et le spectre du baccalauréat devenait tangible. Ne restait plus que la répétition des ponts de mai pour soulager les esprits avant le grand saut dans les révisions. Nathan était le seul à accueillir les prochaines semaines avec sérénité. Pourtant, le calme qu'il affichait restait une façade prête à exploser à tout moment. Ses amis en avaient parfaitement conscience et son caractère toujours lunatique posait parfois problème. Pour Elké, il vivait une phase de mutation profonde qui devait au final l'amener à se réaliser en tant que personne. De façon plus simple, Cyrille avait expliqué à Louis que c'était comme s'il cherchait des clés qu'il avait perdues, et que plus il cherchait, plus il s'énervait.

Après le dernier incident à la cantine, Nathan s'était renfermé sur lui-même, limitant les interactions avec les autres au soutien scolaire et au travers de son magicien Kupfer. Il continuait volontairement de manquer les rendez-vous devant la cantine afin de manger seul. Il n'était pas rare non plus qu'il choisisse de patienter dans les couloirs avec sa musique et des magazines plutôt que de rejoindre les autres sur leur banc.

Toutefois, lassé de deux semaines consécutives de pluie, il avait décidé de profiter du soleil printanier en compagnie de ses compagnons de jeu de rôle.

— Bon, je vous ai préparé un truc pour la partie de demain, vous m'en direz des nouvelles ! exulta Cyrille en se frottant les mains.

En d'autres termes, Sylvidra, Tirwin et Kupfer allaient frôler de très près la mort pour la fin de la campagne.

— Y'aura des succubes ? demanda Louis.

— Sérieux mec, je peux rien pour ta libido... fit le maître du jeu dépité par les hormones de son joueur.

Et en ce premier jour de réel printemps, l'infortuné dragueur ne savait plus où donner de la tête avec la multiplication des jupes et décolletés. Son regard suivait sans aucune gêne chaque fille qui passait à proximité, ce qui avait fini par insupporter Elké et Morgane, chacune ayant préféré s'éloigner de lui après le repas.

Nettement plus discrets que les yeux avides de chair de son ami, ceux de Nathan n'étaient pas en reste et appréciaient aussi les courbes féminines au loin. Il se montrait néanmoins plus parcimonieux dans le choix des filles qu'il observait. Sa meilleure amie discutait avec une brune dont il n'avait pas retenu le nom et qui avait des cheveux si longs qu'ils en descendaient sous les fesses. Il n'était pas rare qu'il repense à l'Elké du collège, et à la façon dont aurait évolué sa vie après son premier baiser avec elle. Les deux adolescents pré-pubères se demandaient ce que cela faisait d'embrasser quelqu'un comme dans les films. Juste après l'essai dans la chambre d'Elké, celle-ci avait déclamé avec dégoût : « J'ai l'impression d'embrasser mon frère ». D'un rire nerveux, il avait conclu la même chose. Un pieu mensonge alors qu'il ne demandait qu'à réitérer l'expérience. Il avait beaucoup repensé à ce premier baiser et à l'opportunité d'en déclencher un second durant la très courte période de célibat qu'elle avait connu. Rien de plus qu'un fantasme qu'il aurait pu concrétiser le soir du nouvel an. Mais quand il voyait le couple reformé, il lui était évident qu'il n'arriverait jamais à la cheville de Cyrille.

Sous le préau, avec d'autres amis, il aperçut Elvire dans la petite robe qu'elle portait le jour où il l'avait rencontrée. Elle avait mis par-dessus un gilet en laine et d'épais collants pour supporter la petite brise portée par la mer à quelques kilomètres. Depuis qu'il l'avait maladroitement éconduite, elle était devenue plus distante entre les murs de l'école. Mais durant les cours particuliers, il notait des petits détails qui ne trompaient pas : un peu de maquillage, des essais de coiffure, des regards qu'il sentait sur lui tandis qu'il observait dans le jardin l'increvable fleur de pavot... Elle tentait une approche plus subtile, sur la longueur, qui ne manquait pas de le faire sourire quand il y repensait. Peut-être aurait-il dû se montrer raisonnable et succomber à la seule fille « bien » de son entourage. La seule d'ailleurs qui se montrait ouvertement intéressée.

Mais à chaque fois que l'image de la petite rousse maigrichonne s'invitait dans ses projections amoureuses, celle d'une blonde aux formes plus voluptueuses l'effaçait. Alice. Elle était dans la cour fumeurs, quelques mètres plus loin. Elle était habillée de son pantalon gris foncé, celui avec la coupe droite qui tombait à quelques millimètres du sol et cachait le talon presque aiguille de ses escarpins vernis. La douceur quasi-estivale l'avait poussée à choisir un chemisier blanc transparent à travers lequel n'importe qui pouvait apprécier un sous-vêtement noir. Elle avait beau légèrement grelotter dans la cour, cela ne l'empêchait pas d'exhaler la sensualité et d'attirer beaucoup de regards. Le sien, mais aussi celui de Lex qui finissait sa roulée dans un autre coin de la cour. Pour autant que Nathan sache, Louis n'avait toujours pas cherché à approcher Alice en dépit de ses allocutions vantardes. Elle s'entretenait avec son amie Sabrina. Bien trop éloigné d'elles, Nathan n'entendait rien de leur conversation. Mais soudain la jolie blonde accrocha son regard. Quelques secondes. Suffisamment pour déclencher un sourire et qu'elle remette une mèche de cheveux derrière l'oreille gauche en baissant les yeux. Si Nathan avait eu les moyens de magiquement diffuser de la musique dans les enceintes de l'école, il aurait probablement choisi She's a Rainbow des Rolling Stones pour ce moment précis.

Ils échangèrent encore quelques regards qu'Alice essayait de rendre complices puis le disque se raya et une sueur froide remonta le long de son échine. Instinctivement, Nathan balaya l'ensemble de la cour, à la recherche de Fix. Ce dernier se tenait de dos un peu plus à droite et regardait de gauche à droite, sans pour autant s'intéresser à Nathan ou à son ex-copine. Derrière lui, l'adolescent nota la présence surprenante de Morgane. Il les observa longuement, curieux de découvrir ce qui poussait deux êtres qui ne s'étaient jamais adressés la parole à soudainement se trouver des intérêts communs. Un instant, il songea à Elvire et la possibilité que ses mésaventures du trente et un décembre fassent des vagues. En dépit de l'attitude agressive de la punkette, celle-ci s'avérait très protectrice envers sa petite sœur, notamment au sujet des garçons comme Louis. Le fait que leur discussion n'ait pas encore tourné au pugilat laissait à croire qu'il se tramait autre chose.

Et cette inconnue commençait à ronger les nerfs de Nathan. Lentement mais sûrement. Le calme avant la tempête. La partie logique de son cerveau énumérait les raisons plausibles de ce rapprochement incongru. Il n'y en avait pas tant, aussi tournaient-elles en boucle accompagnées par un acouphène strident qui se muait étrangement en Requiem de Gyorgi Ligeti.

Ils s'échangèrent une poignée de main. Et la petite bulle de colère que Nathan s'efforçait de contenir explosa, électrisant chaque muscle de son corps, libérant ses pensées vers un seul objectif. Il se leva et se mit à marcher d'un pas aussi décidé que ses yeux étaient furieux.

Coupé en plein milieu d'une explication d'un point de règle particulier de Donjons & Dragons, Cyrille regarda bouche bée Nathan traverser la cour. Il avait toujours considéré ses sautes d'humeur comme une bombe à retardement qui ferait du bruit au moment de la détonation. Au plus profond de ses tripes, il comprenait que la minuterie avait été coupée et qu'on avait mis l'explosif dans une coque fuselée pour la larguer au milieu du lycée. Il attrapa Louis par la manche et le tira dans le sillage de Nathan, une dizaine de pas en retrait. Lex avait lui aussi aperçu du coin de l'œil Nathan, puis Cyrille et son signe de tête vers Fix. Sous l'impulsion de leur leader, tous les blousons noirs jetèrent leur cigarette et s'approchèrent lentement de l'épicentre du futur séisme. Ils connaissaient Nathan et son attitude lâche à éviter tout conflit, ce qui n'était pas le cas de François-Xavier.

Étranger à ce qui se passait autour de lui, le T-S* marchait en ligne droite vers Morgane, sans s'inquiéter des éventuels élèves sur son passage puisqu'il les bousculait sans s'arrêter. La punkette le remarqua et accrocha son regard, comme un lapin obnubilé par les phares d'une voiture lancée à pleine vitesse. L'impact vint avec les premiers mots. Loin d'être hurlés, ils firent pourtant tourner toutes les têtes vers Nathan et cesser tout brouhaha autour de lui.

— Tu fais chier Morgane ! J'en ai plein le cul de ton numéro de victime ! Je suis désolé pour ta mère, mais ça n'excuse pas tout !

Sa main plongea vers le perfecto imitation de cuir vert de la jeune femme. Prise de court les premières secondes et sous le choc de l'évocation de sa mère disparue, elle retrouva rapidement ses esprits en le sentant fouiller dans sa poche et tenta de le retenir de sortir ce qu'elle venait d'y ranger.

— Putain, mais lâche-moi !

Et sa gifle retentit comme une onde de choc dans la cour, immédiatement suivie de quelques commentaires amusés des premiers spectateurs.

Loin d'être déstabilisé par l'attaque physique, Nathan arracha de la poche un petit sachet zippé contenant trois comprimés et l'agita sous les yeux de l'acheteuse.

— Je m'casse pas l'cul à sortir ta sœur de la merde pour que t'achètes de la dope sous ses yeux !

— Quoi !

— Ton connard de dealer et ses potes trouvent marrant de balancer du GHB dans les verres des secondes pendant leurs petites sauteries !

— Hé, je sais pas de... commença Fix en levant les mains, détendu car intouchable.

— Toi, ta gueule ! Et toi, tu vaux mieux que ça ! Mais t'es juste trop conne pour t'en apercevoir !

Morgane ne réagissait plus. Elle avait les yeux fixés sur Elvire qui s'était rapprochée pour mieux voir. Le mensonge n'était pas dans la nature de Nathan ; au mieux il mentait par omission ou pour couvrir quelqu'un d'autre, comme dans le bureau du proviseur au sujet du déclenchement de l'alarme incendie. Alors, le monde égocentré de Morgane n'était plus qu'une foule de questions inquiètes. Elle ne parvenait pas à pleinement prendre la mesure des révélations à propos d'Elvire, encore moins de leurs conséquences.

— Arrête tes conneries et reprends-toi ! Et toi, reprends ta merde ! cracha-t-il en jetant les quelques grammes de drogue au pieds de Fix.

Le dealer notoire semblait se délecter de la situation. Encore une fois, il se retrouvait sous les feux de la rampe, au centre de l'attention de tout le lycée qui s'était arrêté pour suivre l'événement du jour. Il fourra ses mains dans les poches de son pantalon de toile beige et haussa les épaules.

— C'est pas à moi. J'vois même pas de quoi tu parles.

Le rictus satisfait sur ce visage prétentieux ne faisait qu'attiser la fureur de Nathan. Il jeta un œil vers la punkette, toujours paralysée dans sa petite robe bleu marine. Il lui attrapa la main et la tira hors du cercle qui s'était naturellement formé autour d'eux. Elle se laissa faire, toujours perdue dans ses réflexions et les yeux fixés sur Elvire. Derrière lui, retentirent les applaudissements lents et ironiques de François-Xavier.

— Mesdames et messieurs, ce spectacle du preux chevalier blanc sauvant la jouvencelle à la vertu discutable vous a été offert par... « Nathan, des jeux intelligents » ! Vous pouvez maintenant retourner à vos occupations.

Nathan s'apprêtait à sortir de l'arène sous les huées d'un public motivé par la star du lycée. Sa colère n'avait pas cédé une once de terrain à la raison. D'abord dirigée contre Morgane, elle trouvait en sa Némésis l'incarnation parfaite pour s'exprimer. Et pourtant, alors qu'Elké avait pris Morgane par les épaules pour lui apporter tout le soutien dont elle était capable, il réalisa que la colère qu'il ressentait depuis des mois n'était à l'encontre que d'une seule et unique personne : lui-même.

Alors il se retourna et se rapprocha de Fix. Ce dernier était bien trop occupé à recevoir les applaudissements de ses suiveurs pour s'apercevoir que les réactions de la foule avaient changé. Il n'entendit même pas Elké crier :

— Nathan ! Non !

Le « chevalier blanc » tapota sur l'épaule de son dragon personnel, et lui décocha une droite d'une surprenante puissance, au point d'envoyer son adversaire à terre. Trois mois plus tôt, il aurait dû compter sur les œuvres de Bruce Lee, Pat Morita et Jean-Claude Van Damme pour l'aider d'une façon ou d'une autre et combler sa technique très approximative. Aujourd'hui, son coup de poing portait des heures de frappe contre un sac et l'expérience de son coach de boxe. Une vive douleur explosa cependant dans sa main qui avait pris l'habitude d'un gant, suivie bientôt pas une autre au visage avec le direct qui l'envoya au sol à son tour. Le plus fidèle serviteur de François-Xavier ne s'était pas fait prier pour intervenir dans le combat. Nathan se releva aussitôt et répondit à l'agression d'un enchaînement gauche-uppercut rageur vers le blond qui sortait avec Sabrina. Entre temps, Fix avait eu le temps de se relever et l'attaqua dans le dos.

Cyrille et Louis se jetèrent dans la mêlée pour rééquilibrer les forces. Une dizaine d'autres suiveurs de François-Xavier, moins Gérald retranché dans sa couardise, provoquèrent une escalade de violence en se ruant dans l'arène. Lex et sa bande les interceptèrent en un clin d'œil. Certains profitèrent de l'occasion pour régler de vieux griefs et les coups se mirent à pleuvoir de tous les côtés.

En un éclair, la petite échauffourée vira en émeute adolescente.

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