DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TO...

By Maeva-Fictions

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« La vie c'est comme un château de cartes : il faut du temps pour la construire alors qu'un simple coup de ve... More

━ TOME 1
CASTING
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-SIX
CHAPITRE TRENTE-SEPT
CHAPITRE TRENTE-HUIT
CHAPITRE TRENTE-NEUF
CHAPITRE QUARANTE
ÉPILOGUE
━ TOME 2
CHAPITRE UN (1)
CHAPITRE UN (2)
CHAPITRE DEUX (1)
CHAPITRE DEUX (2)
CHAPITRE TROIS (1)
CHAPITRE TROIS (2)
CHAPITRE QUATRE (1)
CHAPITRE QUATRE (2)
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
CHAPITRE TRENTE-SIX
CHAPITRE TRENTE-SEPT
CHAPITRE TRENTE-HUIT
ÉPILOGUE
━ TOME 3
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE (1)
CHAPITRE SEIZE (2)
CHAPITRE DIX-SEPT (1)
CHAPITRE DIX-SEPT (2)
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT (1)
CHAPITRE VINGT-HUIT (2)
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE (1)
CHAPITRE TRENTE (2)
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX (1)
CHAPITRE TRENTE-DEUX (2)
CHAPITRE TRENTE-TROIS (1)
CHAPITRE TRENTE-TROIS (2)
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
ÉPILOGUE
NOUVELLE HISTOIRE

CHAPITRE TRENTE-CINQ

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3 5

Moment de complicité

______________________________________

Le cours plus qu'ennuyeux de Mr Douglas, notre professeur de mathématiques touche à sa fin. En regardant ma montre, je découvre avec joie qu'il nous reste moins de cinq minutes avant que la sonnerie annonçant la fin de l'heure et donc de notre interminable journée ne retentisse. C'est un véritable soulagement pour moi et Apolline car cela signifie que nous allons pouvoir rejoindre les autres à l'étang. Les températures se sont extrêmement réchauffées ces derniers temps et nous profitons de chaque occasion pour passer le plus clair de notre temps dehors sous le soleil de la fin du mois d'avril. Malheureusement pour moi et ma voisine de classe, nous avons décidé de prendre une matière de mathématiques approfondie pour le dernier trimestre et donc nous terminons beaucoup plus tard que le reste du groupe.

Pendant qu'eux sont autour de l'étang, allongés dans l'herbe verte impeccablement coupée ou assis au bord de l'eau, les pieds plongés dedans jusqu'aux mollets, nous devons travailler. J'ai beau me consoler en me disant que c'est pour mon avenir, je regrette un peu mon choix. J'aurais été tellement mieux à me reposer dans le jardin. Quand nous résolvons des problèmes, l'heure et demi de cours passe assez vite, cependant dès que le professeur nous dicte le cours, il faut s'accrocher pour suivre.

Je jette un coup d'œil autour de moi et je découvre sans surprise que le trois quart des élèves sont avachis sur leurs tables, certains ayant même leur tête posée dessus, les yeux clos. Apolline, elle, n'en est pas encore à ce point. Elle est au deuxième stade, celui de « je dessine discrètement sur mon cahier pour faire passer le temps ». Et Mr Douglas ne dit rien face au comportement de mes camarades, se contentant de réciter son cours. Il s'en fiche au fond que personne n'écoute, sa paye tombera à la fin du mois. Nous par contre si nous voulons nous diriger vers des matières scientifiques l'année prochaine et par la suite à l'université, il faut que nous travaillons. C'est pour ça que malgré l'ennui, j'essaie d'écouter. Mais c'est plus difficile que prévu. Mes yeux se ferment tous seuls et ma tête soutenue par mon poing fermé manque de tomber sur le côté.

Ce sont les deux dernières minutes qui sont les plus longues de tout le cours. Mr Douglas continue de parler, parler, parler. Et comme si ce n'était pas déjà assez barbant, il a fallu en plus que nous tombions sur le professeur avec la voix la plus assommante de tout l'établissement. Chaque son qui sort de sa bouche est comme une berceuse qui nous endort petit à petit. Abandonnant toute idée de noter son baratin incompréhensible, je fixe les aiguilles de ma montre qui avancent doucement, très doucement vers notre échappatoire.

A dix-sept heures pile, dès que le bruit familier de la sonnerie retentit, rompant le silence du lycée, tous les élèves assoupis relèvent leur tête et avant même que le professeur ait pu nous donner les devoirs, ils se lèvent et passent la porte aussi vite qu'on dirait qu'ils sont poursuivis par un monstre. Comme à mon habitude, je suis un peu plus longue, rassemblant mes affaires éparpillées sur toute ma table. Apolline m'attend les bras croisés à l'entrée de la salle de classe, signe qu'elle est impatiente. Il fait si chaud qu'elle ne doit attendre qu'une chose : aller se rafraîchir à l'étang.

— Miss Tanner, vous veillerez bien à transmettre les devoirs à vos camarades s'il vous plaît, m'indique le professeur alors que je sors de la salle.

Je marmonne un « oui » à peine perceptible et j'emboîte le pas d'Apolline qui a déjà parcouru la moitié du long corridor lumineux. Mes talons claquent sur le sol carrelé, d'un blanc immaculé en même temps que je me mets à courir pour rattraper mon amie dont les longs cheveux de jais forment une grande auréole autour d'elle. La plupart des filles encore dans les couloirs se retournent sur son passage, admiratives de sa splendide chevelure. Moi-même j'en suis un peu jalouse. Mais vu le temps qu'elle prend pour s'en occuper, je ne suis pas étonnée de leur allure soyeuse.

— Apo, attends-moi ! je supplie mon amie quand je vois que je ne parviens pas à la rattraper.

Elle a de beaucoup plus longues et fortes jambes que les miennes, il lui est donc facile de marcher très vite. A contrario, avec mon petit mètre soixante cinq, je peine à avancer, étant même obligée de courir pour ne pas me laisser distancer.

— Tu es trop longue Cassie ! Si on ne se dépêche pas, on n'aura pas le temps de profiter de l'étang !

— OK, OK, j'accélère mais attends-moi !

Apolline finit par s'arrêter à la hauteur de la porte de sortie entrouverte et patiente en soupirant que je la rejoigne. J'arrive toute essoufflée et déjà dégoulinante de sueur. Si ça continue, avant même d'atteindre l'étang, quiconque me regardera pensera que j'ai été me baigner tellement je suis trempée. Merci Apolline.

  •   •   •

— Allez, Cassie, viens tremper tes pieds avec nous ! me demande Apolline pour la énième fois depuis que nous sommes arrivées à l'étang.

Je marmonne un mince « oui, oui » qui ressemble plus à une plainte tout en levant les yeux de mon livre pour regarder mes amis qui s'amusent dans l'eau. Je suis dans un extrait clé et je déteste m'arrêter en plein milieu de l'action. Je change d'avis quand je croise le regard de Carter, lui aussi resté sur le bord avec Jérémy. Un petit sourire étire ses lèvres charnues que j'ai envie de goutter encore et encore et je le lui rends en rosissant légèrement.

Pendant les quelques semaines qui ont passé depuis notre premier rendez-vous officiel, nous respirons le bonheur, même si nous évitons au maximum de le montrer au groupe. Nous préférons rester discrets. Comme me l'a toujours répété mon père : « Vivons bien, vivons cachés ». Le soir, cependant, nous avons pris l'habitude de nous retrouver. Parfois nous restons toute la nuit dans la serre où nous mangeant des tomates, ou nous allons discuter à la cabane et quand il fait vraiment beau, il nous arrive de simplement marcher dans le jardin. C'est tellement agréable de passer du temps ensemble, rien que tous les deux. Je sais que les autres se doutent qu'il se passe quelque chose entre nous, mais ils nous laissent généralement tranquilles, ce dont je leur en suis très reconnaissante.

— Allez Cassandra ! insiste Rosalyn pour confirmer l'invitation d'Apo.

Je soupire en posant mon livre à côté de moi dans l'herbe fraîchement coupée. Tout est calme en cette fin d'après-midi. Le soleil est toujours haut dans le ciel et il réchauffe la peau nue de nos bras et de nos jambes. Je suis heureuse que les beaux jours soient revenus, nos virées dans le jardin peuvent durer plus longtemps et sont beaucoup plus récurrentes. Et au moins, nous n'avons plus à rester enfermés dans nos chambres à ruminer du noir en regardant la pluie tomber par la fenêtre. Le seul point triste avec le retour du beau temps c'est la fin de l'année qui se rapproche dangereusement. Elle a passé excessivement vite, je n'ai même pas vu le temps passer. J'aurais voulu qu'elle dure éternellement, notre routine me convenant parfaitement. L'approche des vacances signifie ne plus voir aussi souvent mes amis et retourner chez moi. Après les révélations qu'il y a eu, je n'ai pas envie d'être confrontée pendant deux mois à mes parents et au regard extérieur des gens.

Cédric aussi se met à m'appeler et sous la pression, je capitule.

— J'arrive, je finis par accepter en me levant de l'herbe plutôt confortable.

Je lisse ma jupe bleue marine du creux de la main et j'ajuste ma chemise blanche tout en me dirigeant vers Cédric, Rosalyn et Apolline qui pataugent dans l'étang, de l'eau jusqu'aux genoux. La mare est assez grande, elle doit faire environ la taille d'une piscine municipale et les filles m'ont prévenue que plus nous nous enfonçons dedans, plus elle est profonde et vaseuse, il faut donc se montrer très prudent. C'est un coin que le groupe affectionne tout particulièrement car il est assez retiré, tout comme la cabane ou le rocher. Une végétation variée l'entoure, allant de simples fleurs aux énormes chênes en passant par des petits arbustes et buissons. Encore maintenant je m'étonne toujours de la végétation abondante de Barrows. L'école est pourtant si près de San Francisco, pourtant on se croirait au fin fond de la campagne.

En me rendant vers l'étang, je passe devant Violet qui est adossée au tronc d'un arbre, à l'ombre. Pour ne rien changer, elle est toujours avec son petit carnet de dessin et ses crayons papiers. Elle a l'air assez concentrée car elle ne m'entend même pas arriver.

— Violet ? je l'appelle. Tu viens avec nous dans l'eau ?

Elle relève la tête et m'adresse un vrai et grand sourire. Je l'apprécie réellement et je crois que c'est réciproque. Je la considère un peu comme la petite sœur que je n'ai jamais eue.

— Je termine de dessiner ce que j'ai commencé pour ne pas oublier le moindre détail et après je vous rejoins, me promet-elle en repartant sur son croquis.

Par curiosité, je me penche en avant pour essayer de voir ce qu'elle dessine mais elle s'en aperçoit et cache son cahier derrière elle en riant. Elle déteste montre ses œuvres tant qu'elles ne sont pas achevées. Pourtant j'ai essayé de la convaincre maintes et maintes fois de me montrer, elle a toujours refusé. Par contre, je suis toujours la première à pouvoir regarder ses dessins achevés. Depuis que je l'ai accompagnée à son exposition, mon avis est devenu très important pour elle même si je suis loin d'avoir l'œil artistique.

Quand j'arrive au bord de l'étang, Apolline m'éclabousse légèrement pour que j'arrête de faire ma frileuse et que je rentre dans l'eau. Je m'exécute, non sans mal et bientôt mes mollets suivis par mes genoux sont recouverts du liquide transparent. Au début une vague de froid me tétanise mais très vite je m'habitue et j'en viens même à trouver l'eau chaude, bien qu'elle ne dépasse guère les dix-huit degrés.

— Alors, Cassie, tu la voyais comme ça ton année scolaire en arrivant à Barrows ? m'interroge Rosalyn quand j'arrive à leur hauteur.

Rosa resplendit dans son uniforme sous le soleil. Ses cheveux dorés paraissent encore plus clairs et lumineux avec la lumière de l'énorme boule de feu au dessus de nos têtes. Très grand, l'eau touche à peine la naissance de son genou alors que les miens sont submergés, mouillant le bout de ma jupe. J'envie son élégance naturelle et bien que j'aie moi aussi des yeux bleus, je ne peux m'empêcher de trouver les siens magnifiques avec la réverbération du soleil sur l'étang.

Je prends le temps de réfléchir à sa question avant de me précipiter dans une réponse. Je tords le problème dans tous ses sens et j'arrive chaque fois à la même conclusion : je ne voyais absolument pas comme ça mon année de Première. J'imaginais que je n'allais faire qu'une chose : travailler, travailler et encore travailler. Alors que finalement ça n'a pas été le cas. Évidemment, j'ai toujours révisé pour les tests mais je n'ai pas passé mes journées à le faire comme ça s'est passé les années précédentes. Et jamais, ô grand jamais je n'aurais imaginé faire des choses aussi amusantes et interdites avec mes nouveaux amis. Si on m'avait dit neuf mois plus tôt que j'escaladerais un grillage électrifié, que la plupart de mes soirées de week-ends se dérouleraient en ville et que je goutterais à de l'alcool, je vous aurais ri au nez. Pourtant, c'est exactement ce qu'il s'est passé.

— C'est encore mieux que tout ce que j'avais imaginé, j'avoue à Rosalyn.

— Même nos soirées ? s'étonne Apolline.

— Aussi étrange que cela peut paraître, oui, même vos soirées.

— Oh la la, ça y est, on a dévergondé Cassandra ! s'exclame Cédric avec incrédulité. Plus personne ne va te reconnaître quand tu vas retourner chez toi !

Cédric a raison. En peu de temps j'ai énormément changé. Je suis passée de la petite fille modèle, solitaire et travailleuse à une jeune femme beaucoup plus extravertie et sûre d'elle qui aime la liberté et le calme. Je suis toujours un peu renfermée, ce n'est pas en un an que je vais changer ça, mais je me sens mieux. Je suis aussi plus contestataire et je confie plus facilement mon opinion même si ça ne plaît pas aux autres. Mon impulsivité et ma curiosité sont toujours présents. Je ne suis pas parvenue à les éradiquer. Et le plus important : j'ai enfin de vrais amis sur qui je peux compter. Je ne les échangerais pour rien au monde.

Nous restons un long moment à nous amuser dans l'eau. Cédric termine complètement trempé suite à nos attaques féminines collectives et quand le soleil devient trop chaud pour être supportable, Violet, Carter et Jérémy nous rejoignent dans l'eau. Ils accueillent sa fraîcheur à bras ouverts et arrivent à notre hauteur en un rien de temps. Violet, qui est encore plus petite que moi a de l'eau jusqu'à la moitié de ses cuisses et si elle s'enfonce encore, elle risque de se mouiller jusqu'à la taille. En la regardant, souriante et épanouie, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle aussi a énormément changé cette année. La première fois que je l'ai vue, elle était très timide, un peu peureuse et elle manquait cruellement de confiance en elle. Les compliments sur ses œuvres artistiques lui ont permis de s'affirmer et d'être plus sûre d'elle. Maintenant, elle prend plus facilement la parole quand elle est avec nous, ce qu'il y a encore trois mois, elle évitait de faire par peur de se faire rejeter ou de subir des moqueries.

C'est d'ailleurs elle qui rompt le silence en première en nous posons une question d'une grande maturité :

— Les amis, si vous pouviez changer quelque chose cette année ce serait quoi ?

Nous sommes tous un peu surpris par sa prise de parole et nous méditons sa question pendant un petit moment, cherchant tous notre réponse. C'est Rosalyn qui ouvre le bal et à sa suite tout le monde enchaîne avec sa confession.

— Si je pouvais revenir un arrière, je reviendrais le jour de la première compétition et je me forcerais à manger.

Je me souviens très bien de l'incident. A cause du stress trop présent cumulé à la fatigue, Rosa avait fait un malaise sur son cheval et donc avait été contrainte de déclarer forfait. Elle n'a donc pas reçu de points et est partie avec un grand retard sur les autres. La première place lui a échappé d'une poignée de points et depuis elle s'en veut affreusement. Il lui reste toujours la compétition finale qui se déroulera dans deux semaines. J'espère pour elle qu'elle la réussira, celle-ci.

— Moi, j'aurais piraté les téléphones pour que ce foutu SMS ne soit pas envoyé à tout le monde la soirée des premières vacances. Parce que voir Cassandra dans cet état après, ça m'a fait mal au cœur, nous confie Apolline.

C'est sûrement l'un de mes pires souvenirs cette année, même le pire de ma vie. Nous n'avions pas pris nos portables avec nous et j'ai appris par le biais d'un mystérieux SMS que j'avais été adoptée. Ça a été un choc énorme et il a fallu de longs mois pour que j'intègre la nouvelle et que j'arrête d'y penser. Je n'ai toujours pas pardonné à ma famille de m'avoir caché une chose pareille et je crois que je ne le ferai jamais mais j'ai fini par m'y faire et accepter que ma vie n'est pas parfaite.

— Moi ce n'est pas cette année parce que je n'ai rien à me reprocher, enchaîne Jérémy, alors je reviendrais à l'année dernière, à la soirée d'Antho et je ne boirais pas autant.

A l'énonciation de cette fameuse nuit, Rosalyn se fige à côté de moi. J'ai appris avec les garçons que pendant une soirée, Jérémy avait beaucoup trop bu et avait fini dans une chambre à l'étage de l'appartement avec une inconnue. Et c'est sa petite amie qui l'a découvert sur le point de passer à l'acte. Je crois qu'ils se sont séparés avant de finalement se remettre ensemble. Il faut dire que l'un ne va pas sans l'autre. Et le pardon de Rosalyn est une belle preuve d'amour.

Cédric, lui, regrette de ne pas avoir tenu sa résolution : ne pas toucher à une cigarette de l'année. Il l'a enfreinte un nombre incalculable de fois, en partie pour Carter. Quant à Violet, elle aurait voulu pouvoir changer le râteau phénoménal qu'elle avait mis à Jackson la première fois qu'il lui avait demandé de sortir avec elle.

Quand vient le tour de Carter, je me prépare au pire. Sa confession d'avoir couché avec une fille à une fête ou quelque chose de ce style et pourtant il reste très soft dans ses regrets, ce qui s'avère être pire que tout.

— Je regrette de ne pas avoir voulu voir mes sentiments en face et d'avoir été un vrai connard par moment.

En disant sa phrase, il n'a pas cessé de me fixer ce qui me gêne affreusement. Je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué parce que Apolline et Cédric échangent un regard en souriant. Afin de focaliser l'attention sur autre chose que les paroles de Carter qui me font très plaisir mais qui me mettent mal à l'aise, je décide de conclure cette question par ma réponse.

— Si je pouvais changer quelque chose à cette année, je ne changerais rien parce que tout ce qu'on a vécu, les bons comme les mauvais moments ont fait que nous sommes là où nous sommes. Sans eux, peut-être qu'on ne serait pas amis ou peut-être qu'on n'aurait pas passé une année aussi fantastique. Les caractères pas toujours faciles à contrôler de Carter et Jérémy, le SMS qui m'a appris mon adoption, les soirées au cours des quelles j'ai fini bourrée et même la fois où le surveillant nous a découverts, tout ça n'a pas été qu'une partie de plaisir mais sans ça peut-être que tout n'aurait pas été pareil. Alors même si j'en avais la possibilité, je ne changerais rien non pas parce que je n'ai pas de regrets ni de remords – tout le monde en a – mais parce que se sont eux qui font qui nous sommes aujourd'hui.

« Et si tout ça n'était pas arrivé, peut-être que Carter et moi nous n'aurions jamais été ensemble », j'ajoute dans ma tête.

Tout le monde a l'air d'accord avec mon monologue un peu philosophique. Ils acquiescent docilement et s'en suit un long temps pendant lequel nous nous remémorons nos meilleurs souvenirs. En repensant à cette année formidable, les larmes me viennent aux yeux. Et dire que tout va prendre fin d'ici peu. Surtout que d'ici mi-juin, nous n'allons pas pouvoir voir les garçons car ils passent leurs examens qui sont primordiaux pour leur passage à l'université. Alors, nous profitons de nos derniers instants ensemble.

Discrètement, Cédric s'approche de moi pour me glisser quelques mots à l'oreille pendant que nous rions au souvenir d'une soirée à la fin de laquelle Apolline a fini complètement soûle. Elle ne s'en souvient pas mais sur le chemin du retour elle nous a dit plein de choses très drôles.

— Carter n'a jamais été aussi heureux, me confie le grand blond à voix basse pour que personne ne nous entende.

Il le désigne d'un signe de tête en train de rire à gorge déployée avec Jérémy et Rosalyn pendant qu'Apolline fait la moue. Il est tellement beau et il semble plus ouvert qu'avant.

— Il a besoin de toi.

— Autant que j'ai besoin de lui, confessé-je à mon tour.

— Ça va être dur l'année prochaine quand on sera séparés. Mais vous allez vous amuser entre filles, tu verras.

— Vous allez tous me manquer. Même Jérémy. Ce sera tellement différent sans vous !

— On se retrouvera à l'université !

Je n'ai pas le temps de lui répondre, de lui avouer que contrairement à eux j'allais sûrement aller à UCLA, l'université de Los Angeles alors qu'eux seront dispatchés dans celles aux environs de San Francisco, que je suis éclaboussée par de l'eau. Cédric se venge en en lançant à son tour vers les autres et une bataille générale se déclare. Nous rions tous aux éclats.

A ce moment-là, notre joie a atteint son paroxysme. Rien ne peut gâcher ce moment parfait. Même si je suis habituée à ce que tout parte en poussière tôt ou tard, je n'imaginais pas qu'en quelques secondes tout pouvait voler en éclat et que de la gaieté je pouvais passer à la tristesse et la souffrance. Mais après tout, la vie c'est comme un château de cartes : il faut du temps pour la construire alors qu'un simple coup de vent peut la détruire. Et je suis sur le point d'essuyer une tornade dévastatrice, mais ça je n'en suis pas encore consciente.

______________________________________

M O TD EL ' A U T E U R


Chapitre assez court et plat, je m'en excuse, le prochain sera beaucoup plus intéressant avec du CASTER. Petit moment philosophique de Cassie dans ce chapitre et on voit que depuis les premiers chapitres, elle a beaucoup évolué. On a entrevu un des moments heureux du groupe mais le dernier paragraphe laisse planer une ombre future à l'horizon... Bref.

↠ Qu'as-tu pensé du chapitre ? Dis moi touuut comme d'hab.

↠ Que penses-tu une nouvelle fois de la complicité du groupe ? De leur changement ?

↠ A votre avis, happy ou sad ending à la fin du tome 1 ?

Rendez-vous mardi ou mercredi pour la suite. 🖤

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