55 - Les Archives Impériales (1/2)

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Dang'An se dressait devant eux, titanesque forteresse à flanc de montagne, indestructible et impossible à assiéger. Le seul accès à la cité, un défilé étroit au bord d'un ravin profond, était trop dangereux pour permettre un assaut d'une envergure suffisante pour s'emparer de la citadelle. Les ancêtres d'Akio et Keishi avaient été très ingénieux en choisissant d'établir cette forteresse à cet endroit précis.

Chan leur fit signe de s'arrêter avant de s'engager dans le défilé, et ils prirent tous quelques minutes pour souffler.

— À présent, il vaudrait mieux que vous me laissiez parler, suggéra-t-il. Nous ne pouvons nous permettre d'exposer la vérité à mes confrères. Nous sommes des gardiens de la foi et de la vérité divine. Nous sommes loyaux envers la famille impériale. Nous risquerions de causer une guerre civile en choisissant ouvertement de soutenir une partie ou l'autre de la famille impériale. Je veux vous aider, mais je ne suis pas un traître. J'ai foi en mon empereur, même s'il s'est égaré. Les dieux le ramèneront sur le droit chemin.

Yu se contenta d'opiner ; elle comprenait. Elle avait à nouveau enfilé son masque sous son chapeau à bord long, et Akio en avait passé un similaire.

— Nous avons confiance en votre jugement, lâcha le prince, légèrement mal à l'aise. Nous nous en remettons à vous.

S'il y avait bien un trait commun entre son frère et lui, une chose que ni l'un ni l'autre ne supportaient, c'était de ne pas avoir de contrôle sur la situation. Mais avaient-ils le choix ? Les moines de Dang'An étaient fidèles à la famille impériale et Akio et Yu en faisaient partie. Cependant, vers qui se tourneraient-ils en sachant que Keishi faisait rechercher sa femme et peut-être bien son frère, pour les mettre à mort tous les deux pour haute trahison ?

Les différents membres du groupe échangèrent des regards résignés. Ils n'avaient pas le choix. Dang'An était actuellement leur seul point de chute. Les parchemins leur révèleraient peut-être des indices sur une piste à suivre afin de trouver d'autres individus aux yeux verts. S'ils échouaient de ce côté-là, ils n'avaient plus nulle part où aller. À quoi bon repousser ce moment ?

Assuré que son groupe était prêt, Chan s'engagea dans le défilé, permettant aux gardes en faction de le juger bien avant qu'il n'arrive aux portes de la cité. Les autres le suivirent d'après les directives qu'il leur avait données : démarche calme, tête baissée mais pas trop afin qu'on ne se doute pas qu'ils cherchaient à dissimuler leur visage, en silence. Si bien que lorsqu'ils se présentèrent devant les imposantes portes de la forteresse, ils étaient attendus.

Chan les salua d'un signe de la main, un sourire avenant ornant son visage amical.

— Bien heureuse journée à vous, mes frères. Je suis bhikkhu Chan, du monastère de ZhiLan. C'est bhikkhu Tôgo qui m'envoie. Bhikkhu Dào voulait partager des documents avec lui. Je suis venu chercher ces parchemins, en échange de quoi je vous en apporte également. Ils sont issus de notre propre bibliothèque.

— Bien heureuse journée à vous, bhikkhu Chan, le salua un garde avec sérieux. En effet, bhikkhu Dào a mentionné la venue d'un confrère du Sud-Ouest. Nous ne vous attendions plus.

— Toutes mes excuses. Bhikkhu Tôgo n'est plus en âge de faire ces longs voyages. Il lui a fallu un peu de temps avant de me confier qu'il était attendu et ne pouvait honorer cette visite.

Un autre garde désigna les cinq autres qui le suivaient, demeurés silencieux et discrets.

— Bhikkhu Chan, qui sont donc vos compagnons de voyage ?

L'intéressé se tourna brièvement vers eux, échangea un furtif regard avec Akio, avant d'ouvrir la bouche pour répondre. Cependant, Kang intervint à sa place, malgré les recommandations du moine :

Drakkon - I - Le masque du dragonOnde histórias criam vida. Descubra agora