7 - Le palanquin (1/2)

208 32 16
                                    

Yu était mal à l'aise. Elle venait tout juste de quitter le monastère et de monter sur la croupe du destrier qu'elle comprit vite l'inconfort de sa position. Elle n'était jamais montée à cheval, préférant le simple plaisir de leur compagnie. En outre, les moines non plus ne montaient pas. Mais plus que tout, ce qui la mettait mal à l'aise – outre ses bras serrés autour de la poitrine puissante du prince – c'était de rejoindre une armée, composée uniquement d'hommes, forte de plusieurs centaines de soldats. Jamais elle n'avait été au contact de tant de personnes à la fois et elle redoutait l'attention qu'elle pourrait attirer sur elle.

Sans y prendre garde, elle resserra son étreinte autour de la taille du prince, se sentant en sécurité avec lui sans pouvoir l'expliquer.

— Prince Akio, murmura-t-elle tandis qu'ils descendaient le sentier qui menait au village.

Son armée devait l'attendre en bas.

— Qu'y a-t-il ? s'enquit aussitôt le prince en posant une main rassurante et gantée sur celles de la jeune femme serrées sur le plastron de son armure.

— Je n'ai rien à emporter avec moi sinon l'erhu dont on m'a fait cadeau. Je n'ai pas de vêtements de voyage, ni... Je n'ai jamais voyagé ni côtoyé tant de monde... Mon visage...

Constatant qu'elle s'embrouillait, elle inspira profondément.

— J'aurais souhaité me cacher... de vos hommes, expliqua-t-elle enfin clairement.

— Je comprends tout à fait votre situation, Dame HuaYu. Ne vous en faites pas. L'un de mes hommes est parti en avant pour vous trouver un palanquin. Lorsque nous aborderons la capitale, nous nous arrêterons chez un noble de la ville pour vous trouver des vêtements avant de nous rendre au palais. Vous n'aurez pas à supporter le regard de la foule et vous entrerez au palais aussi dignement que toutes les autres dames de la Cour.

Cette précieuse attention émue vivement Yu, qui sentit un élan de gratitude supplémentaire à son égard.

— Je vous remercie infiniment, Votre Altesse.

Il sourit, fier de lui et des bras de la jeune femme qui lui serraient la taille. Tant qu'elle se sentait en confiance en sa présence, tout était pour le mieux.

— C'est tout naturel. Je comprends mieux que quiconque votre situation délicate et il est dans l'usage qu'une aussi belle dame que vous voyage dans de meilleures conditions. En attendant... vous n'avez qu'à vous cacher sous ma cape. De plus, elle vous tiendra chaud.

— Soyez-en remercié, votre Altesse.

Le prince fit arrêter sa monture et se tourna comme il put vers elle, frustré une fois de plus de ne pouvoir croiser son regard de jade ni les traits harmonieux de son visage de poupée.

— Avez-vous besoin d'aide pour vous cacher dessous ?

Yu se mordit la lèvre pour contenir un rire. Il était si prévenant ! Jamais elle ne s'était sentie si bien que depuis qu'elle se tenait là derrière lui, sur le dos d'un destrier, seuls au milieu de nulle part.

— Si vous et votre cheval cessiez de gesticuler, peut-être parviendrais-je à garder mon équilibre, admit-elle.

Percevant le sourire dans sa voix, Akio sourit à son tour et se repositionna correctement sur son destrier, se tenant aussi immobile que possible. Curieusement, l'animal était également d'une immobilité peu coutumière. Yu parvint donc, sans trop de difficulté, à se glisser sous la longue et épaisse cape rouge du prince, se pressant doucement contre son dos. Elle se sentait en confiance, à l'abri et en sécurité, comme si cette cape et le dos du prince étaient à présent les murs de son foyer. Peu importait à quel point sa position était inconfortable, elle pourrait rester là une éternité.

Drakkon - I - Le masque du dragonWhere stories live. Discover now