Je kiffe mon stage

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Je kiffe mon stage, mais ne vais pas mentir sur un point : la perspective de ce dernier stage m'a laissé des sueurs froides. Pourquoi ? Pour une raison simple, et pourtant imprévisible.

J'ai commencé cette formation avec le projet extrêmement clair de travailler en chambre mortuaire. Dès mon oral d'admission, pour intégrer l'école, je l'ai dit. Mais j'avais une peur terrible, c'était celle de... retourner ma veste ? J'étais consciente de cette possibilité, mais j'angoissais énormément à l'idée de faire un stage, de découvrir un service et de me dire : "j'adore ce service, je veux travailler là ! ". Une formation de maîtresse de cérémonie, deux fois la FAE, l'effort de rentrer en IFPM, pour changer de projet professionnel au dernier moment ? Ou aller enfin en stage en chambre mortuaire, pour finalement me rendre compte que le service me convient moins qu'avant ? Oui, ces probabilités existaient.

J'ai touché du doigt ces probabilités, lors de mon dernier stage en réanimation. La patiente en coma végétatif. Elle m'a fait envisager, pendant un temps, un intérêt pour les soins palliatifs. Mais la patiente est ensuite décédée et a quitté le service, emportant avec elle cette fugitive éventualité.

Si mon enthousiasme à venir au terrain de stage, le premier jour, est une indication, je pense que mon désir de travailler en chambre mortuaire est resté intact.

Le souvenir que j'avais gardé du service de l'hôpital datait d'il y a plus de quatre ans, autant dire qu'il était un peu flou. Je me souvenais de la chambre réfrigérée, de l'ascenseur dont la porte avait du mal à se fermer, des murs habillés de fausses briques rouges. Mais, sans mentir, il m'a fallu me réadapter à la configuration du service.
Le service est facile à comprendre, mémoriser "où est quoi" est rapide. Là où ça a été un peu plus long, ça a été de différencier les trois sonnettes : il y en a une pour l'entrée public, une pour l'entrée véhicules/corbillards, et une pour l'entrée personnel/services. Il est bon de les connaître, afin de ne pas se précipiter à l'entrée public quand c'est l'entrée personnel qui sonne.
L'équipe est composée d'une infirmière responsable et de cinq aides-soignant(e)s. Parmi eux, et c'est un hasard, se trouve le tuteur qui m'avait suivie il y a quatre ans, lors de ma première FAE. Plus extraordinaire est le fait qu'il se souvenait de moi.

Tout d'abord, c'est quoi une chambre mortuaire ?

Question légitime, ce n'est pas un service dont les gens ont forcément connaissance. Quand on va à l'hôpital, en général, c'est pour espérer en sortir vivant. Or, malheureusement, tous n'ont pas cette chance.
La chambre mortuaire est un service de l'hôpital, au même titre que n'importe quel service médical/chirurgical. Seuls les établissements enregistrant un seuil minimal de 200 décès/an peuvent en ouvrir une. Selon les hôpitaux, le personnel varie entre un soignant et des équipes de plus de cinq/six soignants. Ici, ils sont six au total.
Quand un patient décède à l'hôpital, son corps est transféré à la chambre mortuaire ou, s'il n'y en a pas, à celle d'un autre hôpital du groupe hospitalier. Le patient transite TOUJOURS par une chambre mortuaire, il ne sort pas par un autre canal. N'espérez pas voir un jour les pompes funèbres débarquer au service de chirurgie avec le cercueil, ce n'est pas comme ça que ça marche.
Le patient y est donc pris en charge, enregistré dans le registre, et placé en chambre réfrigérée. Là, deux cas sont possibles :
— 1er cas : le patient est préparé/habillé/mis en bière par la chambre mortuaire. Il revient en revanche à la famille d'apporter des vêtements pour l'habillage.L'opérateur funéraire envoie le cercueil et les informations nécessaires, comme la date et l'heure des obsèques. La chambre mortuaire fait ensuite le nécessaire pour que tout soit prêt au jour J. Les pompes funèbres s'occupent alors de la fermeture du cercueil, de la levée de corps, du transfert au cimetière/crématorium et du reste des obsèques.
IMPORTANT : la prise en charge par la chambre mortuaire (séjour/préparation/habillage/mise en bière/présentation) est effectuée à titre gratuit et n'est pas réalisée par les pompes funèbres. Je le signale, car ils se sont vus des gens pour se faire facturer ces soins par des opérateurs funéraires indélicats... Epluchez bien votre devis, parce que c'est du vol pur et simple.
— 2ème cas : le patient est intégralement pris en charge par les pompes funèbres. C'est ce qu'on appelle un "départ sans mise en bière", et il doit être effectuée dans les 48h suivant le décès. Le patient est toujours transféré à la chambre mortuaire, mais aucun soin n'est fait. Les pompes funèbres viennent chercher le corps pour le transférer au funérarium (ou à domicile) et procéder aux soins nécessaires. Mais ce sont des démarches à vos frais.

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Where stories live. Discover now