Un nouveau départ ?

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Quand j'ai su où j'allais aller en stage, il m'a semblé très vite comprendre pourquoi. Etant donné mes résultats et les commentaires faits lors de ma MSP, ma destination ne m'est pas vraiment apparue comme une surprise. Ce qui m'a vraiment surprise, en revanche, n'est pas forcément ce à quoi je m'attendais.

Pour mon troisième stage de formation, j'étais donc envoyée dans un service un peu particulier. Et en quoi était-il particulier ? Parce que c'est le dernier, je dis bien le dernier, à exister dans toute l'Île-de-France. Vous aurez beau écumer la région de long en large, vous n'en trouverez pas un deuxième.
Le sanatorium de Bligny.
Un sanatorium, c'est quoi ? Pour les amateurs de surnaturel, le célèbre sanatorium de Waverly Hills vient immédiatement en tête. Mais ici, point de batiment abandonné et de fantômes, juste un service encore très actif de 62 lits, destiné à soigner les malades de la tuberculose.

Eh oui, parce que cette saleté de bacille de Koch existe encore, figurez-vous. La faute à un défaut de vaccination, principalement. VACCINEZ VOS ENFANTS !!!

Bon, je vais rendre à César et tout ça, en vous avouant que 99,99% des patients du service sont soit des migrants, soit des SDF. C'est ma cadre formatrice qui m'a appris ça, il existe des réseaux de migrants pour ceux qui veulent se faire soigner en France. Comme, chez eux, les traitements coûtent des fortunes et ne sont pas pris en charge, ils entrent clandestinement dans le pays, se présentent aux urgences, au Samu ou ailleurs, et se font soigner aux frais de la princesse avec l'Aide Médicale d'État. Et comme ça prend des mois de traiter une tuberculose, ils en profitent pour apprendre le français et faire jouer l'assistante sociale pour leurs titre de séjour. Tout bénef.
Je me garderais bien de juger ces gens. Le système marche, pourquoi ils s'en priveraient ? Et nous ferions certainement pareil, à leur place.

Donc, pour y revenir, je vais travailler en sanatorium. Dans un patelin où, croyez-moi, le véhicule est plus que recommandé. J'avoue être consternée par la pauvreté des transports en commun pour y aller. Il y a un patient dont la famille met deux heures à venir. J'ai une camarade de promo, le soir, qui met presque quatre heures à rentrer chez elle. Et je ne vous parle même pas des week-end. Et je ne vous parle même pas des jours de grève.

Parce que comme un fait exprès, le premier jour de stage a coïncidé avec un jour de grève, et de mauvais temps. Normalement, j'aurais dû aller en scooter, mais avec des rafales de vent prévues à 85 km/h, disons que je ne tiens pas vraiment à finir dans le fossé. J'ai dû prendre le bus. Tout compte fait, j'aurais plutôt dû me casser une jambe.

J'avais rendez-vous le matin à 9h. J'avais deux bus à prendre. Le premier bus, très bien. À la correspondance, par contre...
J'arrive à la correspondance à 8h15 environs. Le bus était prévu pour 8h33. À 8h33, pas de bus. Le prochain prévu à 9h, pas de bus. À 9h15, je me suis dit, il y a un problème.
J'ai commandé un taxi. Vous allez me dire que je suis folle, mais je ne voyais pas ce que je pouvais faire d'autre, à part revenir en arrière et perdre encore plus de temps. J'ai appelé une compagnie, j'ai eu mon taxi dans les cinq minutes, et dix minutes plus tard, j'étais arrivée.
Heureusement, j'avais prévenu à l'avance de mon retard, je suis tombée sur une infirmière absolument charmante qui a très bien pris la chose.
Il n'empêche que j'étais censée être là pour 9h, je suis arrivée à presque 10h.

J'ai eu une chance du tonnerre. Non pas que la cadre n'était pas encore arrivée et que je pouvais faire mine que j'attendais depuis deux plombes, non. J'ai eu de la chance, car je suis tombée sur une super équipe.

Car la grande surprise, elle est là : je suis tombée sur un super terrain de stage. On peut ne pas du tout être intéressée par la tuberculose, et j'avoue que c'est mon cas, mais je ne peux pas nier que le stage reste extrêmement intéressant malgré tout. L'équipe est très sympatique, l'on y est bien accueillie.
Il y a juste eu un couac, ne me demandez pas comment c'est arrivé, mais la cadre m'a reçue le premier jour avec l'idée que j'étais... stagiaire infirmière de deuxième année ! C'est quand j'ai mentionné ma MSP qu'elle s'est posé la question et que le malentendu a été levé. C'est dommage, car les dépliants qu'elle m'avait donnés étaient quand même très bien faits. Il y avait un petit cours sur la tuberculose, le bacille de Koch, les symptômes, les différentes affections (pulmonaire, ganglionnaire, méningée, osseuse/mal de Pott...), les traitements avec un tableau à trous à faire remplir par l'élève, mais surtout, le plus fort, un petit quizz à remplir à la fin du stage, pour faire le bilan de ce qu'on a appris.
Moi, je vous le dis, un terrain de stage qui vous accueille comme ça, je dis oui, peu importe ce que c'est.

C'est sûr, pour une aide-soignante, ce n'est pas le plus captivant. 99% des patients sont autonomes, vous pouvez oublier les aides à la toilette et aux repas. Il est plus question ici de prise en charge relationnelle. Le plus gros du travail consiste à la distribution des repas et à la réfection des lits. Également à se faire comprendre, car la plupart des patients étant d'origine étrangère, il y a dans le service une forte barrière de la langue. D'où l'intérêt de "l'école", qui donne aux patients des cours de français, mais aussi de la plateforme téléphonique pour les traductions. Le service a un numéro à appeler et un code à fournir, et ils demandent l'interprète pour la langue de leur choix. Je n'ai pas eu à me servir de ce service, peut-être plus tard, mais il n'y a pas à dire, ces gens sont équipés.

Pour une première semaine, j'avoue en tirer du positif. J'ai essayé de tirer les leçons de mes erreurs de stage passées et rectifier la trajectoire. J'ai prévenu, dès le départ, la cadre de mes défauts en hygiène et sur ma position de stagiaire, l'invitant à me corriger si elle voyait que je "faisais ma pro". Sur ce point, elle a ri et m'a assuré que l'équipe ne manquerait pas de me le faire savoir. Je pose des questions sur l'équipe, son fonctionnement, qui coopère, pourquoi et comment. J'ai eu l'occasion d'assister à un groupe de parole sur l'alcoolisme, je demanderai peut-être à assister à une animation, et à un cours de français. Lors de mon précédent stage, j'avais péché par négligence, ne prenant pas la peine de sortir des limites de l'équipe primaire. Aujourd'hui, on va essayer de se prendre par la main et de faire un effort.

Qui sait ? Je vais peut-être arriver à réussir un stage de bout en bout.

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Kde žijí příběhy. Začni objevovat