1ère semaine !

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J'ai fini ma première semaine de cours ! Et j'ai survécu ! HOURRA !

La promotion (c'est comme ça qu'on appelle la « classe ») est vraiment sympa. Nous sommes de tous les horizons, c'est très varié. On a des jeunes et des moins jeunes ; des ados et des mamans ; des qui n'ont pas le Bac et des Bac+truc ; des qui sont déjà dans le paramédical et des reconversions professionnelles. Les formatrices adorent notre variété. « Vous tous réunis, vous en savez plus que moi », s'est plu à dire l'une d'entre elles. Les autres élèves sont très sympa, les filles ont très vite créé un groupe WhatsApp, pour s'échanger les infos. J'ai dû télécharger WhatsApp. Je suis sur WhatsApp. Moi. Alors que je n'ai même pas un Facebook. Mais j'avoue que c'est agréable de pouvoir garder le contact.

Cette première semaine de formation n'a pas été si difficile. Mais je suppose que pour la rentrée, ils n'allaient pas non plus nous balancer la purée dès le départ. On a eu beaucoup de cours magistraux... « conceptuels », on va dire. Le concept de l'Homme et de la maladie, les valeurs professionnelles, le secret professionnel, le travail de groupe... On a néanmoins eu quelques cours un peu plus pointus, comme le vocabulaire médical et l'anatomie/ergonomie, le genre de trucs qui me donne des sueurs froides pour les évaluations.

Oui, parce qu'il faut savoir que cette vacherie de formation, c'est pas un gros contrôle à la fin, et puis c'est tout. C'est basé sur le concept du contrôle continu. En quelque sorte. En fait, il y a 8 modules théoriques et 6 stages pratiques :

Module 1 : Accompagnement de la personne dans les gestes de la vie quotidienne
Module 2 : État clinique de la personne
Module 3 : Soins cliniques
Module 4 : Ergonomie
Module 5 : Relation et communication
Module 6 : Hygiène des locaux hospitaliers
Module 7 : Transmission des informations
Module 8 : Organisation du travail

(Pour l'anecdote, j'ai appris les modules par cœur en acronyme : A-E-S-E-R-H-T-O)

Stage 1 : service de court séjour en médecine
Stage 2 : service de court séjour en chirurgie
Stage 3 : service de moyen ou long séjour (personnes âgées ou handicapées)
Stage 4 : service de santé mentale ou psychiatrie
Stage 5 : structure extra-hospitalière
Stage 6 : structure optionnelle (en fonction du projet professionnel de l'élève)

IMPORTANT : un des stages est obligatoirement effectué auprès de personnes âgées.

Ce qui se passe, c'est qu'à la fin de chaque module et de chaque stage, l'élève est évalué. Il faut au minimum la moyenne pour prétendre valider son module/stage. Et le diplôme n'est délivré que si l'on a TOUT validé. Un module de pas validé ? Il faudra revenir l'année suivante pour le refaire. C'est ce qui est arrivé à un élève de notre promo. Du coup, il est notre tuyau N°1 pour savoir ce qui nous attend en formation, puisqu'il la déjà faite.

Et à ces 14 évaluations, s'ajoute deux exercices redoutables en stage 1 et 3 : la Mise en Situation Professionnelle. Quèsaco ? Ni plus ni moins qu'un exercice en condition réelle. Vrai patient, vrai soin, supervisé par le/la cadre de formation et un(e) aide-soignant(e). Ce n'est plus le mannequin de l'IFPM, on n'a plus droit à l'erreur. Ça peut être n'importe quoi : une toilette, aide au repas, réfection de lit...

Mais bon, que je me rassure, parce que je ne sais pas ce qu'il en est dans les autres IFPM, on ne nous lâchera pas dans la nature, avec nos évaluations. On aura des évaluations « blanche », pour nous entrainer. C'est déjà ça.

Les cours ne se sont pas montrés si difficiles à suivre, pour cette première semaine, mais je dois admettre que c'est au travers des anecdotes vécues, racontées par les formatrices, qui m'en apprennent le plus sur la réalité du métier, ce à quoi on doit s'attendre, ou à quoi on a échappé, c'est selon. Car la profession n'a pas toujours été aussi encadrée, et souffre encore de nombreux manquements.

Une anecdote que je ne suis pas prête d'oublier, racontait comment la compagne d'une vedette de télé-réalité avait été admise dans le service où la formatrice travaillait alors comme cadre de santé, pour une pathologie grave. Rien d'anormal à cela. Sauf que la nouvelle a fait le tour de l'établissement en moins de deux.

Que je vous explique un truc sur le secret professionnel : la situation d'un patient, sa présence dans un service, son état de santé, les soins qu'il reçoit et tout ce qui le concerne, ne doivent être connus que du seul personnel médical/soignant qui s'en occupe. Le reste de l'établissement n'a pas à le savoir, ça ne le regarde pas, pas plus que sa famille, ses amis, collègues et autres. Si le patient veut crier sur tous les toits ce qui lui arrive, c'est son droit. Mais pour l'équipe soignante, c'est motus, même avec la meilleure amie collègue du service radiologie. Je n'ai rien inventé, c'est écrit dans la célèbre loi « Kouchner » du 4 mars 2002. Un soignant n'est donc pas seulement lié au secret professionnel moralement, il y est aussi lié pénalement. Sa violation engendre des sanctions aussi bien pénales, que civiles et disciplinaires. Ça peut aller jusqu'à la destitution du diplôme et la radiation de la fonction publique. Ça fait payer cher le tweet, le post sur Facebook ou le papotage devant la machine à café...

Or, voilà, il s'avère qu'une personne, qui n'a malheureusement pas été identifiée, a été raconter que la compagne d'Untel se trouvait dans tel service.

Tout bien considéré, ce n'est pas le secret professionnel passé à la trappe, qui m'a le plus choquée. Ce qui m'a choquée, c'est l'indécence des soignants des autres services qui, la nuit venue, quand la cadre de santé était partie, venaient par grappes entières dans le service pour « voir à quoi elle ressemblait ». Véridique.

Ou cette anecdote, entendue au détour d'un couloir, racontant avoir vue une infirmière dire, sans la moindre once de second degré, à une femme frappée par une fausse couche : « c'est pas grave, vous en ferez un autre ! »

Ou ces deux soignantes, n'ayant pu se voir au moment de la transmission des informations, qui se sont communiqué les démarches de soin de leurs patients, avec noms et tout, sur Facebook... A se demander pourquoi certain(e)s font ce métier.

On nous dit qu'il faut prendre en compte l'état d'esprit du soignant. Peut-être son attitude est-elle motivée par une possible fatigue/lassitude/maladresse/peu importe. Mais non. Moi, voir des comportements aussi aberrants, ça me met dans des rages folles.

La seule anecdote que j'aie trouvée mignonne, c'est cette stagiaire en psychiatrie. Elle devait rédiger les démarches de soins des patients dont elle s'occupait, et est donc allée demander au médecin si elle pouvait prendre les dossiers. Elle les a emmenés chez elle. Les dossiers médicaux des patients. Qui, sous aucun prétexte que ce soit, ne doivent sortir d'un établissement de santé. Elle les a emportés dans son sac, dans le bus, avec noms, états de santé, traitements, toutes les infos. Le plus mignon ? C'est le lendemain, quand elle a revu le médecin : « tenez, je vous rends les dossiers ». N'importe quelle autre soignante aurait immédiatement pris la porte. Mais sa bonne foi était telle, son acte tellement dépourvu de malveillance, elle n'a écopé que d'une mention sur son manquement au secret professionnel dans son évaluation. C'était juste un gros malentendu. Mais gageons que cette demoiselle n'est pas prête de refaire la même erreur.

Une, en revanche, qui ne nous est pas du tout apparue mignonne, c'est la coordinatrice de stages. Non, on n'est plus dans les anecdotes, là, on est dans le personnel de l'IFPM. Nous avons rencontré la coordinatrice de stages, dans le cadre... de nos stages, justement.

Le profil ? Ancienne infirmière d'hôpital militaire, aussi carrée que deux triangles rectangles réunis. Un BEP Sanitaire et Social fait par hasard, parce que trop jeune pour l'hôtellerie. Et a fait ci, et a fait ça, et a organisé machin, et a participé à truc, la litanie de sa présentation n'était que la liste ininterrompue de ses accomplissements. On avait presque envie de lui proposer de la bande Velpeau pour ses chevilles.

La seule chose intéressante, dans tout ce qu'elle a dit, ce sont nos affectations pour nos premiers stages, en février. Eh oui, on les a déjà. Et vous savez quoi ? Je pars en chirurgie cardiaque ! J'ai une amie handicapée cardiaque dont je comprendrai un peu mieux les récits médicaux, après ça...

Ensuite, lundi, on va, comme ont dit les formatrices, « entrer dans le vif du sujet ». Je me demande bien ce que ça veut dire...

Ce qui va surtout être hilarant, ce sera la répartition pour les vacances d'été. La promotion doit être divisée en deux. En juillet, une première moitié partira en vacances pendant que la seconde sera en stage, et inversement pour le mois d'août. Pour l'instant, on est trois à vouloir partir en juillet...

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora