Un tiers de happy ending

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Oui, un tiers de happy ending. C'est moi qui vient d'inventer le concept.

Donc, voilà. On est dimanche 15, j'ai fini mon stage vendredi 13, et c'est l'heure du bilan.

Tout d'abord, la bonne nouvelle : j'ai validé mon stage. Avec une note de 12,5/20, c'est bon, je suis passée. C'était juste, le stage n'a pas été simple, mais j'ai validé. Voilà donc le tiers de mon happy ending.

En revanche, j'ai raté ma Mise en Situation Professionnelle. 9,25/20 de note finale, ça ne passe pas. C'est plutôt rageant de voir que ça s'est joué à 0,75 minuscule point, qui m'aurait donné mon deuxième tiers de happy ending.

Mais tout n'est pas perdu, et là est ma change avec le troisième tiers à venir : l'évaluation écrite à la rentrée du mois de mai.
Que je vous explique. L'évaluation est en deux temps : d'abord la MSP, puis l'écrit.
La MSP donne une note sur 20. L'écrit donne une seconde note sur 20. Le total des deux donne une note sur 40, que l'on divise pour avoir une moyenne sur 20. Si cette moyenne est supérieure à 10, c'est validé sur tous les fronts.
Une seule condition : aucune des deux notes ne doit être inférieure à 8/20. Si vous avez, par exemple, 7,5/20 à la MSP, vous aurez beau avoir 12,5/20 à l'écrit, ça ne passe pas.
J'ai 9,25/20 à ma MSP. Tout ce qu'il me faut, c'est un minimum de 10,75/20 à l'écrit. Et au vu de mes résultats aux évaluations formatives, j'ai toutes mes chances d'y arriver. Je n'en sais rien, je tomberai peut-être sur des questions pas faciles, mais on nous a assuré que les questions allaient être du même niveau que celles de l'examen blanc. Celles de l'examen blanc, d'ailleurs, étaient celles de l'examen de l'an dernier. L'institut, en fait, recycle les sujets d'évaluations pour les examens blancs de l'année suivante, ce que je trouve être une très bonne idée.

En tout cas, je suis sûre d'une seule chose : je suis bien contente que ce stage soit fini.

Je vous jure, je n'aime pas les Ehpad. Il y a des gens qui adorent y travailler, et je n'essaierai pas de leur faire changer d'avis, mais ce n'est vraiment pas un milieu pour moi. Trop de temps morts, je m'ennuie, on tourne en rond. On y rencontre des résidents absolument charmants, mais on y rencontre aussi des pas faciles, et ce sont ceux-là qui me posent le plus problème.

Je conçois qu'il faut se mettre à leur place. C'est difficile pour nous de les prendre en charge, mais eux non plus n'ont pas demandé à être comme ils sont et à avoir les pathologies qu'ils ont. Mais bon, entre ceux qui vous insultent parce qu'ils sont malheureux et qu'ils cherchent à se sentir mieux vis-à-vis d'eux-mêmes, entre ceux qui ne veulent plus faire le moindre effort parce qu'ils se disent que vous êtes là pour le faire à leur place, entre ceux qui vous appellent toutes les heures pour gémir qu'ils ont mal au petit doigt et qu'ils veulent des médicaments et qu'ils souffrent de partout et qu'ils sont malheureux et qu'ils préfèrent mourir, entre ceux qui vous inventent de nouveaux protocoles comme quoi il faut les remettre au lit après le petit-déjeuner et après le déjeuner alors que vous savez pertinemment qu'ils doivent le plus longtemps possible rester hors du lit, entre ceux avec qui il faut négocier et stimuler et argumenter et convaincre parce que ça ne va pas comme ils le veulent et qu'ils font la sourde oreille, je n'ai pas la patience.
Je n'ai tout simplement pas la patience.
J'ai rencontré des résidents très bien, des gens charmants, mais malheureusement, ça n'a pas contrebalancé les résidents très chiants chez qui je suis allée en traînant les pieds.
Il y en a des comme ça partout, vous me direz, et vous avez tout-à-fait raison. Dieu sait que les Ehpad et les maisons de retraite n'ont pas le monopole. Mais ce qui me rassure, en hôpital, c'est que ce sont des séjours beaucoup moins longs. Le patient chiant, je sais qu'il finira par quitter le service, alors qu'en Ehpad, ça fait Dieu sait combien d'années qu'ils sont là.

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Where stories live. Discover now