C'est dur, la reprise

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Mais ce n'est pas comme si je vous apprenais quelque chose de nouveau, n'est-ce pas ?

Eh oui, ça y est, le stage est fini, les vacances sont finies, et en dépit d'un proverbial pont du 1er mai (dont on ne va pas se plaindre, hein), on a repris les cours.

Mais attention, pas n'importe comment.

On a repris les cours avec des évaluations.

Et là, je vous imagine hurler de terreur, à l'idée de passer deux semaines de vacances, tranquille, quelques jours en Bretagne chez votre môman, quelques jours chez votre soeur pour garder ses chats pendant qu'elle est à son tour chez votre môman, puis quelques jours chez vous à glander parce que ça sert à ça, les vacances... Tout ça pour, sitôt revenue à l'IFPM, commencer par des évaluations écrites.

Laissez-moi vous dire que ça réveille. Et que personne n'a révisé. À moins que l'on considère "relire ses cours la veille au soir et vite fait le matin même" une révision.

Et, attendez, je ne vous ai pas dit le meilleur : on a eu deux évaluations. L'une après l'autre. La matinée toute entière. VDM.

On a donc eu les évaluations dites "normatives" des modules 1 (Accompagnement de la personne) et 6 (Hygiène), et je pense ne pas m'en être si mal tirée que ça.
Pour le module 1, on a eu le sempiternel-mais-obligatoire cas clinique, où on a un pavé de texte qui nous explique toute la vie d'un patient et qu'on doit en tirer les infos qu'on nous demande dans les questions ; on a eu des questions sur le secret professionnel, sur les familles d'aliments, les notions de groupe (on était d'ailleurs loin de penser qu'on tomberait sur une question comme ça...). C'était mon évaluation de la dernière chance pour valider ma MSP. Si ma note est au-dessus de 10,75/20, je n'aurai pas à passer le rattrapage. Et vous savez quoi ? Je le sens plutôt bien.
Pour le module 6, je me suis maudite de ne pas avoir relu les dépliants sur les cas des patients en isolement, car c'est justement ce sur quoi on est tombées. Il fallait cocher les gestes d'hygiène à effectuer, selon si le patient est en isolement "contact", "respiration/gouttelettes", "respiration/air"... Autant vous dire que j'ai beaucoup répondu à l'instinct et à la logique. Ah, et l'inévitable "cercle de Zinner". Apprenez-le par coeur, celui-là, vous tombez toujours dessus.

Mais bon, les dés sont jetés, même si, je dois l'admettre, ça fait plutôt du bien de les avoir faits. Ce qui est fait n'est plus à faire, et tout le tintoin. À ce jour, ça nous fait donc trois évaluations, une MSP et deux stages.
Il nous reste donc :
- Evaluations : 5
- MSP : 1
- Stages : 4
Sachant que le prochain stage est déjà dans deux semaines...

D'ailleurs, vous savez où je vais ? En service de médecine destiné aux tuberculeux. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis convaincue que c'est à cause de ma MSP, où je m'étais plantée royal en hygiène. Et du fait des risques de contagion, m'est d'avis que des protocoles d'hygiène, il doit y en avoir un paquet.

On a commencé de nouveaux cours. Du genre à vous donner mal à la tête.
Jusqu'à présent, on était toutes très tranquilles avec nos notions de groupe, d'hygiène, l'accompagnement, et tout. Mais là, on a entamé des modules un peu plus costauds. Le 2 (état clinique de la personne), le 3 (les soins) et le 5 (relation et communication). Et j'avoue que je ne sais pas lequel est le plus difficile.
Le 2 et le 3 sont étroitement liés. Ce sont surtout des cours d'anatomie-physiologie, où l'on apprend les pathologies. C'est principalement du par coeur, mais il faut bien retenir tout ça, aussi. Avaler à la louche les schémas du coeur, du système nerveux/digestif/endocrinien et j'en passe, sans compter les symptômes des différentes pathologies (parce qu'il faut bien savoir distinguer les symptômes d'un infarctus à ceux d'une embolie pulmonaire, par exemple), j'ai mal au coeur rien que d'y penser.
On se dit, qu'à côté, la relation/communication du module 5, c'est les doigts dans le nez. Sauf que la relation patient/soignant est tout, sauf une évidence. Surtout pour moi.

Car ça été ça, le reproche majeur de ma MSP, c'est mon absence d'empathie.

"Mais non, voyons, qu'est-ce que tu racontes ? ". Et pourtant, bien qu'initialement très douloureux, il s'avère que le reproche n'est pas si infondé que ça.

Je souffre d'un handicap majeur, dans cette formation, c'est mon obsession de la maîtrise. J'irais même jusqu'à dire, du contrôle. Je dois me contrôler moi-même, je dois contrôler la situation. C'est ça qui me fait "faire ma pro" quand je suis en stage, et perdre mes moyens quand les évènements ne vont pas comme prévu. Ma cadre formatrice me l'avait déjà fait remarquer, et me conjurait de "lâcher prise". Lâcher prise, moi ? J'ai jamais lâché prise depuis de trop nombreuses années, je vais avoir du mal à commencer maintenant.
Pourtant, je ne suis pas exempte de volonté, bien au contraire. Je les aide, ces patients, je les écoute de tout mon coeur. Mais qu'en est-il de les entendre ?
Quand j'avais fais mes premiers stages en chambre mortuaire, je m'étais fait cette remarque : quand j'échangeais avec les familles, j'étais un vrai robot. C'était froid, impersonnel. Trop de retenue, de distance. J'avoue avoir fait quelques progrès au fur et à mesure, mais était-ce le signe d'une amélioration ou d'une meilleure aisance ?
En stage, je fais partie des premières à bouger quand sonne un patient. Je fais mes tâches avec toute la bonne volonté du monde. Mais au relationnel, il manque toujours quelques chose. Il y a un lien, une connexion, qui ne se fait pas. Comme l'a résumé ma cadre formatrice, ma relation est "théorique". L'inconvénient d'être trop cérébrale. Trop de tête, et pas assez de coeur. La preuve même par ma démarche vis-à-vis de ma formatrice : "comment ça s'apprend, l'empathie ? " Comme si l'empathie pouvait s'apprendre ! Ça s'acquiert, ça se développe, ça se comprend. On n'apprend pas à être empathique comme on apprend à être organisée.
J'ai bien essayé de me pencher sur la question, internet regorge d'articles en tout genre, et je ne compte pas les ouvrages de développement personnel sur la question du fameux "lâcher prise". J'ai essayé de lire quelques articles, ça m'a frustrée plus qu'autre chose. Tous leurs beaux conseils, pétris de bonne intentions, j'en fais quoi ? Parce que je vais lire un livre, ça y est, je vais avoir le déclic ? Je me suis tenue la grappe pendant des années, il allait me falloir un peu mieux que lire un bouquin.
C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de prendre un rendez-vous chez une psychologue. Je crois que pour cette question, je vais sérieusement avoir besoin d'un coup de main. On verra bien ce que ça donne.

En attendant, à mon ancien travail, ça bouge. Il y en a une qui s'en va dans le mois, elle a signifié sa fin de non-recevoir ; il y en a une qui a reçu une proposition pour un autre poste, qu'elle m'a dit vouloir accepter ; il y en a une qui part en retraite le mois prochain, et qui est dans les starting-blocks ; et il y en a une qui revient, après une formation CAP petite enfance. M'est d'avis que les gosses ne lui ont pas réussi.

Donc, voilà pour cette semaine de reprise. Tout un programme.

Qui sait ce que réserve l'avenir ?

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Where stories live. Discover now