Ouf !

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Oui, ouf.

Parce que ouf.

Et quand je dis "ouf", je ne pense pas au verlan de "fou", je pense à "ouf", cette célèbre interjection exprimant le soulagement. Ouf !

Et pourquoi ouf, au fait ?

Parce que je fais le bilan d'où j'en suis, et nom d'une pipe, ça été un mois difficile.

Ma cheville ? Pas tout-à-fait guérie, mais elle marche, c'est l'essentiel. J'ai repris les cours, et j'ai pu aller en stage.

Mais, franchement, quel mois de chiotte.

La semaine de cours n'a pourtant pas été extrêmement mémorable. Mais il a fallu que je prenne le train en marche sur le module 7 sur la transmission des informations, et le module 8 sur la planification des soins. Les autres élèves avaient déjà commencé, alors que j'étais en arrêt maladie, je n'avais donc qu'une partie des informations.

Pourtant, dans la théorie, ce ne sont pas des modules très difficiles. Ils font surtout appel à la logique.

Je ne sais pas comment ça marche dans les autres IFPM, mais en ce qui nous concerne, la transmission des informations portait sur les transmissions écrites. Quand vous êtes soignant et que vous faites un soin, qu'il se passe quelque chose avec un patient, que vous devez communiquer une information, vous faites ce qu'on appelle une "transmission écrite". Il y a un dossier papier ou informatique, dans lequel vous datez et consignez ce que vous avez à dire. Le but, tout simplement, était d'apprendre à faire des transmissions. Personnellement, je ne vois aucune logique dans ce planning, je trouve bête de passer cinq stages à apprendre les transmissions sur le tas, pour avoir les cours proprement dit en fin d'année. Pas vous ?
Il y a eu beaucoup d'exercices pratiques, tous selon le même schéma : un texte nous présentait un cas concret avec des informations passées/présentes/futures, et il fallait faire les transmissions basées sur les informations qui nous étaient données. Le piège ? Savoir faire le tri. Règle n°1 : uniquement les informations du moment. L'on ne transmet pas au jour J ce qui est arrivé la veille, ou les prévisions du lendemain. De même qu'on ne transmet pas le soir ce qui est arrivé le matin. Règle n°2 : uniquement les informations pertinentes. On ne fait pas une transmission s'il n'y a rien à dire : par exemple, on a pris une température et le patient n'a pas de fièvre. Règle n°3 : CONCISION. Le but n'est pas d'écrire un roman, mais de réduire la transmission aux informations utiles. Si le patient dit avoir de la température, on se fout de savoir qu'il s'en est rendu compte aux toilettes. Règle n°4 : une transmission par cible. Une cible, c'est le motif de la transmission : hyperthermie, non observance traitement, élimination urinaire/fécale, comportement... On ne fera pas une transmission indiquant en même temps qu'il a 39,7°C et qu'il a la diarrhée, il faudra faire deux transmissions distinctes.
Le but du jeu ? Identifier les cibles, et consigner les "données", les "actions" et les "résultats". Ce sont les fameuses transmissions DAR. De plus en plus de services emploient les "macrocibles", un petit bloc de texte où l'on dit l'essentiel en quelques mots, mais la base de la transmission, c'est la DAR. Données : quelles sont les informations/évènements/signes cliniques ? – Actions : qu'est-ce qu'on a fait pour régler le problème ? – Résultat : qu'est-ce que l'action a donné ?
L'évaluation normative consistait, simplement, en cet exercice. Nous avons donc eu droit au cas d'un patient alité en orthopédie, qui cherchait à se lever et qui buvait de l'eau gazeuse alors qu'il était sous restriction hydrique.
Note finale à l'examen ? 20/20 ! Non, je vous jure, je ne raconte pas de blagues. J'ai eu la note maximale à l'examen. J'ai encore du mal à comprendre comment j'ai fait.

Le module 8, en revanche...
La fameuse organisation des soins. Ça aussi, je ne comprends pas pourquoi on nous l'apprend en fin de parcours. Ce n'est pas vraiment en fin de formation qu'il faut apprendre à s'organiser.
L'organisation des soins, c'est quoi ? C'est un planning, tout bêtement. Un planning des soins de vos patients. 7h : transmissions, 7h30 : constantes IDE, 8h : petit déjeuner... etc. Il y recense tous les soins paramédicaux, les rendez-vous médicaux, les examens, tout ce qu'un patient fait dans la journée. Il y a juste une astuce : vous avez toujours, en stage, au moins deux patients à prendre en charge. Le but du planning est de prévoir VOS soins de façon à ne pas être à deux endroits en même temps, tout en tenant compte des impératifs du service. Patient 1 et 2 ont les médicaments et le petit déjeuner à 8h ; Patient 1 a la kiné à 11h, mais Patient 2 à une radio à 10h ; sachant que Patient 2 est parfaitement autonome, comment programme-t-on les toilettes ? C'est de la logique pure et simple, et la première chose à faire quand on fait une planification, c'est d'y mettre les soins qui ne peuvent pas être reportés, comme les soins IDE et les rendez-vous médicaux. À vous de caler vos propres soins en fonction, sachant qu'il est toujours préférable qu'un patient ait fait sa toilette avant de passer un examen ou de descendre au bloc...
La mauvaise nouvelle, dans une planification, c'est qu'elle change tous les jours, et qu'elle peut même changer dans la journée. Vite ! Le chirurgien veut voir Patient 1 à 9h ! Ou son examen prévu à 14h est reporté au lendemain... Ah, et n'oubliez pas : tout doit y figurer. Vous devez prendre la température d'un patient toutes les deux heures ? Toutes les prises de températures de la journée doivent apparaître sur le planning : 8h, 10h, 12h, 14h... 
Voilà à quoi ressemblait l'évaluation normative. Nous avions deux cas concrets, avec des informations passées/présentes/futures, et il fallait faire la planification de ces deux patients. Pour être honnête, en ressortant de la salle d'examen, je ne l'ai pas senti. L'exercice a été difficile, il y avait trop d'informations. Il fallait planifier sur une journée de 12h. Je me suis rendue compte après coup, par exemple, avoir bêtement oublié la toilette et la dépilation du Patient 1 qui devait aller en coronarographie, et la surveillance toute les heures de l'oxygénothérapie du Patient 2.
Note finale à l'examen : 8,5/20. Eh, oui. Des fois, ça arrive. Et qui dit "pas la moyenne", dit "rattrapage".

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant