Il y a des semaines où tout va mal... pour les autres

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Ça, c'est sûr, il y a des moments où l'on ferait bien de rester couché. Surtout quand c'est sur vous que tombe la pommade.

Parce qu'il y en a, ce n'était pas leur semaine. Ça pourrait bien ne pas être leur année tout court.

D'abord, ce jeudi, les résultats de l'évaluation du module 6 sont (enfin !) tombés. Dieu sait qu'on les a réclamés, ceux-là. La prof a mis presque un mois à les corriger. Le module 6, pour rappel, c'est le module sur l'hygiène. Cercle de Zinner, protocoles d'hygiène, détergents-désinfectants, isolement contact/air/gouttelettes, et toute la lyre...
Eh bien, les résultats sont sortis, et laissez-moi vous dire que ce n'est pas glorieux. Bon, moi, je passe, j'ai eu 11,75/20. Mais sur les 26 élèves que composent la promo, il y en a huit qui auront la triste tâche de passer au rattrapage. Huit ! Dont deux qui ont eu le pénible score de 5,25 et 5,75/20. La meilleure note est de 14/20 et n'a été obtenue que par deux élèves. De l'aveu de la cadre formatrice, elle n'a jamais vu de si mauvais résultats.  J'aurais sans doute réagi différemment si j'avais fait partie des recalées, mais je dois admettre que je comprends un peu la déception de la cadre.

Ensuite, comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, deuxième effet Kiss Cool avec l'intervention de la directrice adjointe le lendemain. Et là, laissez-moi vous dire que cadres pas contentes. Mais alors, pas contentes du tout.

Son intervention portait sur le taux d'absentéisme. Une première intervention de la cadre formatrice avait été précédemment nécessaire sur la question des 35h d'absences autorisées sur l'année de formation. Certaines élèves s'étaient plaintes que leurs congés maladies et autres absences justifiées étaient déduites de ces 35h. La cadre avait dû mettre les points sur les i, règlement intérieur à l'appui, pour leur faire comprendre que les absences dites "autorisées" étaient justement les absences "justifiées", quel que soit le motif. Entre les arrêts maladie, les enfants malades, les jours de grève et j'en passe, laissez-moi vous dire qu'il y a des dents qui ont grincé.

Mais la directrice adjointe, elle, a été encore plus loin. Elle n'a attaqué personne en particulier, mais elle a fait part de sa consternation devant certains taux d'absence qui dépassaient les sommets. Certains avaient déjà, au bout d'à peine cinq mois, déjà pulvérisé leurs 35h. L'une d'entre nous avait même atteint les 60h d'absence. Et ce que l'adjointe n'a pas manqué de rappeler du règlement intérieur, c'est que toute absence supérieure à 50h faisait l'objet d'un conseil de discipline. Et le conseil de discipline, nous a-t-elle rappelé, ce n'est pas juste les cadres et directeurs de l'IFPM qui se rassemblent autour d'un café pour papoter. Ce sont les cadres et directeurs de l'IFPM, avec des cadres de l'ARS.
L'ARS, c'est quoi ? C'est l'Agence Régionale de Santé. Une petite boîte, en fait, un établissement administratif de l'État, qui a juste pour mission la mise en oeuvre de la politique de santé dans la région. C'est aussi, histoire de dire, la boîte qui va recevoir nos dossiers à la fin de l'année, et qui va décider si oui ou non on reçoit ce putain de diplôme d'aide-soignante. Donc voilà, rien de bien méchant, pas vrai ?
Eh bien, un conseil de discipline, avec les cadres de l'IFPM et de l'ARS, il va juste décider si tel élève reste inscrit dans l'établissement ou s'il prend la porte.
Donc, quand je dis qu'il y en a pour qui ça ne pourrait pas être leur année, j'ai mes raisons de le croire.

Autre sujet de contrariété de l'adjointe, ce sont les carnets de vaccinations. Presque cinq mois après le début de la formation, il y en a qui n'ont, soit pas fournis tous les documents de santé, soit même pas encore tous leurs vaccins. Cinq mois dans une formation où il est clairement stipulé dans le dossier, que pour que l'inscription soit valide, tels vaccins doivent être à jour et tels tests sanguins doivent être effectués. Et il y en a qui sont venues, sans même être à jour de ça. Et qui prennent sur leur temps de cours pour voir les médecins, faire leurs vaccins et tout, et qui, après, viennent pleurer parce que ça leur fait augmenter leur taux d'absence. Comment dire... ?

J'adore cette promo. Sérieusement, je l'adore. Mais des fois, je me demande quel âge elles ont. Certes, je ne suis pas l'élève la plus brillante, ni la plus éminente. Il y en a même un, je sais déjà que parti comme il est, il aura son diplôme les doigts dans le nez. Mais je crois bien, tout comme les cadres formatrices, qu'il y en a qui, soit ne prennent pas cette formation au sérieux, soit n'ont absolument pas compris dans quoi elles se sont engagées. Comme l'a rappelé l'adjointe, le diplôme confère non seulement un statut, mais aussi des responsabilités. Il est porteur de connaissances que l'on est censées avoir. Mais quid des élèves qui dorment en classe ? Qui sont vissés à leur portable ? Qui bavardent ? Rien que ce lundi, en plein milieu du cours de la matinée, à peine 10h30 du matin, l'intervenante a expulsé de la salle une élève qui mangeait (alors qu'il a été dit et répété que c'était interdit de manger dans les salles). Et vas-y que je roule des yeux, et que je soupire devant les récriminations de l'intervenante, laquelle, pardonnez-moi de vous le dire, n'avait absolument pas tort et était totalement dans son bon droit. NON, MAIS VOUS AVEZ QUEL ÂGE, LES FILLES ?

Bref, cette promo part en couilles.

Ce mercredi, on avait un travail personnel à réaliser. Au départ, il était question que l'intervenante soit présente. Mais les formateurs étant tous réquisitionnés pour une formation (oui, des formateurs qui vont en formation, et alors ?) ce jour-là, nous avons eu pour mission de faire le devoir seuls. Imaginez donc venir à l'IFPM, en roue libre, sans le moindre encadrement. 
Certains ont joué le jeu, sont venus et ont fait l'exercice demandé jusqu'au bout. D'autres ne se sont même pas présentés.
C'était un Travail Dirigé sur le module "Relation et communication". Celui qui me fait des difficultés. La règle du jeu consistait à se mettre en binôme, et à relater et analyser une situation relationnelle rencontrée en stage. Le récit devait être enregistré, puis retranscrit sur Word, et envoyé sur le mail de la formatrice. J'ai au moins la satisfaction d'avoir échangé avec une bonne personne et d'avoir fait mon travail jusqu'au bout. J'ai même été la dernière à partir. Non, ce n'est pas une blague.

Ce vendredi après-midi, nous avions l'évaluation formative du module 2, sur l'état clinique de la personne. Pensez schémas, système nerveux/cardiovasculaire/endocrinien/urinaire/reproducteur/respiratoire... Bref, la biologie/sémiologie. Certains élèves absents dans la matinée sont juste venus pour l'évaluation.
J'ai eu 13,5/20. 

J'espère transformer cet essai. Mais je vais devoir attendre, car avant ça, j'ai un stage de quatre semaines. Et déjà, il me fatigue. D'abord, j'avoue ne pas vraiment être intéressée par la spécialité du service où j'atterris. Ensuite, s'agissant d'une pathologie très contagieuse et étant personnellement immuno-déprimée, j'imagine bien les précautions d'hygiène.

On verra bien.

Journal D'une Elève Aide-Soignante [TERMINÉ]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz