Chapitre 28

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                                                           La soirée d'Emilia battait déjà son plein lorsque Lucie et Ian arrivèrent. Ne s'adressant aucunement la parole sur le trajet, comme ses derniers jours depuis Noel, les deux vampires s'étaient vus obligés de venir afin d'échapper à un tête-à-tête non désiré.
En effet, Aron, Byron et Dylan avaient dû partir à Londres sur ordre d'Auguste Fletcher qui quémandait leur aide, afin de régler les derniers préparatifs liés à la Cérémonie de Reconnaissance de Lucie qui se déroulerait dans les quelques semaines à venir.
Ian représentait donc le seul gardien encore présent de la jeune fille, qui ne décolérait pas depuis leur dernière dispute. Pourtant, il aurait tellement désiré se réconcilier avec elle et de la consoler des propres injures qu'il lui avait porté !
Et cela l'agaçait. Il devait arrêter de s'attacher à elle.
Ayant finalement décidés de se séparer lors de la soirée, Ian s'était laissé trainé entre les dizaines et dizaines de personnes qui buvaient, jouaient, dansaient sous une musique assourdissante et des néons aux couleurs exotiques plongeant l'ensemble de la villa de luxe d'Emilia dans une atmosphère proche de la boîte de nuit.
Même la piscine était éclairée d'une lumière bleue aveuglante, et Ian désespérait de toutes ces sources de lumière artificielle qui lui donnait un mal de crâne assourdissant.
Toute la soirée, il fut collé et suivit de près par tout un fan club qui lui posait des questions plus absurdes les unes que les autres. Et puis, peu à peu, les gens repartaient danser ou plongeaient dans la piscine dans l'euphorie sans se soucier du froid de l'hiver et de la nuit.

Vers vingt-trois heures, il ne restait plus qu'Emilia qui collait le jeune homme comme un petit toutou. Eh nom d'un chien, elle n'arrêtait pas de parler ! Ian tentait tant bien que mal de suivre la conversation, alors que ses yeux restaient rivés vers une seule et même personne : Lucie.
Elle s'était assise au bar, vêtue d'une simple petite robe noire aux manches moulantes mais au vertigineux décolleté (qui n'avait rien de vulgaire, et au contraire faisait émaner d'elle une certaine élégance), et enchaînait verres d'alcool sur verres d'alcool sans se soucier un instant de la fête qui battait son plein.
De temps à autre, leurs yeux se croisaient furtivement.
Ian fronçait de temps à autre les sourcils, se rendant compte de l'anormalité de son attitude. Le désespoir et la tristesse se lisaient sur son visage que seule la beauté cachait.
Il serra les dents.
Il devait arrêter de s'inquiéter. D'habitude, il ne se souciait jamais des autres et ne s'attachait jamais à personne ! Cette fille ne représentait rien pour lui, il devait se le convaincre !
Et puis, au fond, n'avait-elle pas déjà quelqu'un dans son cœur ? Ian serra un peu plus les points à cette idée. Alex Brant.
Et puis il lui vint une idée : Emilia.

Emilia n'avait pas eu peur d'avoir froid ce soir-là, habillée d'une petite robe fluide et légère mettant en avant ses jolies formes. Elle parlait sans cesse, ne pouvant s'empêcher de tirer sur le pull fin et gris du jeune homme qui dévoilait à peine son torse bien bâti.
Tout dans son comportement, quelque peu éméché par l'alcool tout de même, ne laisser présager qu'une seule chose. Ian l'avait compris.
Il avait eu pour habitude de se laisser entraîner par ce genre de filles, aguicheuses et se cachant derrière un visage d'ange, dans quelques soirées durant lesquelles il avait préféré se perdre pour oublier un instant son rôle de chasseur et son histoire, à lui, qu'il ne pouvait oublier.
Là, il hésitait encore sur ce qu'il ferait avec elle. Emilia ne l'avait pas quitté, et l'avait entrainé légèrement dans un coin du grand salon où une multitude de personnes dansaient sans un regard pour le monde extérieur. Il apercevait encore Lucie, alors qu'Emilia n'arrêtait pas de l'enlacer en prétextant avoir froid alors que la température ambiante de l'immense maison devait être au minimum à 35° vu le monde qui s'y entassait.
Elle avait passé ses mains sous son pull, cherchant le contact entre leur peau, et Ian s'était laissé faire alors même que cela ne lui faisait rien, mis à part l'agacer légèrement (ce qu'il ne montra pas).
Emilia descendait de plus en plus au bas du torse du jeune homme, caressant dans de petits va et vient de ses doigts sa peau jusqu'à descendre à l'objectif.
Et c'est à ce moment précis que Ian prit sa décision, ne supportant plus les regards de braises qui lui adressaient parfois Lucie qui n'avait rien perdu du spectacle, qui se jouait depuis déjà quelques minutes, qui faisait défiler les verres de vodka.
Ce qu'il ne supportait surtout plus, c'était ce que son cœur lui criait en la voyant.
Ne pouvant se le permettre, il prit Emilia par la main, et l'entraina vers l'escalier.
Cette nuit encore, il allait essayer d'oublier.


                                                   Lucie s'était assise sur un siège du bar depuis qu'ils étaient arrivés. La vue de la piscine lui provoquant des frissons incontrôlables, elle avait bu un premier verre. Puis deux. Et puis elle ne les comptait plus.
Elle n'avait plus fêté le nouvel an depuis cette année-là. Depuis ce 31 décembre 2014. Et tant de souvenirs lui revenaient en regardant les gens danser, jouer et rire dans l'insouciance la plus totale devant cette piscine. Lieu maudit.
Elle n'aurait jamais dû venir.
Lucie avait emporté avec elle les cachets que lui avaient présenté les jumeaux quelques jours auparavant. Pour mieux boire, pour mieux se saouler. Ne s'étant toujours pas remise de la proposition d'Alex, et surtout des paroles de Ian, l'alcool avait paru une bonne solution.
Un pêcher qu'elle aurait préféré ne pas retrouver, sans doute. Mais cela lui faisait tellement du bien en cet instant !
De plus, elle était seule. Denis batifolait dans la piscine comme un petit fou, sans se soucier d'elle, tandis que Ian était avec... Emilie. Cela n'aurait pas dû la surprendre, cela n'aurait pas dû la contrarier, et pourtant Lucie doubla la dose de cachets dans ses successifs verres d'alcool.
La scène qui se jouait dans un coin sombre du salon, la rendait malade. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Après tout, il faisait ce qu'il voulait !
Et très vite, l'alcool s'intensifia.
Sa vue se brouilla, tandis que seuls des flashs lui parvenaient, mélangeant passé et présent. C'était décidé : elle se perdrait à nouveau pour un soir ! Elle ferait tout pour ne plus voir son visage.
Non, leurs visages.
Celui de Denis, celui d'Emilia, celui de Ian... Celui de Julie.

Et alors qu'elle entamait un énième verre d'alcool, elle le vit, à quelques mètres.
Grand, brun, yeux marrons tout ce qu'il y avait de plus commun, un corps d'athlète et environ âgé d'une vingtaine d'années, le parfait plan d'un soir se tenait devant elle.
Elle l'observa d'un œil discret pendant un moment : étudiant en fac de sport, cousin éloigné d'une copine d'Emilia qui organisait la fête, habitant au sud de l'Angleterre, grande gueule facile à cerner, cherchant exactement ce qu'elle cherchait, et déjà assez bien imprégné par l'alcool.
Le deal parfait : une histoire d'un soir, sans problèmes retours possibles.
Alors Lucie l'approcha, sensuellement, lui faisant les yeux doux. Ils se mirent à danser, corps contre corps. Il l'enlaçait, ses mains descendant peu à peu vers ses cuisses. Et peu à peu, leurs corps et leurs esprits chauffaient en même temps que les effets de l'alcool se faisaient de plus en plus ressentir.
Lorsque ce fut le moment des slows, il l'entraina dans un coin de la pièce, loin des regards et la plaqua contre le mur pour l'embrasser alors même que ses mains baladeuses cherchaient à découvrir le bas de sa robe.
Lucie le laissa la soulever pour l'emmener vers les étages, plus appropriés à ce qui allait suivre.

Ils trouvèrent finalement une chambre au dernier étage de la villa, que le jeune homme se précipita de fermer d'un pied sans prendre la peine de tourner le verrou.
Lucie se laissait se faire dévorer la bouche alors qu'il la posait sur le lit, commençant à enlever le tee-shirt de son compagnon d'un soir. Ce n'était pas du désir que la jeune vampire ressentait, mais plus un mélange de colère, d'envie, et de frustration.
Elle avait véritablement trop bu, mais elle s'en fichait. Tout lui parvenait par flashs, par instants.
Son esprit était brouillé.
Il l'avait allongé sur le lit, et s'occupait à défaire ses vêtements pendant qu'il suppliait Lucie de continuer de l'embrasser. Celle-ci s'exécutait en passant par son cou, son menton, ses lobes d'oreille qu'elle mordillait, en faisant exprès d'éviter la bouche, le faisant languir d'impatience.
Il lui ôta la robe, la laissant en petite lingerie en dentelle noire qui laissait deviner ce qu'elle cachait à peine, et s'empara lui-même des lèvres tant désirées.
Et alors qu'il appuyait de plus en plus sur le bas de son ventre avec son poids, il glissa sa main sous la culotte de la jeune femme. Leurs corps se soulevèrent ensemble quand il passa tout d'abord un doigt dans l'ouverture qu'il percevait.
Lucie se laissant faire, caressant son torse tout en gémissant, se retrouva bientôt à éprouver une étrange sensation.
L'appel du sang.
Et alors que ses yeux s'illuminèrent d'une soif incontrôlable, brouillant encore plus son esprit et la frontière avec la réalité, Lucie inversa les rôles.
Tout d'abord surpris, le jeune homme se laissa faire et se retrouva sur le dos, le bassin calé entre les jambes de Lucie. Il bloqua ses mains sur ses hanches alors qu'elle courbait son dos, frottant dans des déhanchés le pantalon du jeune homme.
Tissus contre tissus, Lucie sentait déjà qu'il bandait. Mais elle le faisait patienter, en retirant tout doucement les boutons du jean du jeune homme, le faisant gémir. Il se redressa pour s'emparer de nouveau de ses lèvres et descendre vers ses seins, encore protégés par le soutien-gorge.
Sans arrêter ses mouvements de bassins, Lucie perdit alors totalement le contrôle.
Le cou du jeune homme à quelques centimètres de sa peau.
Un flash.
Des veines.
Un flash.
Des crocs la suppliant de s'en emparer.
Un flash.
Une porte s'ouvrit avec fracas.


AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant