Chapitre 10

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                                                Lucie courrait depuis une bonne demi-heure maintenant, il était temps qu'elle s'arrête. Elle savait cependant qu'en s'arrêtant, elle s'effondrerait et ne pourrait plus se relever. Elle arrêta donc de courir mais garda un bon tempo, tout en essayant de garder ses esprits : sa vision se troublait de plus en plus et elle sentait qu'elle avait de la fièvre.
Elle aurait mieux fait de ne pas se lever pour chercher ses fichus papiers administratifs ! Cela lui aurait évité son entrevue avec Amélie, et encore plus celle avec les frères Bloom.
« Je vais me réveiller, je vais me réveiller, ce n'est qu'un cauchemar... » se répétait-elle. Mais cela n'en était pas un et son bras lui faisait bien comprendre. Du sang perlait doucement sur le sol enneigé, ... depuis quand neigeait-il ?
La jeune fille avait extrêmement froid, elle avait pourtant pris une veste...
Qu'elle avait laissée dans la voiture avec Ian et Dylan.

Lucie se sentir pâlir un peu plus, il fallait vraiment qu'elle trouve un bus, un taxi, ou quelque chose qui lui permettrait d'arriver chez elle indemne, mais tout était resté dans sa veste. Ses papiers, son argent, sa carte de transport, tout.
Dès qu'il se mettait à neiger, les rues de Penvanya devenaient plus dangereuses qu'elles ne l'étaient à l'origine. En temps normal elles étaient glissantes car très humides à cause de la pluie qui tombait souvent, mais lorsqu'il neigeait il était facile de se casser une jambe ou une vertèbre en allant simplement chercher une baguette de pain à la boulangerie.
Lucie marchait donc difficilement, une main appuyée sur les murs des maisons, en douceur pour éviter de glisser mais assez rapidement pour ne pas trainer et s'étaler de tout son long.
Elle ne pouvait pas rentrer chez elle à pied, car avec l'énergie qu'elle avait en ce moment cela était tout bonnement impossible. Il fallait qu'elle réfléchisse vite. Trouver un lieu, une cachette, n'importe quoi...
La jeune fille repris son souffle un instant et se décida : direction l'appartement de Denis, qu'il avait trouvé quelques jours plus tôt et qui n'était pas loin du grand carrefour.
Sa vision se troublait de plus en plus, et elle commençait à trembloter. Elle avait l'impression d'agoniser, à petit feu.
Lucie repensa à Ian et sentit une vague de dégoût. Elle avait envie de vomir !
Dès le départ elle n'avait jamais vraiment aimé le groupe, parce qu'ils ne lui attiraient que des problèmes. Cependant, ces problèmes n'étaient rien à côté de ce qu'elle venait de vivre.
Elle n'aurait jamais dû baisser sa garde.
Elle n'aurait jamais dû sortir de sa carapace protectrice d'indifférence pour ces gens là.
Sauf qu'ils avaient essayé de... elle ne savait même pas ce qu'ils avaient essayés de faire au juste!
Dylan avait une coupe de... sang ? Ce n'était pas possible.
Elle continuait à marcher mécaniquement, tourna à droite sans faire vraiment attention où elle allait vraiment, et traversa la rue.
Lentement son corps glissa, sans s'en rendre compte. Elle se retrouva agenouillée au milieu de la rue, une dizaine de voitures venant de tous les sens, klaxonnant, et l'évitant à temps.
Cependant elle n'y faisait pas attention, elle était ailleurs, lorsque des paroles résonnèrent dans sa tête : « Il faut juste que je vérifie quelque chose... ». C'était la voix de Dylan qui la réveillait. Quelle chose ? Quelle...
Elle leva les yeux.
Que faisait-elle par terre ? Elle était en plein milieu de la route, tétanisée par le froid, elle s'était arrêtée. Son cœur rata un battement.
Elle le savait, tout était finit.
Aurait-elle eu la force de s'échapper de la route ? Sans doute. Mais l'inévitable arriva. Un énorme camion arriva à une vitesse effroyable.
Un klaxon retentit.
Elle ne bougeait plus, ... elle ne pouvait plus. Le choc fut terrible.
Elle se sentit s'écrouler, se retourner dans tous les sens, ses os se broyaient tandis que son sang semblait s'écouler de son petit corps tel une cascade après un jour de pluie.
Puis tout devint noir et sombre.

Elle était morte.


AméthysteWhere stories live. Discover now