- C'est compréhensible aussi.

- Elle reste ma mère. Elle a beau avoir merdé, elle s'est reprise en main. Elle vient de sortir de désintox.

- Raison de plus, marmonnai-je.

- Pourquoi ?

Je hausse les épaules en fixant vers la fenêtre. Je suis la mieux placée pour savoir que chaque ex-junkie est susceptible de rechuter à la première occasion. Si Woods n'aurait pas été là lundi, j'aurais foncé tête baissée vers le dealer sans penser aux conséquences. Je reste perplexe à son attitude. Elle a su gérer ma crise d'angoisse qui prenait naissance dans tout mon corps, comme si elle a déjà vécu cette expérience. C'est peut-être le cas vu l'environnement où nous sommes. Un bruit sourd provenant de la porte nous interrompt. On s'attendait à l'entrée de Bellamy, mais c'est finalement ma responsable. Octavia se redresse immédiatement, alors qu'un sourire étire mes lèvres en voyant ce qu'elle m'apporte.

- Tu me les rends ? demandai-je avec excitation.

- C'était notre deal, non ? Je peux les garder si tu préfères.

- Non, non, non ! dis-je en tendant les bras.

- Tut tut, ne soit pas impatiente, répond-elle me faisant rabaisser les bras et perdre mon sourire.

- Pas de bêtise ce week-end, sinon je reprends tout. D'accord ?

Je hoche énergiquement la tête. Je me souviendrais assez de cette punition pour ne plus risquer de me faire confisquer mes appareils. C'est la première fois que ça m'arrive et c'était très dur à tenir.

- Je ne pensais pas que tu allais maintenir le deal après ce qui s'est passé lundi... murmurai-je.

Cette journée était intense en émotion. Woods s'est maintenu à me faire organiser la réunion à ses côtés. Cependant, les jours suivants étaient une autre histoire. Elle a continué à me punir pour ma conduite. J'ai accepté sans broncher en me disait que j'aurais certainement connu plus de problèmes si elle m'aurait coincé avec le produit illicite en main.

- Un deal reste un deal. Tu as payé ta dette pour le reste. Je tiens mes paroles, alors fait en de même pour la suite.

- Promis ! Merci, merci, merci ! dis-je en récupérant mes affaires hâtivement.

- Bon, je repars. Comme tu es seule ce soir, on peut manger ensemble si tu veux.

- Tu ne rentres pas ce week-end ?

- Je reste jusqu'au repas, donc on peut manger ensemble si tu ne veux pas te retrouver seule.

- OK, pourquoi pas, acceptai-je.

Je ne savais pas qu'il était possible de manger avec nos instructeurs, mais j'accepte avec joie. C'est ennuyeux de manger seul et je n'ai pas envie de m'intégrer sur une autre table. Même manger face à un mur serait plus distrayant que de manger sans compagnie. Elle me sourit et m'annonce qu'elle viendra me chercher avant de sortir tout en souhaitant un bon week-end à O.

- Je croyais que tu la détestais ?

- Je la déteste toujours.

- C'est pas l'impression que tu donnes, glousse-t-elle. En plus, la commandante qui demande de manger avec un élève, c'est du jamais vu !

- On a juste longuement discuté lundi soir, avouai-je.

- Ah ouais ? arque-t-elle un sourcil. Toi, discuter avec elle ?

- Ouais... Disons qu'elle m'a un peu obligé après avoir dépassé plusieurs limites...

Elle hoche la tête en comprenant que je n'ai pas envie d'approfondir. Je me rappelle parfaitement de notre discussion lors des préparatifs de la réunion. Elle a attendu que la tension se dissipe pour me poser des questions. La première question était si je fumais. J'ai d'abord pensé qu'elle parlait des joints au vu des récents évènements, alors j'ai répondu que j'ai arrêté ce genre de chose depuis un an. Cependant, elle s'est rectifié en me disant qu'elle parlait de cigarettes. La réponse restait inchangée puisque j'ai tout arrêté quand je suis rentrée en désintox. C'est un détail que je n'ai pas partagé, ne voulant pas me dévoiler à ce point. Elle a ensuite essayé d'évoquer de ce qui s'est passé au supermarché, mais je m'étais braquée. Elle m'a promis de ne rien dire à Jaha, mais que je serais tout de même puni. Elle a ensuite enchainé en disant que ça ne l'amusait pas de me sanctionner pour la moindre petite chose. Elle comprend que j'ai mon passé, mais qu'elle, elle n'y pouvait rien. C'est là que j'ai compris ce qu'elle voulait dire quand elle m'a dit qu'elle n'est pas contre moi. J'ai senti qu'elle se faisait du souci, comme certainement pour tous les élèves sous sa garde. La chose que personne ne comprend, c'est que je ne veux pas être aidé. J'étais tellement lessivé que je lui ai seulement promis de me calmer. C'était le cas cette semaine où elle m'a épuisé avec des punitions. Elle m'a refait faire un tour au self après mes repas du soir pour mon écart au supermarché. Ce devait être un avertissement parce que j'aurais dû mériter pire pour m'être fait prendre sur le fait.

Camp JahaWhere stories live. Discover now