Chapitre 1

40.3K 804 756
                                    


Lundi 05 octobre ; 06 heures 45 - Maison.

- Debout Grigri !!!

Je sursaute quand une petite boule me saute dessus en hurlant. Je grogne contre mon oreiller lorsqu'elle rit dans mes oreilles avant de se dégager de mon dos. Je me retourne le plus rapidement possible pour l'attraper avant qu'elle s'enfuit. La surprise est telle qu'elle me tape les tympans avant son crie strident, mais je ne la relâche pas pour autant.

- Charlotte... commençai-je d'une voix aussi calme que je peux. Combien de fois t'ai-je demandé de ne plus me réveiller de la sorte ?

- Mmmmmh... fait-elle mine de réfléchir. Je sais plus !

- Tu vas voir toi !

Un mélange de crie et de rire enivre la pièce quand je l'attaque avec des chatouilles au niveau de ses côtes. Elle tente de se débattre, mais je reste beaucoup trop forte pour elle.

- Arr-arrête, dit-elle entre les rires. S'i-S'il-te... plaît Grigri !

- Clarke, relâche ta petite soeur. Elle va être en retard sinon ! me réprime ma mère, en passant devant la porte de ma chambre.

- T'as de la chance pour cette fois !

Je la libère et je me lève de mon lit pour me rendre dans mon dressing. Je soupire en voyant qu'un grand nombre d'habits manquent à l'appel.

- Tu m'emmènes à l'école ce matin ?

Je me retourne pour voir ma petite soeur m'observer du bord du lit où elle s'est assit. Elle est tellement innocente. Elle me donne envie de retourner à l'époque où j'avais son âge. Tout était plus simple. C'est plutôt ironique sachant qu'elle me répète sans cesse qu'elle aimerait être aussi grande que moi. Mes nombreuses discussions concernant mon départ n'ont pas l'air d'avoir porté ses fruits vus sa question. J'ai peur qu'elle m'en veuille dans le temps comme ce n'est pas la première fois que je pars de la maison. Je m'approche d'elle en m'accroupissant à sa hauteur. Ses yeux de biche et son expression attristée ne m'aident pas à prononcer mes prochaines explications, mais je me lance quand même.

- Cha... On en a déjà parlé. Tu sais que ce n'est pas possible.

- Mais je ne veux pas que tu partes ! hausse-t-elle le ton. Tu viens à peine de revenir...

Je me crispe quand elle baisse la tête pour me cacher son chagrin. Je m'en veux tellement de lui faire autant de peine. Elle ne mérite pas d'être au milieu de tout ce merdier. Je lui caresse doucement la joue pour l'inciter à relever sa tête. Elle a une moue qui pourrait faire craquer n'importe qui, moi la première.

- Excuse-moi, petit coeur... Je suis vraiment désolée de te faire subir tout ça. Tu sais que si je pourrais rester, je resterais. Tu le sais ça, hein ?

- Je n'ai pas envie que tu partes ! crie-t-elle encore une fois. Reste, s'il-te plaît.

Voilà qu'elle m'accable encore plus en pleurant. Elle me fait avoir les larmes aux yeux. Je la serre contre moi aussi fort que je peux et je lui caresse les cheveux pour réconforter son malheur.

- Que dirais-tu de prendre un bain ensemble ? Ça te dit ?

Elle hoche doucement la tête en resserrant la prise sur mon t-shirt. Je la porte jusqu'à la salle de bain accolée à ma chambre. Je la dépose contre le rebord du bain le temps d'actionner le robinet pour faire couler l'eau chaude. Charlotte est incontestablement ma faiblesse dans cette histoire. Je m'en veux de repartir encore une fois. Je dois rester forte et cacher mes sentiments pour ne pas empirer sa réaction. Si ça tenait qu'à moi, je resterais. J'en veux à ma mère de m'envoyer dans cette foutue école à des milliers de kilomètres d'ici. Elle me coupe des derniers proches qui me restent. J'aide Charlotte à se déshabiller sous ses pensées et je fais de même. Je la glisse la première dans la baignoire et je m'allonge en face d'elle. Je souris en la regardant jouer avec l'eau. Je suis contente que son chagrin lui est passé. Tant qu'elle va bien, je vais bien aussi.

Camp JahaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant