I

1.4K 46 1
                                    




Pour la dernière fois, Alison jeta un regard à sa chambre d'hôpital. Située au dernier étage, qui est réservé aux « jeunes ayant des troubles psychologiques », sa chambre était très simple.
Pourvue d'un sol bleuté et d'un plafond ainsi que des murs gris, elle était petite et carrée, possédant une unique fenêtre dans un coin du mur. Celle-ci était bloquée, étant coulissante, on avait fait en sorte qu'elle ne puisse passer qu'un bras. Son lit, tout aussi simple, était bien fait. Alison aimait faire son lit tous les matins car cela la détendait après le réveil.
Du matériel médical et une machine reposaient à côté de son lit. Elle avait demandé à ce qu'on les change de place, mais ils avaient refusé.
Et maintenant, en plus de lui interdire de bouger ces machines qui émettaient de la lumière lorsqu'elle dormait, ils la chassaient.
_C'est pour ton bien, avait répondu une infirmière lorsqu'elle avait protesté.
_Foutaises, lui avait-elle répondu. Vous voulez vous débarrasser de moi.
_Mais non.
Cette discussion n'avait pas servi à grand-chose.

_Alison ?
Quelqu'un l'appelait. Elle n'avait pas envie de répondre, alors elle serra les dents.
_Alison, il faut y aller.
Le médecin passa devant elle et la fixa. Les cheveux noirs de la jeune fille cachaient son regard et son visage.
_Regarde-moi, je te prie.
Elle releva la tête. Ses yeux d'un gris orageux rencontrèrent le regard noir et intense du docteur Marshall.
_C'est pour ton bien, dit-il.
Alison grinça des dents. Elle ne voulait plus entendre cette phrase, qui sonnait faux comme un glas dans la nuit noire.
_Marie t'accompagnera jusqu'au centre, ça te convient ?
Marie était l'infirmière qui s'occupait d'elle depuis son arrivée. Alison faisait semblant de l'apprécier, car elle était trop gentille avec son air innocent et ses boucles blondes. D'ailleurs, la seule chose qu'elle aimait bien chez cette femme était ses boucles blondes.
_Suis-moi, maintenant.
Marshall s'en alla. Résignée, Alison empoigna sa valise et ferma la porte de son ex-chambre. Elle suivit le médecin jusqu'à l'ascenseur, une boîte métallique qui monte et descend selon le bouton sur lequel on appuie. Cette fois-ci, il pressa sur le bouton en bas à gauche, le zéro. Les portes se refermèrent et ils descendirent.
Marshall jetait des coups d'œil inquiets à Alison, qui regardait ses pieds. Jamais, de toute sa carrière, il n'avait rencontré une jeune fille aussi mystérieuse. Son teint blanchâtre n'arrangeait rien, et il se demandait même comment elle faisait pour être aussi blanche.
Le « bip » de l'ascenseur interrompit ses pensées, et il sortit d'un pas qu'il espérait ferme et assuré.
Seulement, Alison n'était pas dupe. Elle savait que ce médecin se posait des tas de questions, auxquelles il n'aurait jamais de réponses, et qu'elle le mettait mal à l'aise.
Elle traînait sa valise sans se presser, consciente qu'elle ne reviendrait certainement jamais dans cet hôpital. Elle pouvait détester ce bâtiment autant qu'elle le voulait, cela lui faisait quand même un pincement au cœur de le quitter.
La voix du docteur retentit, se voulant être autoritaire :
_Allez, Alison, tu ne dois pas être en retard.
L'adolescente faillit ricaner, mais elle se contenta de traîner ses baskets qui étaient plus qu'usées. Elle avait l'impression de marcher depuis des heures, alors que cela faisait seulement quelques minutes.
Mais pourquoi nous fait-il traverser tout l'hôpital ? Maugréa intérieurement la jeune fille.
Elle fut soulagée lorsque, enfin, ils sortirent dehors, et elle respira l'air à plein poumons. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas jouit de cette « liberté ».
Marshall, de son côté, continuait à marcher sans vérifier que sa patiente le suivait. Alison serra plus fort sa valise et le suivit. Elle voulut rebrousser le chemin lorsqu'elle aperçut Marie, perchée sur ses bottines à talons et emmitouflée dans son écharpe. Elle lui fit des signes de la main, souriante, et Alison continua de marcher droit vers elle sans aucune expression. Elle ne lui dit pas bonjour alors qu'elle le lui disait, et elle se contenta de mettre sa valise dans le coffre de la vieille mercedes et de monter dedans.
Marie regarda Alison claquer la portière avec un regard triste. Elle s'était prise, malgré elle, d'affection pour cette jeune fille, et elle ne supportait pas de la voir dans ce mutisme.
_Elle ne comprend pas que c'est pour son bien, tenta de lui expliquer Marshall.
Marie le regarda d'un air outré.
_Comment voulez-vous qu'elle le comprenne ? Répondit-elle. C'est une adolescente de quinze ans. Pour elle, nous la chassons.
_Alors occupez-vous de la convaincre que non durant le trajet.
Il tourna les talons sans plus de formalités, et Marie lui lança un regard courroucé.
_Espèce d'imbécile, murmura-t-elle.
Elle n'avait jamais apprécié cet homme, surtout depuis qu'il avait pris en charge Alison. Elle avait tout de suite remarqué qu'il ne lui conviendrait pas, et il n'avait pas trouvé d'autre solution que d'envoyer la jeune fille au C.A.T.P, le Centre pour les Adolescents aux Troubles Psychologiques.
Autrement dit, un centre psychiatrique.
Finalement, la jeune femme rajusta son tailleur et monta dans la voiture.
Alison lui jeta un regard qu'elle ne sut déchiffrer, puis elle se désintéressa d'elle en appuyant sa tête contre la vitre.
_Écoute, se lança Marie. Ce n'est pas si mal, d'aller là-bas. Il y aura d'autres jeunes comme toi, c'est un hôpital spécialisé. Peut-être que tu te feras des amis.
Ses mots allaient à l'encontre de ses pensées, mais Marie devait tout faire pour tenter de rassurer l'adolescente.
Cette dernière tiqua sur le mot « ami ». Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait plus, et elle n'en ressentait pas le besoin.
L'infirmière continua sur sa lancée :
_Ce n'est pas si horrible que ça en a l'air. C'est pour t'aider, car c'est tout ce que nous voulons.
Mais Alison ne l'écoutait déjà plus.
Sentant qu'elle l'avait perdu, Marie soupira et fit vrombir le moteur de sa mercedes.
Elle sortit de l'enceinte de l'hôpital pour se retrouver en plein dans Quimper. Les rues se succédèrent, et Marie sortit de la ville pour descendre vers le sud.
La pluie battante s'écrasait contre la voiture, et le bruit des essuies-glace empêchait Alison de penser clairement. Marie lui jetait des regards inquiets lorsqu'elle grommelait de mécontentement, mais la jeune fille s'en fichait éperdument, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs.
_Arrête ces fichus essuies-glace ! Aboya-t-elle finalement.
Marie la regarda d'un air perplexe avant de répondre calmement :
_Désolé, mais je ne tiens pas à avoir un accident.
En colère, Alison s'enfonça davantage dans son siège. Elle sortit son téléphone et s'équipa de ses écouteurs. La musique explosa dans ses oreilles, ce qui camoufla le bruit incessant des essuies-glace ou de la pluie battante sur les carreaux.
Marie soupira. Elle n'aimait pas le crissement des essuies-glace non-plus. Elle regarda à nouveau la jeune fille, d'où on pouvait discerner quelques fragments de musique tellement le son était puissant. Son sweat-shirt et son jean troué ne mettaient pas en valeur sa silhouette, mais on pouvait aisément deviner qu'elle avait un beau corps à travers ses couches de vêtements.
Finalement, elle se concentra à nouveau sur la route, tout en se perdant elle-même dans ses pensées.
La voiture quitta la grande route pour se diriger vers la petite commune de Guilvinec. Alison n'était jamais allée là-bas. Elle avait toujours beaucoup voyagé, et ne restait jamais plus de deux ans dans un même lieu. Elle n'avait jamais su pourquoi.
Marie ne s'arrêta pas et elles continuèrent de rouler jusqu'à la côte. Elles la longèrent puis l'infirmière s'engagea sur une petite route boueuse. Même si le C.A.T.P était fait pour les jeunes adolescents à problèmes, Marie ne pensait pas qu'il était fait pour Alison. Cet endroit était isolé et presque coupé du monde.
La voiture entra alors dans une allée cernée de grands arbres, avant de franchir un portail en métal haut d'environ cinq mètres, où une caméra de surveillance trônait sur le côté. La mercedes continua de rouler un instant, mais Marie coupa le moteur et elle rendit son dernier vrombissement.
Alison coupa sa musique et rangea ses écouteurs ainsi que son téléphone dans les poches de son jean avant de descendre de la voiture en claquant la portière. Marie fit de même en sortant un parapluie de son sac pour s'y abriter. Elle se précipita vers Alison pour la protéger à son tour mais celle-ci la repoussa d'un geste du bras en mettant sa capuche. Désemparée, la jeune femme ouvrit le coffre et Alison y empoigna sa valise pour la traîner sur le sol. Elle s'en alla sans demander son reste, et Marie verrouilla sa voiture avant de la suivre en courant.
_Pourrais-tu m'attendre ? Demanda-t-elle. Je croyais que tu n'étais pas pressée d'y être.
L'adolescente ne se donna pas la peine de répondre, tant Marie l'exaspérait. Elle se demandait pourquoi cette infirmière tenait absolument à être proche d'elle, puisqu'elle allait elle-même l'abandonner dans une cage, un asile pour les adolescents aux « troubles psychologiques ». C'était comme cela qu'Alison voyait les choses.
Contrairement à ce que disent les médecins, elle n'avait pas de troubles psychologiques, elle avait simplement perdue son envie de vivre. Le décès de son père il y a une année en était la cause, mais le suicide de sa mère six mois plus tard aussi.
Son abandon avait profondément marqué Alison, plus que la mort de son père. Il avait été emporté par le cancer. Il n'aurait jamais voulu quitter cette vie volontairement, car jamais il n'aurait abandonné sa fille. Sa mère, en revanche, n'avait pas hésité. Elle ne lui avait rien laissé, même pas une lettre ou un mot d'excuse. Elle s'était simplement pendue, et c'est ainsi qu'Alison l'avait trouvé dans la cuisine. Cette vision hantait ses nuits, depuis.
Marie savait tout cela. Elle s'était occupée de cette jeune fille durant deux semaines. Jamais elle ne s'était confiée à elle, mise à part une nuit où elle l'avait retrouvée en pleurs dans son lit, en proie à un terrible cauchemar de sa mère. Pour Marie, le lien qui s'était tissé entre elles était une évidence, contrairement à Alison.
C'est pourquoi elle tenait absolument à l'accompagner jusqu'au bout, et qu'elle lui courut après pour l'abriter sous son parapluie malgré son refus.
_Je ne veux pas que tu penses que je t'abandonne, déclara Marie.
_C'est pourtant le cas, cracha Alison.
_C'est faux ! J'ai tout fait pour te garder, mais Marshall n'a rien voulu entendre.
Alison garda le silence. Elle ne voyait pas l'utilité de poursuivre ce débat qui ne mènerait à rien.
Elles arrivèrent devant l'entrée du bâtiment, qui ressemblait beaucoup à l'hôpital d'où elles étaient parties, mais en plus petit.
Marie sonna et on ouvrit la porte. C'était une femme d'une cinquantaine d'années qui avait ouvert, et l'adolescente ne daigna même pas la regarder.
_Entrez ! Les pria la femme.
Marie franchit le seuil la première et Alison lui emboîta le pas sans jeter un regard à l'inconnue qui referma la porte derrière elle.
Marie referma son parapluie et la vieille femme se présenta :
_Je suis Chantal Benet, ravie de faire votre connaissance.
_De même, répondit Marie en lui serrant la main. Je suis Marie Gomez, l'infirmière en charge d'Alison.
_Bonsoir, Alison.
Celle-ci leva un sourcil et leva enfin le regard. Elle toisa Chantal, qui souriait, puis se plongea dans la contemplation de la pièce sans se donner la peine de répondre.
L'entrée donnait sur un hall blanc, avec un carrelage et un éclairage tout aussi clairs. Il était entièrement vide et dépourvu de fenêtres, ce qui empêchait de voir la grisaille du dehors. Deux ascenseurs décoraient le mur au fond de la salle, et un escalier de secours était placé sur le mur de gauche. Seul sa porte grise et l'éclairage vert présent au-dessus n'étaient pas blanc.
Marie soupira et s'excusa au-près de Chantal en lui expliquant qu'Alison ne parlait pas beaucoup.
_Ne vous en fait pas, lui répondit-elle, j'ai l'habitude des adolescents.
Elle se tourna vers Alison, qui avait le regard dans le vide :
_Dis adieu à ton infirmière, jeune fille.
_Comment ? Hoqueta Marie. Je ne peux pas rester encore un peu avec elle ?
_L'hôpital me transmettra toutes les informations nécessaires à son sujet, Mademoiselle Gomez. Veuillez lui dire adieu et vous en aller.
Le ton de cette femme avait changé. Elle se montrait presque agressive, mais Marie ne releva pas. Elle avait simplement plus de mal à laisser Alison entre ses mains.
_Fais attention à toi, lui dit-elle. Ne fais pas de bêtises.
Après une hésitation, elle prit la jeune fille dans ses bras.
Bien que surprise, Alison n'en montra rien et ne remua pas d'un cil.
Profitant de leur proximité, Marie lui chuchota à l'oreille :
_J'essaierai de venir de te voir.
Puis elle s'écarta. Chantal ne semblait pas l'avoir entendu, comme elle le voulait.
Enfin, Marie s'éloigna et disparut derrière la porte de sortie, après avoir jeté un dernier regard à Alison et sans saluer Chantal. On l'entendit simplement murmurer « vieille harpie ! » avant que la porte ne se referme.
Malgré elle, cela arracha un sourire à Alison. Pour la première fois, elle et Marie pensaient la même chose.
La vieille harpie s'en alla vers l'ascenseur sans dire un mot, et Alison n'eut pas d'autre choix que de la suivre, toujours en traînant des pieds. Les portes s'ouvrirent et elles rentrèrent à l'intérieur de la boîte en métal. L'adolescente ne regarda pas à quel étage l'emmenait sa geôlière. Elle se contentait de la suivre, puisqu'elle ne pouvait rien faire d'autre.
On entendit le Bip de l'ascenseur, puis les portes s'ouvrirent. Elles donnaient sur un couloir entièrement blanc, encore une fois, avec cinq portes de chaque côté.
Alison suivit Chantal, qui la conduisait jusqu'à l dernière porte à droite. Elle fit tourner les clés dans la serrure, puis elle l'ouvrit.
La chambre n'était guère surprenante. Elle était entièrement blanche – mais qu'avaient-ils avec le blanc ? –, elle n'avait qu'un lit, une armoire, ainsi qu'un bureau au-dessous duquel il y avait une chaise.
_C'est ta chambre, laissa tomber Chantal.
J'ai remarqué, pensa Alison, sarcastique.
_Je te laisse déballer tes affaires, mais sois présente dans la salle à manger dans trente minutes. Nous dînons tous les soirs à dix-neuf heures trente, ici. La salle se situe au premier étage, première porte à gauche.
Elle allait sortir de la chambre en refermant la porte, mais se tourna vers la jeune fille au dernier moment.
_Et ne me parle pas sur ce ton.
Un étrange sourire étira les lèvres de la vieille femme, puis elle partit.
Alison fixa quelques secondes la porte, interdite. Elle se demandait si les dernières paroles de cette femme était le fruit son imagination. Après un instant de réflexion, elle conclut que non. Elle n'avait jamais d'hallucinations, alors cela devait être cette vieille harpie qui en avait, car la jeune fille ne lui avait pas une seule fois adressé la parole.
Oubliant ce moment étrange, l'adolescente tira sa valise jusqu'à son lit, puis se précipita vers la fenêtre. Comme elle le pensait, celle-ci, tout comme à l'hôpital, avait été bloqué de sorte à ce qu'elle ne puisse passer que son avant-bras. Elle en déduisit que c'était aussi pour éviter les suicides car, d'après ce qu'elle pouvait voir, elle se trouvait au moins au troisième étage, qui devait être le dernier.
Alison soupira et referma la fenêtre. Si elle devait retenter un suicide, cela ne serait certainement pas en sautant du haut d'un immeuble.
Cette simple pensée la ramena deux semaines plus tôt. Elle se voyait encore, lame de rasoir à la main, se taillader les veines, en pleurs.
Instinctivement, elle effleura ses poignets du bout des doigts puis, d'un geste brusque, les ramena le long du corps. Les cicatrices étaient encore fraîches, et elle ne voulait pas penser à tout cela.
Pour éviter de laisser ses pensées divaguer de nouveau, elle défit sa valise, qui ne comptait que des vêtements et très peu d'affaires personnelles. En réalité, elle n'avait qu'une trousse de toilette, une brosse, et le collier que lui avait offert son père avant de mourir.
Alison prit le pendentif avec précaution et le mit au creux de sa main. Il était difficile à décrire.
C'était un cercle en métal, à l'intérieur duquel il y avait quatre cœurs. Chaque cœur avait sa pointe dirigée vers le centre, où il y avait un second petit cercle, et leur autre extrémité touchait le premier. Les deux arrondissements de chaque cœur s'étendaient un peu plus, de sorte à former une petite spirale. Chaque côté des cœurs touchait celui de son voisin, et le tout formait une fleur à quatre pétales au centre.
_Il te protégera, lui avait dit son père en lui donnant.
Elle ne savait pas en quoi ce pendentif pourrait la protéger, mais en tout cas, Alison l'avait prit.
Elle le mit autour de son cou, puis rangea, à contre cœur, ses vêtements dans l'armoire. Une fois sa valise vide, elle la fit glisser sous son lit. Elle plaça ensuite la chaise devant la fenêtre et s'assit. Il pleuvait toujours autant, et le sifflement du vent ne cessait pas avec cette tempête. À cause de la faible luminosité, elle ne pouvait pas discerner le paysage devant elle.
Alison resta ainsi, à contempler la pluie et la nuit qui tombante jusqu'à l'heure du dîner, et elle hésita à y aller.
Certes, elle avait faim, mais la perspective d'être en présence d'autres adolescents ne l'enchantait pas.
Finalement, la faim l'ayant emporté, elle se leva et sortit de sa chambre. La jeune fille traversa le couloir, prit l'ascenseur et descendit au premier étage.

Five 💫Where stories live. Discover now