VII

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La mercedes roulait maintenant depuis dix minutes et personne n'avait dit un mot. Marie jetait de fréquents regards dans le rétroviseur, se demandant qui était le jeune homme qu'Alison avait embarqué.
La jeune fille reprenait son souffle tant bien que mal, et Mathias n'avait pas décroché le regard du paysage qui défilait à travers la vitre.
L'ambiance était pesante, presque trop lourde. Tous les passagers du véhicule se remettaient silencieusement des événements qui venaient de se produire.
Marie assimilait le fait qu'elle avait vu Chantal lancer des boules de feu aux adolescents ; Alison essayait de maîtriser sa respiration pour ne pas craquer ; et Mathias semblait ne pas réaliser qu'il s'était enfin échappé de sa prison. Ce dernier savait qu'il devait des explications à Alison, et il n'en revenait toujours pas qu'à ce stade de sa vie elle ne sache encore rien d'elle.
En pensant cela, son regard avait dérivé sur la chevelure noire qui déferlait sur le siège avant, juste devant lui. Il se posait mille questions sur cette jeune fille, qui en une nuit avait failli le tuer, et qui ensuite l'avait aidé à s'enfuir. Il s'était servi d'elle, mais il avait tout de même une dette, qu'il ne manquerait pas de rembourser pour s'en aller en paix.
Cinq minutes de plus passèrent, et la pluie commença à tomber. Alison ronchonna lorsque les essuie-glaces s'activèrent, et cela réussit à arracher un demi-sourire à Marie.
Finalement, ce fut elle qui brisa le silence en première :
_Je crois que vous me devez des explications, tous les deux.
Elle ne s'était pas seulement adressée à Alison, mais aussi à Mathias. C'était une marque de respect qu'il n'oublierait pas.
Comme il se doutait qu'Alison ne répondrait pas, il prit la parole :
_Je vais tout vous raconter de mon point de vue depuis qu'Alison est arrivée, puis elle fera de même après.
La jeune fille se retourna pour lui jeter un regard noir en entendant ses derniers mots. Il s'empressa d'ajouter :
_Enfin, si elle daigne le faire.
Comme il savait qu'elle n'aimait pas qu'il lui donne d'ordre, il s'amusait à l'énerver encore plus. Cela l'amusait, et il fut récompensé par un regard encore plus mauvais dans le rétroviseur. Il se doutait qu'elle ne lui ferait jamais confiance, et il s'en fichait, mais s'ils devaient passer quelque temps ensemble, autant en profiter.
Il se lança dans un long discours, décrivant l'arrivée de la jeune fille à la cantine et comment elle avait résisté à la puissance mentale de Chantal. Il hésita à raconter qu'il avait tenté de la tuer, puis le fit finalement.
Le visage crispé de Marie se liquéfia en une seconde, et elle serra le volant avec force pour se maîtriser lorsqu'elle entendit les faits. Alison pâli à ce souvenir, et elle ferma les yeux pour essayer de chasser les images de l'événement qui déferlait dans son regard.
Après ce passage tendu, il raconta leur fuite en faisait fi du moment où il avait été dans le bureau de Chantal. Il ne voulait pas en parler, et cela ne les concernait pas.
_J'ai dû mal à y croire, dit Marie d'une voix tremblante une fois qu'il eut terminé.
Puis elle s'adressa à Alison sans détourner son regard de la route.
_Raconte-moi ce qui s'est passé depuis mon départ.
L'adolescente soupira et porta la main à sa poitrine. Son collier y était toujours, il était à sa juste place. Elle garda sa main en place pendant toute son explication, et Marie émettait quelques couinements à certains passages. Une fois fini, elle se recroquevilla encore plus sur son siège en plaçant sa tête sur ses genoux.
_Si je comprends bien... Commença Marie en se mordant l'intérieur des joues. Ton collier est magique, il te protège contre une vieille malfaisante et des légumes, et tu peux lancer des éclairs ?
La jeune fille acquiesça en ravalant sa salive, consciente que c'était difficile à croire, voir impossible.
Marie respira un bon coup et regarda Mathias dans le rétroviseur.
_Et toi, tu peux voler ?
_Oui, répondit-il en haussant les épaules comme si cela n'avait rien de surprenant.
Cette fois, ce fut Marie qui ravala sa salive.
_D'accord... C'est difficile de l'imaginer, mais je vous crois, les enfants.
Ils la regardèrent avec étonnement.
_J'ai l'impression que c'est toi qui nous dois des explications maintenant, remarqua Alison en levant un sourcil.
_C'est vrai, reconnut Marie. Je vais tout vous raconter.
Elle commença depuis le début, allant de l'étrange voyeur et son cauchemar, jusqu'à l'aide que son amie Carol lui avait apporté.
_Et c'est là que j'ai compris que je ne m'étais pas trompée, dit-elle. J'étais sûr depuis le début que le C.A.T.P n'était pas normal.

Five 💫Where stories live. Discover now