Chapitre 49

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KEITH

- Prêt à partir? me demande mon père.

Je hoche la tête, impatient. Cela fait trop longtemps que je suis enfermé dans cette chambre. Les médecins ont insisté pour que je reste ici le plus longtemps possible, alors que je n'arrête pas de leur répéter que je vais très bien. Ces 4 murs me fichent la poisse, je suis bien content d'en sortir.

- Tous les papiers sont signés, on peut y aller.

Il attrape ma valise et nous partons. Le trajet se fait dans un silence apaisant. Une fois arrivés, j'ai la boule au ventre. Je retourne dans notre appartement. Celui où nous avons passés des tas de moments inoubliables. Ça me brise le coeur de savoir qu'elle ne sera pas là lorsque je vais passer le pas de la porte.

Mon père insiste pour monter mes affaires et pour passer un peu de temps avec moi, ce que j'accepte volontiers.

- Tu n'es plus avec Kayla, je me trompe?

- Non.. Comment tu l'as deviné?

- Je te connais par coeur, n'oublie pas que tu es mon fils. Tu es malheureux depuis quelques temps, et ça me tue de te voir dans cet état.

Je sais qu'il est sincère dans ses paroles. Mon père n'est pas quelqu'un qui cache ce qu'il ressent.

- Ça va s'arranger, papa. Ça ne peut pas se passer autrement, j'ai beaucoup trop besoin d'elle.

- Je sais. Raconte moi ce qui s'est passé.

Sans hésiter, je lui raconte tout depuis le début de notre relation. Je n'omets aucun détail, à quoi bon? Il va me faire la morale, et je l'aurais bien mérité.

Il semble réfléchir pendant quelques minutes.

- C'est vrai que tu n'as pas été tendre, sur ce coup-là. C'est à toi de faire tes preuves auprès d'elle.

Un long silence s'installe. Je réfléchis à ce que je pourrais faire pour lui prouver que je suis fait pour elle. C'est tellement difficile.. J'ai brisé sa confiance, il va être difficile de la reconquérir. Mais je suis prêt à tout car je n'ai absolument plus rien à perdre.

- Je l'ai demandée en mariage, juste avant qu'elle ne me quitte. Je lui ai dit que lorsque tout sera rentré dans l'ordre, je souhaiterais qu'elle accepte de m'épouser. Ça m'a pris comme ça, tu sais. Je n'ai même pas réfléchi lorsque je lui ai demandé.

Je lis la surprise totale sur le visage de mon père. Je dois admettre que moi aussi, j'ai été surpris lorsque ces mots sont sortis de ma bouche. Je n'ai jamais vraiment été très attiré par les engagements, mais là, je sais que c'est une bonne décision.

- J'espère qu'elle acceptera. Elle te rend heureux, et puis je serais ravie de l'avoir comme belle-fille.

Je ris. Mon père a toujours voulu une fille, pour pouvoir exercer son rôle de papa super protecteur.

Nous décidons de mettre fin à cette conversation et de discuter de tout et de rien. Nous mettons de côté le passage de ma mère, car à mes yeux, elle n'existe même plus.

Lorsque mon père décide de partir, je sens que la solitude me pèse déjà. Chaque pièce de l'appartement me fait penser à elle. En fouillant un peu, j'ai même retrouvé quelques vêtements qui portaient encore son odeur.. Il faut vraiment que je prenne sur moi. Je ne dois pas craquer, je pourrais mettre en péril notre histoire.

Les médecins m'ont conseillé de rester un peu chez moi, pour me reposer, mais ça serait une véritable torture de rester ici à attendre. Je préfère retourner au travail dès demain. J'ai besoin de la voir pour me rassurer.

Je décide de me coucher. Je m'endors plus facilement que je ne l'aurais cru.

**

Très tôt le lendemain, des douleurs aux côtes me réveillent soudainement. Mon accident a été assez violent, mais je ne m'en rappelle pas bien, et sincèrement, c'est mieux comme ça. Je me lève difficilement et me prépare un petit-déjeuner consistant, tout en gobant de nombreux médicaments que le médecin m'a prescrit. J'espère qu'ils calmeront un peu la douleur.

--

Me voilà devant l'immeuble. J'ai été beaucoup absent ces derniers temps, et le grand patron m'a appelé pour me dire de rectifier le tir, sinon, je risquais d'être viré. Il comprend mes absences, mais je ne dois pas laisser ma vie personnelle piétiner ma vie professionnelle.

Je souffle un bon coup et avance dans le grand hall. Des tas de personnes se bousculent, certaines courent car elles sont en retard, d'autres sont en train de discuter avec leurs collègues, comme si il n'y avait personne autour d'eux.
Je m'avance vers les ascenseurs, pleins à craquer, et appuie sur le bouton. J'aurais préféré prendre les escaliers plutôt que de supporter d'être collé à des inconnus, mais je n'aurais jamais réussi à atteindre mon bureau si je l'avais fait.  La montée me paraît interminable. Pour me distraire, j'écoute les conversations autour de moi, mais aucune n'est assez intéressante pour que j'y prête attention.

Lorsque je parviens enfin à mon étage, je fonce droit vers mon bureau, en évitant soigneusement le regard des collègues. Je n'ai certainement pas besoin de me justifier face à eux, qu'ils fassent leur boulot et qu'ils me fichent la paix!

Kayla a soigneusement posé un dossier accompagné d'un post-it sur mon bureau vide. J'apprécie le "Bon retour" à la fin du message. Je suis content qu'elle pense tout de même à moi.

Je saute la pause déjeuner afin de terminer le travail, et aussi pour éviter de la croiser. Je ne sais pas si je serais capable de me contenir suffisamment si je venais à la voir. J'ai tellement envie de la prendre dans mes bras et de lui dire tout ce que je ressens.. Je suis pathétique. Il y a encore quelques mois, je ne devais rien à personne. Aujourd'hui, je suis complètement accro à cette femme. Je ne l'ai pas rencontrée par hasard, mais je remercie Silla de m'avoir demandé de lui parler. Kayla est la plus belle chose qui me soit arrivé dans la vie.

Alors que j'étais plongé dans la lecture d'un mail, j'entends des coups frappés à la porte. C'est elle. Elle porte une robe bleu nuit simple mais qui lui va tellement bien.

- Qu'est-ce que tu fais encore ici? me demande-t-elle. Il est presque 20 heures.

Je consulte ma montre : elle a raison, je n'ai même pas vu le temps passer.

- Je.. J'avais pas vu qu'il était aussi tard. Merci de me l'avoir dit, sinon je serais resté ici toute la nuit.

Elle me fait un petit sourire timide, et referme la porte.

- Kayla! Attend!

Elle revient sur ses pas et m'interroge du regard.

- Cette robe te va très bien.

Elle rougit et murmure un "merci" timide avant de retourner dans son bureau. C'est tout ce qui m'est venu à l'esprit. J'avais juste besoin de lui dire quelque chose. Et la voir sourire m'a mis un peu de baume au coeur.

J'ai la sensation qu'elle aussi se retient. Peut-être qu'il sera plus facile pour moi de me faire pardonner si elle est dans cet état d'esprit.

En attendant, je retourne dans notre appartement, qui me paraît sans vie. Elle a tout emporté quand elle est partie.

Bad Love - TERMINÉE (en réécriture)Where stories live. Discover now