Septième Partie : Le Valet de Carreau - Chapitre Un

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Enchantia

Trois ans plus tôt : 17 Mortuus, an 121

Un navire venant de la Cité de Cœur, jeta l'encre au port de Doulton-sur-Mer. C'était le capitaine Jean-Benoît Valdez. Son bouc brun était mal taillé, cela faisait longtemps qu'il naviguait. Il se plaça derrière la rambarde de la dunette du bateau pour parler à son équipage.

- Après avoir réapprovisionné nos stocks et vous êtes hydratés à la taverne, je veux que chacun fouille de fond en comble cette ville pour retrouver le jumeau du prince, ordonna-t-il.

- À vos ordres, capitaines ! s'exclama en chœur l'équipage.

Jean-Benoît descendit sur le pont pour aller parler à son second et à son fils, Victor. Le jeune homme allait avoir seize ans, à cette époque. C'était sa première expédition en mer en tant que troisième officier. Jean-Benoît ordonna à son second de superviser l'approvisionnement. Il obéit et ferma la marche de l'équipage qui partaient travailler sur le quai. Le mousse était encore sur le pont avec le capitaine et le troisième officier, nettoyant les planches du sol.

- Quant à toi, mon fils, commença Jean-Benoît, je veux que tu partes en éclaireur retrouver le jumeau de ton cousin Roland.

- À tes ordres, mon capitaine, dit militairement Victor.

- Et emmène le jeune mousse avec toi. Félix a eu beaucoup de travail cette semaine, il devrait profiter de la terre ferme avant que l'on reparte.

C'est ainsi que les deux jeunes hommes, Victor Valdez et Félix se promenèrent dans la ville de Doulton-sur-Mer. Les rues étaient noires de monde, il était quasiment impossible de retrouver qui que ce soit. Le mousse était coiffé d'un bonnet rouge par-dessus ses cheveux roux, et il était habillé d'un pantalon en soie beige et d'un tee-shirt à rayures rouges et blanches, sous une veste tricotée.

- Alors ce job te plait ? demanda Victor à Félix.

- Et bien cela ressemble à mon travail dans la taverne de mes parents, mais je suis content de pouvoir découvrir autre chose que Wininbeg. Je n'avais jamais voyagé au-delà de ma ville natale auparavant. C'est très gentil de la part de ton père d'avoir accepté de me prendre comme mousse.

- Je suis content que tu fasses partie de l'équipage moi aussi, dit Victor. Tu es le seul garçon de mon âge, les autres sont tous des vieux marins. En même temps, pour notre mission, la Cour de Cœur ne voulait engager que des personnes fidèles à la couronne.

- Cela fait combien de temps que vous cherchez le prince disparu ? demanda Félix.

- Bientôt un an et demi... Nous avons sillonné tous les ports du Sud, du sud-ouest et de l'Est avant que tu ne rejoignes l'équipage. Mon père doit absolument retrouver le jumeau de mon cousin.

- Pourquoi ? demanda le rouquin. Je veux dire, c'est normal de le chercher, il fait partie de votre famille, mais tu en parles comme si le sort des Sept Royaumes en dépendait.

- Pas des Sept Royaumes, mais peut-être bien du Royaume de Cœur, expliqua Victor. L'argent des caisses du Sud est en train d'être dilapidé par les nobles depuis la disparition de mon oncle et de ma tante. Roland ne peut être couronné que dans cinq ans et la Cour de Cœur a proposé à mon père d'être roi provisoirement. Mais il n'a jamais voulu l'être, même pour cinq ans. C'est pour cela que même s'il était l'aîné entre lui et mon oncle, il n'est pas devenu roi.

- Il a refusé la couronne ? s'étonna Félix.

- C'est ce qu'il m'a dit, oui. Alors pour éviter d'être un roi provisoire, il a fait un marché avec quelqu'un à la Citadelle. Je ne sais pas qui, mais cette personne lui a dit qu'elle ferait en sorte qu'il ne soit pas roi s'il partait à la recherche du prince disparu et qu'il le ramène avant ses vingt-et-un ans.

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