VI. - Chapitre Huit

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Enchantia (Nolan)

Sept mois plus tard : 29 Memoria, an 119

Du haut d'une petite falaise, assis près du vide, Nolan observait la Forteresse de Carreau qui s'imposait dans le décor. Dans trois jours, le jeune garçon aura quatorze ans. L'hiver était glacé, Nolan était emmitouflé dans un épais manteau de fourrure, un énorme bonnet sur la tête et une écharpe tricotée autour du cou.

- Ah te voilà ! On va partir Nolan, viens nous aider à remballer ! dit une voix derrière lui.

C'était Burt. Le blondinet se leva prudemment pour ne pas glisser sur la neige, avant de le rejoindre. Cela faisait quatre ans maintenant qu'il voyageait avec les forains. Ils lui avaient appris un tas de choses. On lui avait même trouvé un véritable emploie. Nolan animait la scène avec d'autres danseurs et danseuses. Les filles et garçons qui l'accompagnaient pendant le show, lui donnaient des cours de chant et de danse. Le plus souvent, Nolan chantait et, depuis qu'il avait découvert ses pouvoirs, il était le régisseur qui s'occupait de la lumière sur la scène de temps en temps.

- Qu'est-ce que tu regardais, mon grand ? demanda Burt en ramenant Nolan dans la petite ville d'à côté.

- La Forteresse. J'aimerais bien vivre dans l'un de ses châteaux. Ça a l'air bien la vie de roi, rigola-t-il.

- Oh, je n'en suis pas si sûr, tu sais. Les rois, dans leurs châteaux, s'ennuient à mourir. Ils ne savent pas qu'ici, c'est nous les rois !

- Qu'est-ce que tu racontes ? demanda le jeune blondinet.

- Viens, je vais te montrer !

Ils arrivèrent dans le centre-ville plutôt animé. Les charpentiers martelaient des clous, les poissonniers hurlèrent, les bûcherons coupaient leurs bois, les chasseurs revenaient avec leur gibier, les forgerons battaient le fer, les boulangers pétrissaient leur pâte.

- Tu vois ? fit Burt.

- Que suis-je censé voir ?

- Le peuple, Nolan ! Les travailleurs ! Ce sont eux qui font tourner le monde, pas les rois. Les rois vivent dans des cages.

- Des cages ? Qu'est-ce que tu racontes ? rigola le jeune garçon qui ne prenait pas Burt au sérieux.

- Tu sais, on fait des cages de toutes les tailles et de toutes les formes. Mais nous, les forains, nous sommes libres ! Nous voyageons de villes en villes pour égayer les cœurs des pauvres travailleurs !

- Eux aussi sont en cage ?

- Et bien... Pas vraiment, mais ils ont des obligations. Il faut bien faire tourner ce monde ! Estimons-nous heureux de ne pas en avoir et de ne faire que ce qu'on aime !

Ils arrivèrent sur la place où les forains avaient commencé à désinstaller les structures et à tout remballer.

- Alors ? Tu préfères être un roi ou un artiste nomade ? demanda gaiement Burt.

Après avoir tout remballé, le convoi des forains partait en direction de Doulton-sur-Mer. Ils mirent deux jours à arriver. Nolan était assis à côté de Burt qui tenait les rênes d'une charrette peinte en rouge. Un orchestre de rue jouait du jazz sur les pavés. Doulton-sur-Mer était aussi animée que la ville précédente, mais d'une autre manière. Étant une ville côtière, Doulton était aussi une ville touristique. Des hôtels, des commerçants, des restaurants et des théâtres décoraient les quartiers. Et partout, de la musique. L'air marin avait dégagé le ciel. Il restait encore quelques traces de neiges sur les rebords de la route ou sur les toits des bâtiments.

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