La retenue

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Le lendemain matin, George me réveilla, complètement paniqué.

« Vite, réveille-toi! On est en retard! »

Il tira les rideaux de son lit et me lança mes vêtements pour que je puisse m'habiller. Le dortoir était déjà vide, les autres devaient tous être à leurs cours.

« Pourquoi Fred ne nous a pas réveillés? » me lamentai-je en enfilant ma robe de sorcier.

« Aucune idée, mais je vais le tuer. Si j'ai une retenue à cause de lui... »

Il ne termina pas sa phrase et m'entraîna dans l'escalier, sans se soucier que quelqu'un puisse me voir. De toute façon, la salle commune était complètement vide. Nous passâmes par l'ouverture laissée par la grosse dame et George m'embrassa rapidement sur les lèvres avant de se mettre à courir pour rejoindre son cours. Je courus dans le sens inverse, afin d'aller chercher mes livres et me dirigeai vers la classe de potions.

J'entrai dans la salle, complètement essoufflée, tout le monde me regardant au passage. Je baissai les yeux et rejoignis la table où Drago avait déjà commencé sa potion.

« Mlle Jedusor. Voulez-vous bien m'expliquer ce que vous portez? »

La voix de Rogue était glaciale et je levai les yeux vers lui, ne comprenant pas du tout ce qu'il voulait dire. Je me tournai vers Drago, cherchant une explication, mais son visage ne m'offrit uniquement de la haine et il reporta son attention sur sa potion.

« Ma robe de sorcier. Pourquoi? » demandai-je, comme si je lui lançais un défi, ce dont j'aurais dû m'abstenir.

« Je crois que vous n'avez pas bien regardé la robe que vous avez mise ce matin. Ou bien étiez-vous trop occupée à être dans un endroit que vous ne deviez pas? 10 points en moins pour Serpentard et vous aurez une retenue ce soir. Je vous attends dans mon bureau à 20h. Et tâcher de mettre la bonne robe. »

Il fit volte-face, sa robe volant derrière lui. Je baissai les yeux vers ma robe, cherchant ce qui clochait.

Au lieu de l'habituel blason de Serpentard se trouvait celui de Godric Gryffondor. George m'avait donné sa robe ce matin. Et il devait avoir mis la mienne. Je fermai les yeux devant notre étourderie. Nous étions complètement dans la merde.

J'eus encore plus de difficulté à exécuter ma potion et Drago ne m'aida pas comme il le faisait à l'habitude. En fait, il ne me regarda pas ni ne m'adressa la parole de tout le cours. Comme si ça ne suffisait pas, ma potion avait été un tel désastre que Rogue me retira cinq points supplémentaires et c'est la tête basse que je quittai la classe.

J'arrêtai dans mon dortoir pour changer ma robe et tentai de trouver George entre les cours, mais ce fut sans succès. Je devais penser à lui demander son horaire, ça faciliterait grandement les choses.

À l'heure du dîner, tout le monde parlait déjà de l'incident qui s'était produit en classe de potions. Je repérai rapidement George à la table des Gryffondors et me laissai tomber à côté de lui.

« Tu as eu une retenue toi aussi? » demandai-je alors qu'il me rendait ma robe.

« McGonagall n'était pas du tout contente », répondit-il en hochant la tête.

« Au moins, on sait qui était dans ton lit la nuit dernière », s'exclama un garçon à la peau noire en s'assoyant avec nous, accompagné de Fred.

« Parle pour toi, Lee », rigola Fred.

« Tu étais au courant!? Et tu ne m'as rien dit! » ajouta le garçon prénommé Lee.

« Eh bien, maintenant, tout le monde est au courant », dis-je en roulant des yeux et en tentant de réprimer un rire. « Je crois que Rogue ne m'aimait pas beaucoup à la base, maintenant ça va être pire! »

George passa son bras autour de mes épaules et m'attira à lui: « il ne sait pas ce qu'il manque », dit-il à mon oreille avant de déposer un baiser sur ma joue.

« Ils sont trop mignons! » s'extasia Fred, se moquant de nous. « Il y en a un qui apprécie moins le spectacle, je crois », ajouta-t-il en pointant derrière nous.

Je me tournai, imitée par George, et je remarquai Drago qui nous fusillait du regard, les poings serrés sur ses ustensiles.

« C'est ce qui arrive quand on joue au con », répliqua George et il fixa à nouveau son frère jumeau.

Je passai ma main sur ma cuisse, sentant la bague dans la poche de ma jupe. Je restai silencieuse pour le reste du repas et saluai les garçons avant de me rendre à mon prochain cours.

•••

20h arriva beaucoup trop rapidement à mon goût et je quittai mon dortoir afin de me rendre dans le bureau de Rogue.

« Vous copierez des lignes, Mlle Jedusor. Je dois toujours porter les couleurs de Serpentard. Vous écrirez cette phrase sur 60 centimètres de parchemins. Et n'écrivez pas trop gros. »

Je fis un léger signe de la tête alors que je sortais ma plume et mon encrier. Je commençai à écrire la phrase dictée par Rogue et je perdis rapidement la notion du temps. Lorsque je regardai enfin l'heure, il était presque minuit. Je mesurai mon parchemin et ne pus m'empêcher de soupirer de soulagement lorsque je vis les 60 centimètres réglementaires.

« Terminé », interpellai-je Rogue en frottant ma main, endolorie par toutes ses heures passées à écrire.

Il prit mon parchemin et y jeta à peine un coup d'oeil avant de me faire signe de quitter. Je pris mon sac et me dirigeai vers ma salle commune, complètement épuisée. En entrant, je vis immédiatement sa chevelure blonde distinctive et sans penser, je le rejoignis sur le canapé.

« Hey. »

Il se tourna vers moi, le regard vide. Il se força à sourire et replongea ses yeux dans les flammes. Je restai assise, en silence, quelques minutes avant de me lever.

« J'aurais pensé qu'on serait restés amis au moins », soupirai-je.

« J'aime mieux ne plus te parler du tout, pour ne pas regretter ce que je pourrais dire. »

« Vas-y, parle, Malefoy », m'exclamai-je sur un ton de défi.

Il se leva et se posta juste devant moi, sa tête dépassant la mienne et je dus lever les yeux vers lui.

« Après tout ce que tu disais sur les traîtres de Weasley, je n'aurais jamais cru possible que tu te rabaisses à en baiser un », cracha-t-il.

« Ce n'est pas parce que Voldemort est mon père que je dois toujours partager ses idéaux », sifflai-je à mon tour.

« Dis la fille qui recherche toujours une figure paternelle », ricana méchamment Drago. « Tu donnerais tout pour avoir un papa chéri. »

« La ferme. »

Il agrippa mon menton dans sa main, serrant fortement.

« Si tu savais à quel point j'ai envie de te punir en ce moment », murmura-t-il et je savais exactement de quoi il voulait parler.

Il approcha sa bouche de mon oreille et ajouta sur le même ton: « Je peux te dire qu'avec ma queue dans ta bouche, tu ne pourrais plus m'insulter. »

Je donnai un coup sur sa main et me libérai.

« Tu n'as plus aucun contrôle sur moi. Soit tu acceptes que je sois finalement passée à autre chose, soit tu fermes ta sale gueule. »

Ses lèvres s'étirèrent en un rictus face à mon ultimatum.

« D'ici la fin de l'année, tu seras de nouveau mienne. Tu m'appartiens, tu le sais très bien. »

« Rêve toujours. J'en ai marre de toi et de ta jalousie maladive. »

Je l'entendis rire alors que je montai rapidement les marches de mon dortoir. J'entrai silencieusement dans la pièce pour ne pas réveiller les autres filles, mais tout ce que j'avais envie de faire c'était de hurler. Hurler à m'en déchirer les poumons.

Au lieu de cela, je me couchai dans mon lit et roulai en boule l'écharpe de George, la serrant dans mes bras. 

L'héritièreWhere stories live. Discover now