Prologue

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La lune était bien haute dans le ciel et il faisait déjà nuit depuis un bon moment. Le vent sifflait sinistrement, faisant virevolter les feuilles qui tapissaient le sol et le ciel se couvrait de nuages plus sombres encore que toutes les horreurs qui allaient bientôt se produire. Durant tout le mois d'octobre, le temps avait été clément, laissant les villageois de Godric's Hollow profiter de dernières journées de chaleur typiques de l'été.

Les dernières lumières des maisons du quartier s'éteignirent rapidement, plongeant ainsi la rue dans une noirceur pratiquement abyssale. Les rideaux des fenêtres étaient tirés et certaines demeures paraissaient avoir été abandonnées. Parmi l'une des rares maisons encore habitées se trouvait une jeune famille, ne se doutant pas du sort qui l'attendait. Devant l'allée menant à la porte d'entrée se tenait un petit homme qui frottait nerveusement ses mains à la manière d'un rongeur. Il leva la tête vers la fenêtre du premier étage où il savait que l'enfant se faisait border pour la dernière fois et se mit à regarder impatiemment autour de lui. Le Seigneur des Ténèbres ne devait plus être bien loin à l'heure qu'il était.

Pendant ce temps, dans le comté du Wiltshire, une grande silhouette se promenait au milieu de la route, sa longue cape noire traînant derrière elle. Une aura de noirceur et de pure méchanceté se dégageait de cet inconnu. Il tenait un petit paquet dans sa main gauche alors que la droite tenait une baguette de bois. La silhouette se dirigea vers un manoir et s'arrêta devant la grille qui lui bloquait le chemin. Il agita la baguette d'un simple mouvement et la grille s'ouvrit comme par magie, lui permettant ainsi de continuer son chemin.

Une lumière s'alluma au premier étage du manoir alors que l'homme venait de s'immobiliser sur le porche d'entrée. D'autres lumières éclairèrent la gigantesque demeure, formant un chemin jusqu'à l'étranger. Il tournait le dos à la porte d'entrée et lorsque celle-ci s'ouvrit, il se tourna vers un homme d'âge mûr aux longs cheveux blonds.

« Bonsoir, Lucius. Quel temps magnifique ! »

« Maître, mais que me vaut cet honneur? »

Lucius s'inclina légèrement, montrant la supériorité de l'autre homme.

« Je ne resterai pas longtemps. Je n'ai toujours pas tué l'enfant. »

D'un coup de baguette, il fit ouvrir davantage la porte, laissant apparaître une femme aux cheveux tout aussi blonds que l'homme. Elle avait elle aussi un petit paquet dans les mains, mais le sien gigotait et l'on pouvait voir de petites mains s'agripper à ses cheveux.

« Narcissa, toujours aussi splendide. Comment va le petit Drago? »

« Très bien, Maître. »

L'homme retira le capuchon de sur sa tête, dévoilant son visage. Il n'était plus aussi beau qu'il l'avait été dans son jeune temps. Son visage semblait moins humain. Sa peau était pratiquement translucide et semblait avoir la texture de la peau de serpent. Ses yeux, d'un rouge cinglant, pouvaient sonder à travers les autres, empêchant quiconque de lui mentir ou de lui résister.

« Je vous remets ceci. »

Sur ces mots, il déposa le paquet dans les bras de Lucius. Ce dernier découvrit avec surprise que le paquet n'était autre qu'un bébé. Lucius regarda Narcissa, l'incompréhension parcourant son visage. Elle s'approcha de lui, Drago reposant dans ses bras, et fixa la petite fille qui dormait à poings fermés. Ses minuscules lèvres s'agitaient doucement au rythme de ses innocents rêves.

Le Maître remit son capuchon sur sa tête et se retourna vers la porte, restée ouverte tout ce temps. La main sur la poignée de porte, il s'attarda un instant avant de se tourner de nouveau vers les propriétaires du manoir.

« Vous comprendrez que vous devrez la traiter comme si c'était votre propre fille. Vous n'avez aucune idée de l'importance qu'elle aura dans l'avenir. »

« Maître... »

« J'ai une tâche à accomplir, Lucius, je n'ai pas de temps pour répondre à tes futiles questions. »

La voix de l'homme était restée calme, sans aucune méchanceté, contrairement à son regard.

« Appelez-la comme vous voudrez, mais il est impératif qu'elle reste une Jedusor. »

« Pourquoi garder ce nom? Vous-même ne portez plus ce nom. »

Cette fois, c'était Narcissa qui avait parlé. Sa voix était douce et calme. Les lèvres de l'homme s'étirèrent légèrement en un mince sourire, laissant tout de même la froideur sur son visage.

« Il est dans votre intérêt que vous continuiez d'ignorer certaines choses. »

Narcissa avança alors son visage de la petite qui dormait paisiblement, sans se douter qu'elle venait d'être abandonnée par son père et par le sorcier le plus redouté de tous les temps par le fait même. Elle croisa le regard de l'homme et fit un signe de la tête à peine perceptible qui signifiait qu'elle accédait à sa requête.

Ils élèveraient l'enfant, comme ils élèveraient Drago.

L'homme quitta le manoir et la porte se ferma derrière lui dans un bruit sourd. L'ambiance s'était soudainement allégée et Lucius se mit à bercer délicatement l'enfant. Il plongea son regard dans celui de sa femme et elle déposa sa tête sur son épaule, dépassée par les événements.

•••

Narcissa alla porter son enfant dans le petit berceau et le borda. Drago s'était enfin endormi. Elle quitta la pièce, laissant la porte entrouverte derrière elle. Elle descendit rejoindre Lucius au salon. Il était assis dans une chaise berçante et il fredonnait une chanson à la petite fille.

« J'imagine que tu veux honorer la tradition des Black, » chuchota Lucius, tâchant de ne pas réveiller la petite que venait de s'endormir.

Narcissa hocha la tête puis alla se poster devant la fenêtre, fixant le ciel. Pour une fois, il était dépourvu d'étoiles.

« N'oublie pas de te reposer, » l'incita Lucius en se levant. « Pour le nom de Drago, tu étais restée debout toute la nuit. »

« Encore quelques minutes et je te rejoins. »

Lucius sourit et déposa un baiser sur le front de sa femme avant de monter l'escalier.

Narcissa resta seule devant la fenêtre, fixant le ciel. Il lui fallait trouver le nom parfait.

Elle chercha encore et encore, mais aucune étoile ne semblait convenir à la petite. Ce ne fut qu'aux premières lueurs du matin que le nom idéal lui parvint. Leila.

Le Seigneur leur avait apporté l'enfant peu après le coucher du soleil et l'idée lui était survenue en même temps que les premiers rayons du soleil se pointaient à l'horizon.

Leila, le bébé du crépuscule.

•••

Ce qu'il s'est passé par la suite, tout le monde le savait. L'homme qui venait d'abandonner la chair de sa chair, avait péri, détruit par un simple bébé du nom de Harry Potter, ne lui laissant qu'une cicatrice sur son front. Il avait cependant réussi à tuer ses parents, laissant ainsi le petit, orphelin, avant d'être réduit à néant.

Mais cette histoire ne concerne pas Harry Potter. Elle concerne la petite Jedusor.

L'héritièreWhere stories live. Discover now