Chapitre 13 - 4

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Le jour était levé quand le guide épuisé émergea d'un dur sommeil. Il avait la tête dans du coton, ses paupières réclamaient plus de temps pour parfaitement s'ouvrir. Il n'était pas de très bonne humeur. Revivre ses années d'enfermement et de torture pesaient lourd sur son moral. Il commença une légère rotation vers l'autre côté de la pièce. Prism n'était plus dans son lit, pourtant ses affaires étaient encore là. Klam expira d'une peine pesante. Il n'avait pas la volonté de s'expliquer, il ne voulait pas déballer ce bagage encore et encore. Et il sentait bien que l'hybride voudrait lui faire payer cette déconvenue. Il avait bien compris qu'elle s'attendait à autre chose, et qu'elle n'appréciait pas qu'on retourne son talent à son désavantage.
Il se leva, tel un accusé qui entre sur l'esplanade où l'attendrait son bourreau. Il soupira et passa la porte. Toutes les trois étaient là. Elles prenaient leur collation du matin dans une ambiance légère et calme. Le grand brun prévoyait ce qui allait arriver et ça ne loupa pas. D'un sourire caustique Prism le toisa.

- Alors le fratricide, on se lève tard ?

La jeune femme éclata d'un rire franc devant les regards médusés. L'homme s'arrêta, il ne lâcha pas des yeux la moqueuse, ses lèvres tremblèrent, le blanc de l'œil rougissait. La douleur était vive. Mais avant qu'il n'éclate en une colère noire, le rire qui résonnait se modifia petit à petit et se mua en pleures étouffés. L'hybride tomba sur ses bras en de lourds sanglots, ce qui l'énervait.

- Mais merde, pourquoi, pourquoi ça me fait si mal ! C'est même pas mes sentiments ! Merde !

- C'est parce que c'était ma sœur et que malgré tout je l'aimais tendrement. Révéla Klam à voix basse avec un tressautement.

Alors que Delili n'avait pas encore comprit ce qu'il se passait et le sujet évoqué, Oul méprisa froidement sa cadette.

- Je savais que t'essayerais tes petits coups de tordue. Mère t'a toujours dit qu'il fallait se méfier de cette capacité. Tu prends toujours les inconnues de haut, tu te crois, plus forte et plus intelligente. La vérité c'est que tu ne maîtrise rien.

- Alors tu savais ? Tu savais, espèce de connasse, que ce type à une parfaite vie de merde. Tu sais que je vis les souvenirs, alors c'était un piège ? Tu déteste à ce point ce que je suis ? Et ça sans ménager ton camarade ? Parce que ouais, lui aussi à tout revécu ! T'es contente de ta petite expérience ? Ragea la femme à la mèche blanche.

- Ce n'était pas mon intention. J'ai supposé que tu partirais en essayant de me combattre à nouveau. Mais tu as préféré t'en prendre à mon guide et lui voler ce qu'il était. Ne vient pas me reprocher un choix que tu as fait. C'est toi la pire des égoïstes. J'aurais pu te laisser crever, mais celui à qui tu dois ta vie, tes soins, et toute cette aide, c'est mon guide. Avoues que tu te moquais bien de savoir qui il était, de savoir qu'il souffrirait.

Oul se leva et regarda son camarade avec une grande sincérité. Aklameon, je suis désolé de tout ça. Tu n'avais pas à revivre ça. Je me suis déchargée sur toi et c'était une possibilité dont j'aurais dû te parler.

Mais le grand brun ne répondit pas. Il n'avait rien à répondre, il en avait juste marre. Il alla s'habiller avec amertume, marqué du visage des mauvais jours. Avant de sortir, il indiqua qu'il allait aider au village. Il claqua la porte.

Delili fouillait les réactions pour démêler le fil de cette situation qu'elle ne s'expliquait pas. L'ambiance avait vraiment changé à cause des quelques mots de Prism. Pourtant, elle bloquait sur un mot.

- Mais ça veut dire quoi à la fin fratricide ? Pourquoi Klam est devenu aussi triste ? Et pourquoi tu t'excuses, Oul ?

- Ça veut dire qu'il a tué un frère ou une sœur.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant