Chapitre 7 - 4

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Oul entra de nouveau chez Guerwan.

- Bon bin j'ai gagné une robe apparemment ! badina la puissante femme.

Aklameon se retourna et vit qu'il y avait quelque chose qui clochait. Mais une voix aigüe cria depuis le dehors.

- Tu mets la robe et tu ressors ?

L'homme leva un sourcil inquisiteur, il attendait une explication. Il était certain que le ton guilleret des deux personnes annonçait quelque chose de saugrenue. Il dévisagea de plus en plus sa camarade à mesure qu'elle approchait.

Elle tendit la robe à son guide assorti d'un sourire carnassier.

- Il est hors de question que j'enfile ça et que je me montre en spectacle. On était d'accord c'est ton souci les relations avec les gens.

- J'ai pas très envie de mettre une robe à fleurs. Lança-t-il mécontent et renfrogné.

- Si tu crois que j'en ai envie. Appuya-t-elle d'un sourire en coin.

La malice se lisait dans ses yeux en avançant l'objet du débat. L'homme stoppa le geste de la main.

- Je vais pas mettre ce truc.

- Enfin Williams, qu'est-ce que va dire cette gentille enfant si ses nouveaux amis n'apprécient pas son cadeau ?

- Tu peux pas simplement dire « merci, je le mettrais plus tard ».

- J'ai essayé de cramer la robe, mais la gamine était dedans. Plaça-t-elle d'une moue amusée. Elle veut juste que quelqu'un enfile cet habit et ça ne sera pas moi. Elle approcha le tissu tellement près de la tête de Klam que cela encombrait son champ de vision.

- Et naturellement c'est à moi de m'y coller ?

- Mets cette robe, ou j'agis à ma façon et je crois que ça n'amusera que moi. Intima-t-elle.

- C'est du chantage à deux balles. Claironna-t-il en saisissant très ironiquement l'habit. Je vais être magnifique et tu passeras pour la rabat-joie.

La conversation était à la fois tendue et bon enfant. Guerwan ne savait pas trop quoi faire. Il se demanda si participer à la scène serait le bienvenu. Cela ressemblait à de la plaisanterie, pourtant étrangement la dureté de certains propos affirmait le contraire. Il se tint à distance, ne comprenait pas les spécialistes. Il se convainquit que c'est une forme d'excentricité propre aux gens d'Arkovir.
Le guide retira sa veste et se vêtit du tissu blanc ajusté à la taille et bardé de fleurs colorés. Il ondula.

- Tu vois, ça me va parfaitement. Ça éclaire mon teint. Les couleurs chaudes donnent à ma chevelure brune naturelle toute sa force. Dommage cela t'irait bien chère comparse. S'anima-t-il.

- J'aimerais te faire un geste obscène en guise de réponse, mais lequel ? Oh oui, je sais. La sorcière leva son majeur et le pointa avec franchise.

- Tu es grossière ma chère, tu dois être honteuse d'être maintenant moins gracieuse que moi. Articula-t-il de la façon la plus précieuse et horripilante possible.

- Que dit Sivalee d'habitude ? Ah oui. Elle se rapprocha tendit le bras et plaça son doigt d'honneur à quelques centimètres du visage du guide. Vas bien te faire foutre, sac à merde !

- Tu m'en vois vexé ma tendre collègue. Continua Klam sur le même ton. Il fit mine de faire un bisou et cligna de l'œil.

Oul s'en sentit profondément écœurée, mais n'avait rien d'autre sous la main que son doigt d'honneur, alors elle saisit son camarade par le coude et le poussa dehors.

La querelle avait mis à mal les certitudes de l'administrateur, l'idée lui traversa l'esprit que peut être le sérieux des deux spécialistes étaient à remettre en cause.

Le grand brun tomba nez à nez avec la petite qui attendait sur le perron. La face de cette dernière s'illumina devant le spectacle. La sorcière suivit le pas et gardait une poigne ferme sur le coude du citéen.

- Tu es magnifique ! entonna la poupée avec de grands gestes de bras.

- Ah tu vois, M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E ! Je resplendis.

- Tu es comme un papillon ! Claironna derechef l'encapuchonnée.

- Mon amie est très timide alors elle ne voulait pas mettre cette robe devant tout le monde.

- C'est dommage, elle est très jolie. Et elle serait encore plus jolie avec. Soutint énergiquement la petite.

- Oui je sais, euh ... quel est ton nom ?

- Mayline, monsieur !

- Et bien ma camarade va te remercier et on va repartir travailler. Maintint le guide malgré la pression qui s'accentuait sur son articulation.

- Merci. Dit sans une once de détermination la grande brune.

- Merci qui et pourquoi ? Demanda de façon parental Klam, toujours soumis à plus de douleur, mais qui resta imperturbable.

- Merci, Mayline pour cette robe. Poussa d'une voix monotone Oul.

- De rien ça me fait plaisir d'avoir une amie magicienne. Chantonna l'enfant en tapant dans ses mains. L'intimidante femme roula des yeux et fixa son guide.

- Bon et bien Mayline, ta nouvelle amie et moi on a du travail. Au revoir.

- Au revoir ! Salua la petite toujours aussi enjouée qui secouait sa main.

Il referma la porte avec le même geste que la frêle silhouette. Le bois couina et l'homme se retourna vers son commanditaire. Il reprit un air sérieux tout en ôtant la robe qu'il confia à la sorcière.

- Excusez cette interruption, ma collègue ne sait pas y faire avec les enfants.

- Non, j'ai cru comprendre que Mayline voulait vous donner ce présent. Il ne faut pas lui en vouloir, elle a toujours été très joyeuse et avenante. Elle aime rendre les gens heureux. Le souci c'est qu'elle ne renonce jamais quand elle a une idée en tête. Excusez là si elle vous a importuné.

- Oui, les enfants ont leur petit carafon.

- Je n'ai rien demandé à cette petite. Grommela Oul.

- Elle est un peu intrusive. Mais elle a toujours été comme cela.

Il y eut un silence marqué de la part de l'administrateur. Une lourdeur peinée dans le regard, comme s'il en savait plus sur le passé de l'enfant qu'il ne voulait bien le dire. Klam connaissait cette funeste pause, il fit un petit signe à son acolyte de ne rien ajouter.

Après avoir été perdu dans ses pensées un instant, Guerwan revint au fait.
- Et bien mes amis, la mission approche. J'ai le cœur serré par l'angoisse, je l'avoue. Nous avons fait tout notre possible pour sauver l'avenir de cette enfant et peut être du village. Espérons que tout se passe bien et que nous serons pardonnés. L'hôte se leva et appela sa femme depuis la fenêtre. Son œil inquiet toisa les deux spécialistes. La peur envahissait le pauvre homme, l'incertitude de s'en sortir. Au-delà d'un acte désespéré il avait fait son possible pour que le meilleur se produisit.

Après un rapide échange il confia les spécialistes à sa femme. La rousse aux traits plein de douceur demanda à la suivre. Elle embrassa ses enfants à son départ. Les trois individus sortirent du village en direction de l'ouest. Ils marchèrent dans le plus grand calme.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant