Chapitre 8 - 4

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Klam vit émerger Delili, comme si elle avait surgi du sol et finit sa course à la même place que celle de départ. Elle avait disparu une dizaine de secondes au plus. Oul s'était placée de façon à amortir le dos de l'enfant.

La petite était un peu sonnée et tomba dans les bras de la traqueuse.

- Alors gamine, tu as vu quoi ?

- Une étendue magique allant au-delà des mondes, j'ai plongé et émergé de nouveau, en voyant la magie s'étendre à travers le ciel.

- Tu as compris peut-être plus que ce que j'espérais. A voir l'état de tes iris, le lien que j'ai voulu créer est établi. Tu vas aller te reposer, faut arriver à encaisser et à réfléchir à tout cela.

Delili émue par son voyage, remercia poliment d'un signe de tête la sorcière. Sous la fatigue la demie-esprit s'endormit en un instant.

Oul regarda vers son guide et émit un sourire de satisfaction.

- On va avoir un peu la paix. S'amusa-t-elle.

- Tes trucs magiques restent un brin sordide. Regarde le bazar ! Sans parler de ce cercle graver dans le sous-bois.

- T'es marrant Klam. J'y suis allé avec beaucoup de douceur. Traverser le voile de cette façon est brutal pour la zone de sort. Si j'avais loupé mon sort la gamine serait une bouillie rougeâtre au sein d'une vaste crevasse. C'est un sort de combat modifié.

- Tu aurais pu faire ça avec la méditation.

- Non, c'est chiant. En plus, ça me permet de me dégourdir.

- T'es une grosse brutasse, ma chère.

- Haha, pour une fois que j'utilise un sort complexe intéressant. Mais j'avoue que ça me met de bonne humeur.

Le citéen envoya une moue amusée, avec un soupçon de désapprobation. Il aurait pu condamner et partir dans un énième sermon, mais il était intrigué. Cette magie comme les yeux de sa comparse possédait une force hypnotisante, un souffle fantastique. Il n'était plus l'adolescent grisé par l'inconnu, mais il se sentait l'espace d'un instant un peu plus vivant. Il rangea le camp avec cette pointe d'amusement. Oul s'était assise, elle regardait son guide. Il était brulé, mais faisait comme d'un rien. Il pouvait être pénible, mais malgré les plaintes et les mauvais coups elle n'avait jamais regretté de l'avoir sauvé.

A travers lui brillait quelque chose qu'elle ne voyait nulle part, cette étrange lueur qui apparaissait même dans le flux. Comme un réconfort ambiant planait et même si cette espèce d'aura s'essoufflait parfois quand il s'énervait ou s'assombrissait, cela ne tardait pas. Il était parfois bizarre, son iris d'un marron profond à la limite du noir brillait souvent d'une compréhension, celle de ceux qui ont trop vécu. Pourtant, la mélancolie, l'épuisement, la tristesse qui teintait cette compréhension d'un ton morne nourrissait une volonté plus profonde encore, qui sous toutes ses couches de peines et de douleurs transparaissait. Ce petit éclat aurait dû mourir face à l'artefact de la folie, tout comme son porteur. Mais il s'accrochait irrésistiblement.

Oul avait étreint une voie et avait suivi ce fil de vie, qu'il soit maudit ou plein d'un espoir. Un voyage qu'elle n'avait plus à faire seule, et certaines questions qu'elle n'avait plus à se poser. Depuis que sa mère n'était plus, elle avait abandonné ce confort intérieur, de pouvoir compter sur autre chose qu'elle. Elle avait choisi ce quotidien solitaire, car chaque personne était un lot de problèmes. Et son lot lui suffisait. Puis vint ce type, pleins de problèmes, mais pour une fois, certains étaient intéressants.

La sorcière s'amusa à regarder son guide. Elle se demandait comment ce pauvre humain avait pu survivre. C'était étonnant, même pour elle. C'était aussi incongru, qu'illogique.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant