Chapitre 4 - 4

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La chevelure d'or réapparut. L'homme étendu-là ne put retenir un petit sourire. Elle se posta à nouveau près de son épaule gauche.

- Klam, je sais que vous avez des réticences à devenir le guide de Oul. Néanmoins, je pense que vous avez-vous aussi vos besoins, vos objectifs, vos rêves. Elle peut vous aider à vous accomplir.

- Je serai rassuré si vous veniez avec nous. Vous soignez, la vie vous importe, vous me comprenez.

- Je ne peux venir avec vous.

- Pourquoi ?

- Une Svanti ne peut partir loin de son accueil. Les Svanti de par leur rôle ont un territoire établi et nous ne sortons pas de notre territoire. Tous ceux qui ont besoin savent où nous trouver, nous vivons là où nous soignons.

- Alors je souhaite rester à vos côtés.

- Je crois comprendre ce qui motive cette réaction. Je dois être sincère avec vous, tout ce que vous percevez est altéré par mon don. Tout Svanti exerce une magie de zone, vous êtes sous mon charme. Vous me percevez comme la personne la plus rassurante qui soit et c'est un effet de ma magie. Quand nous arrivons auprès d'un être blessé nous ne pouvons-nous permettre une réaction inappropriée de sa part. Nous utilisons la magie via un charme qui nous protège. Nous la faisons fluctuer aux grés des émotions pour qu'elle corresponde aux besoins du blessé.

- Donc ce charme altère ma perception, vous n'êtes pas comme je vous vois ?

- Si, disons que cela enjolive. Enfin dans votre cas, c'est une fluctuation que j'amplifie, car vous y êtes réceptif. Vous ne voyez que ce qui vous rassure, mais il n'y a pas de mensonge profond. Mon rôle exige le bien-être de ceux que je soigne. C'est comme cette conversation, je vous explique beaucoup de choses sur mon rôle, car vous avez un besoin de savoir. Une curiosité mêlée à de la peur. Vous devez comprendre que ce qui vous pousse à rester, vient de mon rôle et non de ma personne. Vous ne pouvez rester et je ne peux partir.

- Mais mon intérêt pour vous n'est pas tronqué, j'apprécie vos qualités relationnelles et votre rôle. C'est important pour moi, la vie et tout ce qui permet de la maintenir.

- Cela et mon physique...

- Peut-être et alors. Je veux bien que votre magie vous rend attirante, mais tout ne repose pas sur votre grâce naturelle ou magique.

- Vous ne me connaissiez pas. Vous ne laissez pas facilement les gens venir vers vous d'habitude. Je me trompe ? L'homme ne démentit pas. Alors analyser tout cela et vous verrez que votre état émotionnel est biaisé.

- Je le sais. Mais vous semblez apporter à la vie des autres autant d'importance que j'en ai. Comme si nous nous comprenions par le seul fait d'aimer la vie.

Il eut un regard détonnant dans les yeux du blessé, une profonde mélancolie et une volonté transcendante. Ses mots avaient un poids particulier dans la bouche de cet homme. La parfaite en eut un frisson qui remonta tout le long de sa colonne vertébrale. Elle sembla surprise et touchée, la remarque avait tapé sur un point précis. Elle en fut décontenancée et balbutia.

- Vous ne me comprenez pas. Vous ne comprenez rien de mon rôle.

L'homme perçut l'impact de ses mots, il culpabilisa.

- Désolé... Votre rôle est toute votre vie et vous dédiez toute votre vie aux autres. Je ne devrais pas nous mettre sur un même plan. Vous agissez, de mon côté ce ne sont que des mots.

- Ne vous excusez pas. Cria-t-elle. Vous ne comprenez rien. Elle se détourna. Vous vous méprenez. Elle soupira. Ce n'est pas par dévouement que je soigne. C'est mon rôle, rien de plus. Elle serra les poings. J'aimerais avoir autant de volonté que vous. Je vous ai senti comme habiter par vos paroles. Elle se retourna visiblement énervée. Je vous envie tellement. La vie, je la vois juste passée.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant