Chapitre 11 - 3

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La soirée passa et l'épuisement la gagna. Delili ne l'avait pas quitté d'un pouce. Elles n'osaient pas trop se regarder, leur précédente rencontre avait été tout autre. Néanmoins, la demie sang tendit une couverture à la fille du comte. Un peu honteuse, cette dernière se couvrit et tourna un peu le dos à Delili. Il eut un silence.

- Je suis désolée, je t'ai maltraité. Je t'ai dit des tas de choses, parce que tu étais enchainée et j'avais mes gardes... Je suis tellement désolée... Je ne savais pas, ce que ça faisait d'être ...

Delili s'enfonça dans son duvet, mal à l'aise. Pourtant les sanglots qui avaient pris le dessus sur les mots attirèrent un lointain souvenir. La demie-esprit posa sa main sur le dos de Medara et recommença ses petites caresses en cercle.

- J'ai compris. Allez, ça va aller maintenant.

- Merci...

- Ca ne veut pas dire que je t'ai pardonné. Juste que je comprends.

La nuit emporta les larmes, les cauchemars et les peurs. Au matin l'adolescente se réveilla sans chaine, ni bâillon, et elle se sentait heureuse. La grande brune au regard d'or était déjà debout et grignotait un peu de pain. L'homme n'était pas là, mais la demie sang dormait toujours. La grande femme lui tendit un fruit comme pour l'inviter à venir manger. Quelques courbatures ralentissaient la venue de l'ex esclave, plus dues à une mauvaise position prise pendant la nuit.

- Merci, je dois vous avouez que j'ai un peu faim.

Oul ne répondit qu'avec un mouvement de sourcils assez moqueur pour évoquer la trop grande banalité de cette phrase. Medara avouait juste un remerciement plus grand qu'il n'y paraissait. Et elle devait bien admettre que faire face, à nouveau, à ce regard l'angoissait. Cette femme l'intimidait. Elle prit le fruit qu'on lui tendait et s'assit près de la brune.

Elles mangèrent dans un silence maladroit, et plus le temps passait plus la grande brune intriguait la jeune fille.

- Vous êtes jolie, vous venez d'où ?

- Pas d'ici.

- Des nations du sud ?

- Pas exactement, mais qu'est-ce que tu veux dire par « vous êtes jolie » ? Je m'attendais à une autre platitude.

- Désolé, je ne voulais pas vous importuner. Juste que vous êtes grande, fine et robuste. Il y a une étonnante grâce qui s'émane de vous, sous votre air dur et menaçant.

- Je pensais que tu me parlais de mon teint.

- Mais votre teint est très joli aussi.

- Tu fayottes ou tu flirtes ?

- Euh, désolé... Un instant de silence donnait à Medara l'occasion de se reprendre. Je voulais juste évoquer ce sentiment bizarre, j'ai peur de vous, mais vous m'attirez. La langue de l'adolescente avait fourché et le mot employé était étrangement sensuel. Elle rougit et bégaya des phrases rapides. Non, non, enfin pas comme ça. Je ne sais pas si j'aime les filles ou les garçons... . C'est juste que vous êtes étonnement forte et élégante. C'est fascinant.
C'est plutôt ça que je voulais dire.

- Je ne serais pas te dire, pour moi tout le monde se ressemble. La forme des gens ne m'évoquent rien. C'est étrange que tu attaques dès le matin par un compliment physique.

- Je ne sais pas vos yeux me troublent, ils m'effraient et me captent, je ne peux pas m'empêcher de vous admirez comme si votre essence même me parlait.

- Oh ! Je vois. Bin c'est sûrement le flux, tu dois avoir une forme de sensibilité. Tu as déjà essayé de faire un sort.

- Non, c'est ... de la magie. Ce n'est pas que c'est interdit, mais... ce n'est pas ce que je souhaite.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant