Chapitre 9 - 9

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- Alors j'irai en personne.

- Mon précieux ami, ce n'est pas une bonne idée. Si la gamine te reconnait, toi ou tes magiciennes, car je suppose que tu ne vas pas y aller seul, ça serait de la folie.

- Non, justement cela me permettra de régler deux problèmes d'un coup. Et peut-être même de sauver la vie des esclavagistes.

- T'as du cran et j'espère que t'as aussi un plan, car de belles paroles ne changeront pas l'état du merdier.

- Pour être sûr du résultat, il faut mettre la main à la pâte. Cette histoire est trop risquée et je crois plus en ma sorcière qu'en une troupe de fiers mercenaires. Personne ne nous achètera et personne ne pourra nous relier à Dezalik directement. L'acquéreur de Medara LINDERMÄR est passé par plusieurs intermédiaires et on ne sait pas qui il est. Mais s'il perd son achat, il tiendra à se venger. Il vaut mieux qu'une troupe de trois inconnus et un informateur anonyme qu'une délégation provenant de Dezalik offrant le marchand coupable.

L'acquéreur de Medara LINDERMÄR la connait peut-être, voir à des gens placés à la maison LINDERMÄR. Il faut donc que l'histoire ne s'ébruite pas.

- Tu veux découvrir qui est l'acheteur ?

- Qu'on le sache ou non, c'est le même danger, lui voudra savoir qui on est. Autant connaître notre homme. On pourrait même demander l'appui du Comte. Bref, plus j'y réfléchis et plus le marchand et ses hommes ne doivent pas réapparaitre.

- Le mieux s'est de les faire disparaitre.

- Le mieux c'est de savoir où ils sont, de pouvoir s'en servir en dernier recours comme garanti. Le marchand n'est pas idiot, il va vite comprendre que si on récupère la fille, il n'a pas d'avenir dans le métier. Il ne pourra s'excuser ni auprès de l'acheteur, ni de l'acheté. Sans nous il est fini.

- Donc, Maxius doit s'en sortir ?

- C'est déjà un esclavagiste en moins dans le métier. Rien ne dit qu'il s'en sortira, tout est encore une histoire de négociation. Peut-être qu'au moins on sauvera ses hommes.
- Tu crois que ces enfants de salauds se repentiront.

- Ils ont peut-être une famille. Tu sais mieux que quiconque tout ce qu'il y a à perdre. Ils comprendront.
- Tu te fais peut-être des illusions, mais je ne peux pas te blâmer.

- Aucun plan n'est parfait, tu sais que je ferais mon possible pour éviter des morts.
- Je comprends, mais tu prends personnellement beaucoup de risques.

- J'ai une sorcière des terres reculées et son apprentie, c'est non négligeable.

- Méfies-toi quand même, certains n'hésiteront pas à lancer l'inquisition et leurs différents ordres à vos trousses. Le Comte fait parti de ces personnes.

- Je sais. Acquiesça Aklameon pensif.

Oul avait laissé le marchand aux hommes envoyés par Hammet et s'approcha de la conversation.

- Guide, donc on laisse Mayline ?

- Si on veut poursuivre ceux qui détiennent Medara LINDERMÄR, on ne peut pas l'emmener avec nous. On pourra toujours revenir ou aller lui rendre visite à Vehald. L'important c'est qu'elle soit en sécurité.

- Et pour Delili ?

- C'est ton apprentie, tu décides. Elle sera en danger, mais elle sait se défendre.

Oul réfléchit, le plan ne lui plaisait qu'à moitié. Elle savait que ce n'était plus à elle de veiller sur Mayline. Elle savait que son apprentie devait la suivre. Elle avait déjà pris sa décision, pourtant elle avait un doute. Devant l'air songeur de son acolyte, Klam tempéra.
- Oul, on ne va pas partir tout de suite. Il faut qu'on prépare des affaires et qu'on sache quelle route empreinte le convoi et déterminer où on pourra les trouver à coup sûr. C'est une question de quelques jours, toutefois si tu as des doutes tu as le temps d'y réfléchir. Après je t'ai compté dans mon plan, mais si tu veux rester ici je ne t'oblige à rien.

- C'est évident que je viens, qu'est-ce que tu ferais ? Des câlins à tout le monde ?

- Mais tu as l'air perplexe. Qu'est ce qui ne te convient pas alors ?
- Pendant que tu étais inconscient, j'ai fait un cauchemar. Et ce n'est pas bon signe.

- Tu es superstitieuse ?
- Seulement quand ces rêves sont chargés en magie. Il y a quelqu'un derrière et ce n'est pas anodin. Je ne sais pas qui, et il se sert peut-être de mes souvenirs, mais notre combat avec la sorcière de sang à éveiller un intérêt.
- Ca d'accord, ça n'est pas bon signe.
- Un intérêt peut être momentané et c'est peut-être juste une vengeance de la vieille peau qu'on a affronté. Mais si je suis en chasse, d'autres le sont aussi. Chaque manipulateur de flux à ses propres buts, ceux qui choisissent d'interférer peuvent devenir des ennemis.

- Tu as des ennemis ?

- Peut-être. Il y a des gens qui préfèreraient me savoir morte, mais aucun n'a agi en ce sens.
Klam comprit que les forts mouvements de magie pouvaient être guettés, comme Oul l'avait fait dans la forêt. Les sorciers et sorcières étaient toujours sur le qui-vive et une Oul en action ne passait pas inaperçue.
Chaque puissant combat révélait aux autres les forces en présence, les capacités des protagonistes et le danger qu'ils représentaient. Le citéen comprit alors pourquoi Oul utilisait ses pouvoirs avec parcimonie.

- Delili ne sera pas en sécurité avec nous.

- Elle est devenue mon apprentie, c'est à elle et à moi de ne pas défaillir. Elle est responsable de sa vie et je suis responsable de la qualité de son action. Un mauvais apprenti est le résultat d'un mauvais enseignement. Contrairement à elle, Mayline n'a pas à vivre ça.

- Je crois comprendre les questions qui t'assaillent. Tu es plutôt à cran ces derniers temps, comme si tout t'échappait. Oul, dis-toi que ça ira. Après tout, personne ne t'a demandé de gérer tout cela seule.

Oul passa à côté de son guide, elle déposa sa main sur son épaule tel un remerciement. Elle s'éloigna. Aklameon mura son inquiétude, la sorcière avait le droit d'avoir ses propres doutes. Et d'y trouver ses propres réponses. Alors il discuta avec Hammet pour établir un plan d'action et retrouver Medara.


Au petit matin Hammet avait réussi, avec son réseau d'informateurs, à se procurer un trajet plus précis du convoi et une quantité non négligeable d'éléments sur l'équipage du convoi et le matériel transporté. Les hommes du marchand avaient choisi une route longue, mais assez sûre pour ne pas perdre le colis. Des lieux assez isolés des grandes routes civilisées, mais suffisamment pérennes pour ne pas avoir à faire face à des monstres, ou à des bandits.

L'équipe de sauvetage avait du retard, mais devait être sûr du point d'interception. Le trajet du convoi était clair, mais pas l'horaire de passage du convoi. Une tactique courante chez les contrebandiers et autres, qui consistent à faire varier le jour où passera le convoi.
L'énorme faille résidait en un lieu, l'endroit de livraison du colis : le nom d'un village perdu dans la forêt du royaume de Resig, Klabem'Tan. La livraison aurait lieu sur le Nekim'Tan, le fleuve qui traverse la région. Un quai au bord des eaux permettait le commerce avec le reste du pays. Le royaume de Resig n'avait qu'un navire pour la zone et ne tolérait que ce navire sur cette portion du fleuve. Or, il ne passait à Klabem'Tan qu'un jour par semaine, toujours le même. On aurait pu estimer le temps de trajet et trouver d'autres points de passage pour arrêter le convoi.

Toutefois, à Klabem'Tan, des hommes du client ou payer par le client prendraient le relais. C'était une chance non négligeable d'en savoir plus sur l'acheteur.

Aklameon peaufina son plan. Il pouvait rattraper et devancer le convoi à Klabem'Tan. Une carriole de voyage pouvait les mener à la frontière avec Resig ou se joindre à un groupe de marchands. Il rallierait le village avant l'arrivée du convoi.

La poursuite commença et les trois voyageurs laissèrent derrière eux Hammet, Mayline et la petite-fille de Hammet. Le vieil homme s'assura de faire parvenir les informations aux oreilles des bonnes personnes. Mayline serait en sécurité et un point de rendez-vous serait convenu avec le comte, dans l'espoir de lui ramener sa fille, avant qu'il n'apprenne par d'autres sa situation de marchandise humaine.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant