Intermède 5

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Le vert des feuillus n'avaient pas encore perdu de sa superbe et pourtant les grandes terres forestières entendaient déjà les brises qui susurraient l'arrivée d'une autre saison. L'humidité du sous-bois respirait la vie et les fleurs s'enorgueillissaient de pouvoir danser encore dans les rayons du soleil. Les insectes virevoltaient et rampaient à la surface de ce petit monde. Lorsqu'un pas se posa là.

Une silhouette blanche s'approchait de l'accueil de la svanti, d'un calme certain, elle fit irruption dans le sanctuaire paisible.

Sindatra qui venait de sortir de sa pièce de soin lâcha de stupeur le petit panier qu'elle tenait. En face d'elle se tenait un regard écarlate. Les deux orbes de sang la fixaient. Le silence fut long, une terreur face à un sourire. Les deux individus n'en étaient pas à leur première rencontre.

- Sin', je vois que tu moisis toujours dans ton charmant bric-à-brac.

- Cesses tes remarques, ma vie de svanti me convient très bien.

- Oh et c'est comme ça qu'on accueille les gens maintenant, je te croyais plus gracieuse.

- Cela faisait longtemps, et la mort pouvait expliquer que tu ne reviennes pas.

- Alors on devrait se réjouir, non ?

La silhouette eut un grand geste théâtrale comme pour enclencher une accolade.

- Que viens-tu faire ici ? Coupa la svanti. Tu n'es pas devenue rompu aux visites de courtoisies, non ?

Une moue se dessina sur la bouche du visiteur et un air faussement triste.

- Va falloir que je te fasse mon air de petit animal blessé pour que tu veuilles être plus amicale. La mimique disparue et le visage s'assombrit. Ou bien faut-il qu'on se déchire ? Tu sais parfaitement pourquoi je suis là, tu sais parfaitement qui je cherche.

- Pourquoi, et pourquoi maintenant ?

- Ca, ça me regarde. Je sais qu'elle est venue, alors dit-moi ce que tu sais.

- Je suis une svanti, m'attaquer serait une grave erreur.

- Oh Sin', tu crois vraiment à tes belles paroles ? La silhouette attrapa la blonde par un des bras. J'en ai marre que tu essaies de gagner du temps, je me suis déjà prémunie contre ton espèce d'aura. Faut-il vraiment que je te prenne tout ce que tu es pour avoir une réponse.

Les longues larmes de Sindatra tombèrent de ses joues.

- Je t'ai déjà confié l'un de mes dons par le passé, tu ne pourrais pas t'en tenir à ça.

- Ah oui, merci. Se régénérer c'est très pratique. Mais ça ne met dit pas où elle est !

La colère montait dans les iris injectés de sang, elles se mirent à luire.

- Elle est venue avec un citéen, elle est sur une piste de corruption. Elle va chez les citéens avec son guide.

- Tiens, c'est marrant ça. Elle part en voyage avec un petit humain. Et je paris que tu n'en sais pas plus.

- Non, j'ai juste soigné le citéen. Ils n'avaient pas l'air de bien s'entendre quand ils sont arrivés.

- Tiens donc. Et tu trouves ça étonnant ?

- Lâches-moi...

La pression se desserra autour du bras de la svanti, qui le retira d'un geste sec.

- Le bal des nations et des humains. J'en fais mon affaire. On ne survit pas sans un minimum d'adaptation.

Sindatra effaça ses larmes de ses doigts fins.

- Je t'en prie, pas de violences.

- J'ai des comptes à régler.

Les yeux écarlates se posèrent dans ceux noisette de Sindatra. Un regard profond et ténébreux saisit la svanti, elle avait soudain peur. Le silence évoquait à lui seul la personne bien différente qui se tenait face à elle, différente de celle qu'elle avait connue. La rage, la haine avait germé et donné naissance à ce nouvel être.

Sindatra avait peur pour le citéen, peur pour Oul et à présent peur pour sa propre vie.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant