Chapitre 9 - 5

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Atanae rentra de l'école et se présenta aux invités, sympathisa vite avec Delili. Oul resta dans son coin jusqu'au repas pendant que les deux autres préparaient. Le diner fut complet et tous apprécièrent les plats copieux concoctés. Hammet ne tarda pas à pousser Klam à aller se coucher, car il voyait bien cette souffrance à peine dissimulée. Oul insista pour faire plier le citéen aux demandes de leur hôte. Il se résolut à l'idée et monta dans les chambres à l'étage. Atanae aida son grand-père à enlever le couvert, puis alla elle aussi au lit. Les trois restants commencèrent à bavarder autour de la vaisselle qu'ils nettoyaient.

- Vous connaissez Klam comment ? Demanda la demie-esprit.

- Dorn Dar Gorth ! La citée prison où les nations déversent les gens les plus embêtants, afin qu'ils ne reviennent jamais. Ce lieu est tellement horrible que chaque criminel préfère être envoyé à l'échafaud le soir même, qu'aller là-bas.

- Je doute que Klam soit quelqu'un d'embêtant au point d'aller là-bas. Et toi tu y étais pour quoi ?

- Klam y était bien avant moi, il y avait été envoyé à ses 16 ans, avec sa famille. Il devait avoir 19 ou 20 ans quand je l'ai connu. Je n'ai pas cherché à lui demander pourquoi il était là. J'y avais été envoyé avec mes deux derniers fils. On avait été capturé lors d'un contrôle à la frontière. J'ai toujours trafiqué, volé des trucs, marchandé des objets illégaux. Mais je prenais soin d'en éloigner mes enfants. Cette fois-là on devait juste rendre visite à un ami. Mes crimes m'avaient rattrapé. Et mes fils en ont payé le prix. Lemali venait d'avoir Atanae et n'avait pas voulu venir espérant le retour du père de la p'tite.

- Vos fils sont morts là-bas, dans la prison ?

- C'est un lieu spécial. C'est une prison d'exécution. On n'y entre sans jamais en ressortir. Suivant l'ordre sur la lettre d'emprisonnement tu es tué presque tout de suite ou torturé des jours et des jours jusqu'à ce qu'enfin on t'exécute. Les tortures y étaient particulièrement horribles. On pouvait de sectionner un doigt, un bras, une jambe et d'un coup de magie te les recoller pour recommencer. J'ai vécu ça pendant plus d'un an et il y a peu de portions de mon être qui n'ont pas été mutilé.

- Klam a subi ça aussi ?

- Mes fils, Aklameon, tous ceux qui n'étaient pas exécuté sur le champ subissaient ça. J'ai vu des énormes gaillards pleurés comme des bambins, des meurtriers suppliés qu'on en finisse. Le son d'os brisés, l'odeur d'un corps qu'on brule, la sensation de se vider de son sang, j'ai appris ça là-bas. Mais je dois bien avouer que votre camarade en a bavé bien plus que moi. Et pourtant j'en ai chié, je m'accrochais. La première fois tu penses que tu te fais broyer un bras au marteau, tu imagines que la seconde tu auras moins mal. Non, la douleur est toujours présente. Et puis, on te torture de la même façon pour tu paniques à l'idée de souffrir à nouveau. Tu ne t'habitues pas. Chaque semaine, on vient te cherche au moins une fois. J'ai vécu ça un an.

Aklameon avait un régime particulier, c'était presque tous les jours et ce pendant quatre années quand je suis arrivé.

- Qu'est ce qui lui valait cette attention ? questionna Oul.

- Votre camarade a demandé à être présent pour chaque exécution, afin de recueillir les derniers mots des condamnés. Le maître des lieux le trainait à nombre d'entre elles. Pour payer ce privilège, il devait subir plus de tortures. Ce connard de mage avait l'air d'adoré votre camarade, Pour lui, Aklameon était un défi.

- Pourquoi s'est-il mis à recueillir les paroles des prisonniers ? Il déteste voir mourir quelqu'un. postula la sorcière.

- Je ne sais pas trop. Il n'arrive pas à se pardonner, il s'en veut à lui-même. Il a surement fait ça pour se sentir utile.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant