Chapitre 11 - 2

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Les secousses calmes appuyaient la tête et la joue de la jeune fille contre une épaule ferme et garnie de cheveux bruns, doux, denses, avec des notes de senteurs boisés et de sèves de pins. Une sensation agréable bien différente de ses derniers temps. Le bourdonnement dans ses oreilles déformait les voix des personnes qui discutaient. Elle les entendait plus graves aussi. Elle avait du mal à décoller sa tête, elle était engourdie, comme très fatiguée. Medara se mit à écouter la discussion.

- Tu prendras le relais Klam ? Ce n'est pas que je fatigue, mais je l'ai depuis un moment sur le dos, chacun son tour.

- Ouais, t'inquiètes je vais la reprendre. On a fait un bon bout de chemin, ça nous permettra de prendre une pause. Je crois que Delili en a marre.

- Pas du tout, c'est toi qui galère avec les sacs. Mais si on peut manger, je dis pas non.

- Et puis ça permettra, de voir si la petite se remet des drogues qu'ils lui ont filées ?

- Guide, t'embêtes pas je crois qu'elle est réveillée, je la sens levée sa joue de mon épaule.

- Bien alors autant faire la pause maintenant, histoire de faire un peu les présentations et expliquer où on va.

Les bras qui la tenaient sous ses cuisses se détendirent. Elle glissa doucement du dos de la sorcière. Elle toucha le sol, mais ses jambes flanchèrent. Elle fut retenue par un grand individu au regard sombre qui l'assit contre un tronc. Un peu perdue et malgré les tentatives d'interaction du grand homme, elle était encore fatiguée.

- Ouais, elle est encore dans les vapes, je ne sais pas si elle comprend bien tout ce qui se passe.

- J'peux tenter un truc ?

- Vas-y gamine, de toute façon je bouffe. Prétexta Oul.

Un brusque jet d'eau de la contenance d'un gobelet atteint le visage de Medara accompagné d'un ricanement de l'enfant.

- Delili !

- Quoi c'est de l'eau, pas d'la pisse. Et elle a à l'air plus réveillée maintenant.

- Bin on s'en doute, mais tu ne nous facilite pas le premier contact.

- Arrêtes, Oul l'a déjà frappée et elle m'a déjà frappée, donc c'est pas la première fois. Et c'est un gobelet d'eau, pas un seau d'huile bouillante.

Medara écarquilla les yeux sous le choc de l'eau froide, elle essuya lentement son visage. Elle trembla de peur, qu'aillait lui faire ses nouvelles personnes, elle ne pouvait retenir ses larmes. Mais elle essaya de le faire sans bruit pour ne pas prendre de coups pour ses jérémiades.
- Je vous en prie ... ne me frapper pas ... marmonna-t-elle entre ses sanglots.

Il eut un silence, comme si on lui donnait du temps. Elle ne comprenait pas. Pas d'insultes, pas de gestes violents ou mécontents. On lui accordait le droit de larmoyer un peu et dans des petits gestes pour se recroqueviller sur elle, elle ne sentit aucun lien à ses poignets. Elle pouvait aussi librement bouger ses jambes.

- Et bin, elle fait moins sa fiérote. Déclara la demie-esprit.

- Je sais que tu ne l'apprécies pas, et qu'elle s'en est prise à toi, mais c'est important que tu lui donnes un peu temps.

- Mouais.

- Delili, regardes-là, elle a en bavé. Se soucia la traqueuse.

Medara releva la tête pour tenter de regarder ces individus. Il n'y avait aucun espoir dans son regard. Sa peau poussiéreuse, les bleus et le sang séché qui parcourait son petit visage d'adolescente montrait ce pourquoi elle n'attendait rien de cette nouvelle équipe. Sa petite lèvre inférieure fendue tremblotait, une retenue face à ses nouveaux possesseurs.
Un frisson la parcourut, elles connaissaient ces personnes. La fillette aux oreilles de chat, un grand homme au regard noir et cette femme dont les orbes dorés dansaient d'une horrible magie.
La terreur fit s'emballer le sang dans ses veines, elle hurla et s'accrocha au tronc et les pleures tombaient dans les feuilles.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant