Chapitre 10 - 6

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Sur le chemin du retour, elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. La frontière entre le monstre et l'humain, entre l'abattage systématique et le pardon. Elle n'aurait pas fait tant de manières avec d'autres, mais son guide n'agissait pas de cette façon habituellement. Elle se glissa près de lui et chuchota.

- Tu penses vraiment ce que tu as dit, je suppose. Ca ne ressemblait pas à un petit mot pour coller à l'ambiance revancharde.

- Tu voulais partir en chasse non. Répliqua le citéen un brin agacé.

- Tuer des humains te révulse, tu luttes contre et tu le fais pour tous. Même le type qui détenait Mayline et la fille du comte. Mais tu n'as pas hésité une seconde contre ces lythomédians.

- Tu comptais les laisser partir ? Je doute que la garde le fasse.

- Ce n'est pas de moi qu'on parle. Guide, as-tu regardé Delili quand tu as dit tes mots ? As-tu une distinction claire entre ce qui est un monstre et ce qui est l'égal d'un humain ?

- C'est des sortes de loups, ces machins polymorphes. Ce sont des bêtes, pas des hommes.

- Donc, c'est si clair pour toi. Et Delili, ou même son père ? C'est toujours des demi-démons pour toi ?

- Pourquoi cela te dérange tant ? Je comprends la remarque, mais Delili je peux discuter avec elle. Je ne suis pas un sac de viande sur pattes pour elle.

- Guide, un lythomédian s'est adapté pour vous chasser, ce n'est pas quelque chose qu'il le choque. Pourtant il reste intelligent et dialogue.

- Tu as dit que c'est une copie. Il copie la sociabilité humaine sans la comprendre, il ne comprend pas nos émotions.

- Pour moi tuer ces lythomédians revient à occire des humains.

- Oui pour toi tout est pareil. Lâcha-t-il avec sarcasme.

- Un svanti, un oul, ou tout autre sorcier, ne fait qu'une légère distinction. Voilà pourquoi même Sindatra soignera un insecte qui le lui demande.

- Oui, j'y penserais la prochaine fois que j'écrase un moustique.

- Pose-toi cette question, guide. Vaux-tu plus que celui que tu regardes ?

- Bon, j'y penserais. Si c'est si important pour toi.

- Tu es celui pour qui ça importe et je n'aime pas voir mon camarade renoncé à ses principes.

Aklameon échangea un regard avec la sorcière. Sa détermination faillit face à l'impact de la sincérité de la brune, l'œil sans magie et sans or avait une nature plus douce. Elle n'était pas triste, elle n'était pas en colère, il y lisait une déception. Il comprit alors l'estime que la traqueuse lui portait. Il arrêta un instant son pas. Il réfléchit au mot camarade, qu'elle avait utilisé. Elle qui évitait soigneusement de mettre un sens affectif sur ses relations sociales. C'était bien la première fois qu'elle tentait cette forme d'attention avec l'envie de transmettre ses intentions positives sans une pointe de sarcasme, d'une impression étrangement amicale. L'homme reprit sa marche et une petite moue songeuse, quand il leva les yeux Oul l'observait dans un pas au ralenti. Il envoya un petit geste de la tête, pour montrer qu'il avait compris le message. La sorcière parut presque sourire en réponse, puis elle se retourna et continua.

Klam augmenta l'allure pour rattraper le groupe. A la sortie des bois, le groupe suivit Delili dans le dédale des petites tentes et des visiteurs, cela ne donna rien. Et si, dans le village il y avait cette légère odeur bestiale rien ne conduisait à une maison plus qu'à une autre. Leurs habitants étaient rentrés depuis trop longtemps pour laisser un panache distinctif dans l'air.

Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant