Chapitre 38

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La lumière du soleil me réveille doucement. Je plisse les yeux voulant me rendormir. Je suis dans les bras de James et ne souhaite pas commencer cette journée, ou du moins, l'affronter. Je sens mon beau brun me caresser le dos alors que je reste blottie contre lui, ma tête enfouie entre ses bras.
—Emylia, réveilles-toi.
—Hmm.
Il se décale et m'embrasse tendrement.
—Une longue journée nous attend princesse.
J'ouvre les yeux et souris.
—Encore joyeux Noël, toi.
Je l'embrasse.
—A toi aussi bébé il répond.
Je souris et nous nous faisons un câlin pour bien commencer la journée.
Une fois douchés, nous allons rejoindre les autres dans le salon.
—Joyeux Noël s'exclame Elizabeth au moment où nous pénétrons dans la pièce.
—Merci mamie lui dit James.
Je la remercie également et nous rejoignons tout le monde près du sapin. Georges commence la distribution des cadeaux et je suis surprise d'en avoir un. Non pas qu'ils ne soient pas gentils, sa femme et lui, mais le fait que j'en reçoive un alors que je ne fais pas partie de la famille me gêne un peu. Toutefois, j'en suis contente et l'accepte avec un large sourire lorsqu'il me tend le paquet. Je le remercie et vais rejoindre James sur le sofa. Les enfants rient, contents de tous les jouets qu'ils ont reçu et courent un peu partout dans la maison. Elizabeth, comme tous les proches de James sont ravis des cadeaux que je leur ai offert. Il n'y a qu'à James à qui je n'ai donné ses cadeaux.
—Tu n'ouvres pas ? je lui demande, alors qu'il ne cesse de fixer son paquet.
Il lève la tête et me dit :
—Et toi ?
Je souris et ouvre le mien pendant que James s'occupe du sien. Après avoir arraché le papier cadeaux, je peux y trouver une écharpe en soi beige accompagnée de ses gants et son bonnet. C'est tout simplement magnifique, doux et raffiné. Je me tourne et vois le regard de James changer. Je pense tout d'abord que son ensemble ne lui convient pas mais remarque ensuite qu'autre chose à été mis dans le paquet. Il pose tout à côté de lui et sors de la pièce. Personne semble ne le remarquer sauf peut être ses grands-parents. Je jette un coup d'œil rapide à ce fameux cadeau et vois un petit cadre et comprends de suite pourquoi James réagit de cette façon. C'est une photo de sa mère et lui lorsqu'il était enfant. Il y a également une carte de Noël avec inscrit :
Joyeux Noël James. Il était important pour nous de te donner cette photo. Cela fera dix ans dans quelques jours que ta mère est décédée et nous voulions te faire revivre ce souvenir heureux. Elle et toi au parc près d'ici. Nous espérons que tu reviendras plus souvent avec Emylia. Elle est bonne pour toi. Parfois, elle nous fait penser à ta mère. Nous t'aimons, papi et mamie.
Je fais signe à Georges et Elizabeth que je pars le rejoindre. Je comprends ce qui le tracasse pour une fois. Je le cherche au rez-de-chaussée, en vain, et comprends qu'il est allé dans sa chambre. Je monte rapidement et traverse le couloir à toute vitesse. Je toque doucement à la porte et entre. Mon beau brun me tourne le dos.
—James.
—Laisses-moi tranquille Emylia, ce n'est pas le moment, vraiment.
—James.
—Vas t-en. Je ne voudrais pas te blesser avec mon langage de merde.
Au moins je suis prévenue.
—Je veux être là pour toi.
Je pose ma main sur son dos et il se retourne. Ses yeux son emplis de larmes. Immédiatement, mon cœur se brise. Je le prends dans mes bras.
—Ça va aller James. Je te le promets.
Il n'arrive pas à se détendre.
—Qu'est-ce que tu en sais d'abord ? Tu finiras par me quitter dans tous les cas, comme elle.
Je me crispe.
—Te quitter ?
De quoi est-ce qu'il parle ?
—James, nous ne sommes même pas ensemble. Comment pourrais-je te quitter ? Je veux être là pour toi, vraiment, pas te quitter.
—Laisses tomber.
—Parles-moi, s'il te plaît.
Il souffle et va s'assoir sur le lit. Je reste face à lui, prête à entendre tout ce qu'il voudra bien me dire...
—Jeudi, cela fera dix ans que ma mère sera décédée.
Je le rejoins et le prends dans mes bras.
—Je serai là pour traverser ça avec toi. Ça va aller.
Il passe son bras sur son visage pour essuyer ses yeux et souffle un bon coup. Tout ira bien.
—J'ai quelque chose pour toi.
—Ah oui ?
Il se lève et prend dans son placard deux paquets.
—Joyeux Noël Emylia.
Il me les tend et se rassoit sur le lit, près de moi.
—J'ai moi aussi quelque chose pour toi. Attends deux secondes je vais chercher tout ça.
Je pose ses cadeaux sur le matelas sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Je fonce hors de la chambre et pénètre dans la mienne récupérer les deux paquets. Lorsque je reviens, il me regarde avec un sourire.
—Tu sais, tu n'étais pas obligée.
—Toi non plus.
Il hausse les épaules et nous nous asseyons en tailleur au milieu du lit, chacun avec ses paquets face à lui.
—Toi d'abord.
—Non. Toi dit-il. Je veux voir ta réaction et si cela te plaît.
Je commence à ouvrir le premier paquet.
—Tu sais, je ne suis pas très difficile. Dans tous les cas cela me plaira.
Lorsque je déchire le papier cadeau dans son ensemble, je comprend directement ce que c'est. Il est écrit Aubade sur le devant du paquet.
—Pour égayer tes soirées ? je demande ironiquement.
—Bien plus que ça.
J'ouvre le papier protecteur et vois deux ensembles magnifiques de lingerie fines ainsi que des bas. Je n'ai pas les mots tant c'est beau. Il y en a un noir et un blanc. Chaque ensemble est doté d'un soutien-gorge, d'un string, et de lanières permettant de tenir les bas. De réelles merveilles.
—Ouvres le deuxième.
Je hoche la tête et prends le second paquet.
Le noeud défait et la boîte ouverte, je reste sans voix. C'est parfait.
—Tu n'aimes pas.
Je lève la tête et lui saute dessus ce qui le renverse complètement sur le matelas. Je l'embrasse.
—J'adore !
—Ne penses pas que je te mets la bague au doigt, entendu ?
—Tu ne me la mettras jamais dans tous les cas.
Il baisse la tête.
Son deuxième présent, une bague en or blanc, porte l'inscription suivante :
                      Un peu plus chaque jour, 
                                      James
Je la passe à mon annulaire droit et l'admire. Elle est magnifique.
—A toi.
Il déballe les siens.
—Un polo ? dit-il en souriant
—On va dire que les mêmes pensées dont je t'ai soufflé à l'oreille hier soir m'ont traversé l'esprit lorsque je t'ai imaginé dedans je réponds.
—Hmm, je vois dit-il.
—Aller, passes au suivant.
Il prend l'autre cadeau et reste dubitatif en voyant ce qu'il y a à l'intérieur.
—Un bracelet ?
Il est nul.
—Regardes la gravure.
Je le vois le tourner et lire ce que je lui ai dis un jour. Son regard change et il devient tout sourire.
—Vraiment ?
—Je ferai de mon mieux je réponds.
Sur le sien, j'y ai fais inscrire :
                             Pour toujours,
                                    Emylia
Nous nous embrassons lorsque l'on toque à la porte. Elizabeth entre et nous nous écartons automatiquement.
—James, chéri , je suis désolée. Je peux te parler deux minutes ?
Je prends mon téléphone vibrant sur la table basse et sors de la chambre avec un sourire pour la grand-mère de James. Arrivée dans le couloir, je regarde l'écran et vois le nom de Michael apparaître. Je fronce légèrement les sourcils.
—N'oublies pas notre rendez-vous sœurette.
Ce "sœurette" me parait un peu amer.
—Oui.
      Il me regarde attentivement.
—Je veux venir avec toi.
—James, non. Je suis une grande fille.
—Dans une ville que tu ne connais pas, avec un inconnu.
Je souffle mais souris. Il ne veut que me protéger c'est normal. J'aurai eu la même réaction.
—Ça va aller. Et au pire, tu tenteras d'autres plans cul je dis en riant.
—Arrêtes.
—Aller, embrasses-moi.
Il se penche et m'embrasse durement.
—Fais attention, reviens moi.
Je lève les yeux au ciel et vais rejoindre mon Uber garé devant le portail. Je ne vais pas prendre le risque de me perdre sous ce froid dans les bouches de métro et être en retard. De toute manière, c'était un non catégorique pour James de faire ça toute seule.
En arrivant non loin du Starbucks, je suis très stressée. Comment se pourrait-il que cet homme, avec lequel j'ai rendez-vous, soit mon frère ? C'est impensable. Je ne vois pas pourquoi mes parents me l'auraient caché. On est censés tout se dire. C'est trop gros. Lorsque je tire la porte d'entrée, je l'aperçois déjà assis à une table, près de la baie vitrée. Je passe commande et vais m'assoir face de lui.
—Salut je dis pour briser le silence.
—Bonjour. Joyeux Noël Emylia.
—Toi aussi.
S'en suit quelques secondes de flottement.
—Il faut que l'on parle.
Je hausse les sourcils, l'invitant à poursuivre.
—Je suis ton frère. Avant que tu n'émettes une objection, laisses moi te raconter mon histoire et alors après, tu auras qu'à appeler les parents. Tu leurs demanderas de tout t'expliquer par la même occasion. Si tu ne me crois pas, je te laisserai poursuivre ta vie tranquillement.
Je bois une gorge de mon macchiato. Il poursuit :
—Lorsque tu es née, j'en avais huit. J'étais très turbulent à l'époque et je causais beaucoup de soucis aux parents. Je crois que j'étais jaloux dit-il en rigolant légèrement. J'ai commencé à faire n'importe quoi à l'école. Voyant que papa et maman n'en pouvaient plus, nos grands-parents ont proposé de me garder, ici, à Paris. Le hic, c'est que je ne voulais plus revenir à la maison. Nos parents ont beaucoup souffert paraît-il. J'étais beaucoup trop jeune pour m'en souvenir. Je sais que ça paraît un peu bizarre comme histoire mais je te jure que c'est la vérité.
Il boit une gorgée de sa boisson.
—Si ce que tu dis est vrai, pourquoi n'as-tu pas repris contact avant ?
Il souffle visiblement à bout.
—Je pensais qu'ils ne voudraient plus me voir après mon « caprice ». Je n'ai donc jamais essayé de leur reparler. Bien entendu, pendant un temps, ils n'ont cessé de m'envoyer des lettres ainsi que cartes de Noël mais ça c'est terminé à mon adolescence lorsqu'ils ont compris que je ne leur répondrais plus. Je pense qu'à ce moment-là je vivais mal le fait que toi tu les aies rien que pour toi. J'étais heureux ici, vraiment, mais vous me manquiez trop. Tu me manquais énormément. E voulais te connaître. Pendant de nombreuses années, j'ai essayé d'imaginer si tu me ressemblais ou non, de quelle couleur étaient tes cheveux, tes yeux. Un jour je t'ai retrouvé sur Instagram mais n'ai pas osé demander à te suivre. J'ai pu te voir évoluer et j'étais fière de la femme que tu es devenue. Imagines ma surprise lorsque j'ai compris que tu étudiais le droit. Hier, lorsque je t'ai vu, j'ai vraiment été pris de cours mais étais heureux que le destin me mette sur ta route, toi, ma petite sœur.
Il stoppe son discours attendant que je réagisse. À vrai dire, je n'ai pas les mots, vraiment. Je ne sais pas quoi répondre à ce qu'il vient de me relater.
—Dis quelque chose.
—Je ... je ne sais pas. C'est, comment dire, inimaginable. Je crois que je vais appeler ma mère, euh maman.
Il ne dit rien et sans réfléchir, je compose leur numéro. Bien que ce soit la nuit là bas, elle doit décrocher, j'en ai besoin. Je tombe sur sa messagerie et réessaye. Par miracle, elle répond par un bruit de bâillement :
—Emylia ? dit-elle d'une voix endormie. Qu'est-ce qui t'arrives ? Je dormais.
—Dis moi la vérité.
—De quoi tu parles ? dit-elle elle en chuchotant. Je te rappellerai demain je ne comprends pas ce que tu me dis.
—Michael.
Un bruit s'échappe du combiner et je fixe l'homme face à moi, mon frère.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon