Chapitre 10

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J'ai chaud. En me réveillant je constate que je m'étais endormie sans m'en rendre compte. Je regarde l'heure et voit qu'il est onze heures et quart. J'ai un message de mon père me demandant si tout se passe bien. Je réponds que je m'étais endormie et vais plonger une dernière fois histoire de me rafraîchir. Cet endroit est tellement apaisant. Il me permet de faire le vide et en même temps, de faire le point. Mes examens sont dans quelques semaines et j'espère de tout cœur que cela se passera pour le mieux. Pas besoin de stresser maintenant ce serait inutile. Je remonte les rochers de mon coin paradisiaque une dizaine de minutes plus tard et décide qu'il est temps de rentrer. Papa et maman doivent m'attendre.                       
Lorsque je franchis la porte d'entrée du café, j'aperçois immédiatement Dan, un grand sourire aux lèvres.
—Comment vas-tu ?
—Très bien merci répond t-il gaiement. Et toi ?
—Pareil.
—Tu as pris quelques couleurs remarque t-il.
Et il n'a pas tort. Je souris et hausse les épaules.
La serveuse arrive et prend notre commande. Au moment où elle file derrière le comptoir préparer nos macchiatos au caramel, Dan me parle de son prochain stage qu'il va effectuer à Washington. Selon lui, cette ville est LA ville aux opportunités. Il restera un petit moment en notre compagnie ce qui me ravie beaucoup.
—Et toi, alors, qui est la Emylia que j'ai quitté en partant étudier à L.A ?
Je réfléchis quelques instants et me pose la même question. À vrai dire, je ne sais même pas qui je suis vraiment.
—Je ne sais pas trop dis-je en haussant les sourcils.
—Tu ne sais pas ?
Il se marre.
—C'est compliqué. Dis-toi juste que je travaille du mieux que je peux.
—La voilà ma Emylia !
La serveuse dispose devant nous nos boissons.
Ma Emylia. Ça me fait un peu bizarre de l'entendre de sa bouche. Ça fait si longtemps ou du moins, j'en ai l'impression, qu'il ne m'a pas appelé comme ça. L'époque du lycée me manque un peu.
—En chaire et en os.
—À part tes études, tu as quelqu'un dans ta vie ?
—Tu ne poses que des questions compliquées je dis en souriant.
—Je veux juste prendre des nouvelles ri t-il.
—Dans l'immédiat je n'ai personne. Et toi ?
—Oui j'ai quelqu'un.
—Tu m'envoie ravie ! Comment s'appelle t-elle ?
—Iris.
—C'est une jolie prénom.
—Effectivement. Nous nous sommes rencontrés à la rentrée.
—Je suis très contente pour toi, vraiment.
Il sourie rapidement et termine sa boisson.
Nous jetons nos gobelets et Dan décide de me ramener chez moi. Il insiste pour m'aider à préparer mes affaires et se joint à notre table au dîner. Maman et papa ont préparé un bon petit repas. Du saumon. Mon poisson favori. Voir les gens les plus importants de ma vie, heureux et réunis autour de moi est la chose que je préfère. Ça va me manquer.                     
Au moment où nous arrivons à l'aéroport, je suis un peu fatiguée mais pressée de rentrer pour voir comment mes amis se portent. Je jettent un coup d'œil à mon téléphone et vois un message de James :
—T'es où ?
Il sait très bien où je suis. Je réponds sans perdre de temps :
—Tu as bu ?
J'attends sa réponse mais une fois de plus, je n'ai le droit qu'à un vu de sa part.
Outre le fait que ce mec me prend la tête, je reste souriante face à mes parents et à Dan lorsqu'ils me disent au revoir. Ils vont tellement me manquer. J'ai même versé ma larme. Deux jours c'est si peu. Peut être que je reviendrai pendant les vacances de février. Il me tarde déjà de pouvoir revenir. Pour l'instant, je reste là à attendre seule dans la salle d'embarquement. Je ne peux même pas voir mes parents pour Noël puisqu'ils s'envolent pour leur anniversaire de mariage. Ils se sont confondus en excuses cette année encore mais ce n'est pas grave, je compte le passer seule avec une bouteille de vin blanc devant Netflix. Je n'ai jamais été trop fête de famille. Du moins, avec la mienne. La famille de ma mère est, comment dire ? Du genre à vouloir tout le temps colporter des ragots et jugez sans la moindre hésitation, voilà comment je peux la décrire. Chaque fait est commenté et critiqué. Il n'y a peut être qu'un oncle ou deux à qui je tiens réellement. Le reste, ce ne sont que des langues de vipères.
L'hôtesse appelle quelques instants plus tard les passagers et j'envisage d'aller dormir sur mon siège. Je donne ma carte d'embarquement au steward qui m'indique ma place et traverse l'allée centrale espérant trouver rapidement ma place. Arrivée à ma rangée, je pose mon sac dans le compartiment à bagages et m'écroule de fatigue sur mon siège. Je m'attache et, lorsque l'avion commence à décoller, je ferme les yeux et m'endors instantanément.
Quinze heures. Quinze heures c'est tellement long. Lorsque je peux enfin récupérer mon bagage, je n'arrive pas à croire qu'il est ici vingt-et-une heures. Toute une journée dans les airs. J'envoie un message à Hadley pour savoir où est ce qu'elle se trouve lorsqu'elle m'appelle.
—Salut Had !
—Salut ça va ?
—Un peu fatiguée, et toi ?
—Pareil. Au fait Emy ...
—Oui ?
—Tu as revu Dan ?
—Oui, tu as vu notre photo sur Instagram ? J'étais convaincue que tu serais verte de jalousie je dis en rigolant.
—Je l'ai vu, et il l'a vu.
—Qui ça ?
—James.
—Et alors ?
—Hier soir il a acheté une bouteille et a commencé à dire des choses incompréhensibles. C'était facile au début, je lui ai expliqué qui était Dan mais il n'a rien voulu entendre. Peu après, il commençait à tout balancer dans l'appart. Justin et moi avons dûs changer le miroir de ta chambre ainsi que ton bureau. Depuis hier soir, il ne fait que boire. C'est horrible. Je suis sincèrement désolée, je ne voulais pas t'inquiéter.
Merde, comment digérer ça en moins de cinq secondes ? Je ne peux pas. Pourquoi fait-il ça ? Je pense déjà le savoir. Il croit que Dan et moi nous sommes vu pour nous remettre ensemble ou un truc dans le genre. Pourquoi est-ce que cela l'affecte c'est incompréhensible. Ça me consterne. Je dois régler le problème. J'ai toujours l'impression que je foire tout c'est fou. J'en ai marre de tout le temps avoir l'impression que je suis le hic de l'histoire. Ça ne vous ait jamais arrivé de vous réveiller un matin et de vous demander si vous vous connaissiez vraiment ? Eh bien, ça, c'est moi, chaque matin. Sauf quand tu es avec lui me rappelle ma conscience. Il me permet de m'évader et de me sentir libre. D'être celle que je suis vraiment. Une fille forte. Je me dois d'être forte pour lui quand il est en mode autodestruction. C'est un homme brisé depuis son plus jeune âge et je me dois de le réparer. Mais au fond, qui de nous deux sera sauvés ? Lui et moi avons de nombreuses casseroles à nos cotés. Il m'est difficile de savoir sur quel pied danser avec James. Voilà notre principal problème.
—Je vais aller le voir.
—Il est à la villa.
Me voilà une nouvelle fois devant la villa prête à vouloir me confronter à mon Asshole. Une forte odeur de cigarette m'accueille lorsque je pénètre dans la maison. Je trébuche sur des bouteilles de bières m'indiquant que la soirée risque d'être mouvementée. Je suis déjà assez fatiguée de mon trajet et il faut en plus que je me coltine ses sauts d'humeur. La musique est assez forte et je reconnais la musique Mask off m'annonçant la couleur.
Je monte les escaliers en prenant soin d'éviter les restes de nombreuses bouteilles vides dont une de Jack Daniel et plusieurs de Desperados. Putain, il n'a pas pu boire tout ça tout seul sinon il risque le coma éthylique. J'espère quand même qu'il ne s'est pas envoyé la première pétasse venue. Non, c'est impossible. Il ne peut pas me faire ça. Mais il ne te doit rien ma poule. Pas faux.
—James ?
Aucune réponse. Je commence à m'inquiéter.
—James !
J'entends un bruit minime bien que la musique soit assourdissante. Lorsque j'ouvre la porte de la chambre, je ne peux plus bouger. Je suis comme paralysée. Mon corps tout entier tremble. J'ai la bile qui me monte à la gorge et suis tétanisée. Je l'ai trouvé...

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now