Chapitre 11

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Tout se passe tellement vite. Je cours dans sa chambre jusqu'à lui et le prends dans mes bras. Des larmes emplissent mon visage et je n'arrête pas de crier à la recherche d'une quelconque aide, en vain. Il est étendu sur le sol, inconscient et je ne sais pas s'il est encore en vie. Je tente de trouver son pouls et dans la panique, je crois entendre son coeur mais il ne s'agit que du mien qui pulse violemment dans tout mon corps. Tout l'air de mes poumons sort et je crie ou plutôt, je hurle comme une hystérique. J'attrape mon téléphone et compose le 911. Une femme répond au bout du fil mais j'arrive à peine à lui répondre car je suis comme éteinte. Comment avons-nous pu en arriver là ? Je m'allonge à côté de lui en attendant les secours et le supplie en silence de rester en vie. Il ne bouge plus et je ne ressens plus la chaleur qui émanait de lui lorsque j'entrais en contact avec sa peau. Comment est-ce que je vais faire s'il meurt par ma faute ? Je crois que je ne m'en remettrais jamais. James compte plus pour moi que je ne peux l'admettre. Je le sais, je le sens.
Au moment où les secours arrivent quelques minutes plus tard, ils le dégagent de moi et je tente de me lever mais mes jambes en décident autrement. Un homme me vient en aide et nous descendons pour rejoindre le camion de pompiers. De nombreuses personnes présentent sur le perron de leurs propriétés regardent la scène mais je n'ai pas la force de leur faire un doigt d'honneur. Je le regarde, allongé sur la civière, et j'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène. Je ne sais plus quoi faire pour la deuxième fois de ma vie à part pleurer. Lorsque l'ambulance démarre et s'insère sur le trafic, je suis toujours autant sous le choc. L'urgentiste me pose un bon nombre de questions mais n'e n comprends pas la majorité. Je suis comme tétanisée. Je pleure sans m'en rendre compte et ne fait plus aucun bruit. Je suis à deux doigts de m'évanouir. Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche arrière et dans un élan de je-ne-sais-quel-truc, je parviens à l'attraper et à le porter à mon oreille.
—Emy où est-ce que tu es ? On a appelé Justin. Quelque chose ce serait passé à la villa. Nous n'en savons plus.
Je pleure à chaudes larmes.
—Emy qu'est ce qui se passe ? Où est James ?
La seule mention de son nom me fait l'effet d'un électrochoc et prends vraiment conscience de ce qui est en train de se passer. J'ai soudain la nausée.
—James ... il est ...
—Dis moi ce qui se passe et où tu es !
—On ... on est dans un camion de pompiers... on va au Christopher's hospital .
—On arrive tout de suite Emy, tu n'es pas toute seule.
Quelques minutes plus tard, lorsque nous arrivons à l'hôpital, un infirmière me prend en charge et me pose des questions sur ce qui s'est passé. Elle essaye de faire de son mieux vu mon état et je lui en suis reconnaissante silencieusement. Elle me conduit ensuite dans une pièce où attendent les familles. Suis-je la mieux placée pour être ici ? Et d'abord, qui est sa famille ? Je croyais le connaître un minimum mais ce n'était qu'illusion. Je n'arrive pas à contrôler mes émotions et mes joues sont inondées de larmes. Pourquoi est-ce que la vie me le fait payer comme ça ? Je n'en peux plus, je suis fatiguée. Ce serait égoïste de vous faire m'apitoyer sur mon sort alors que celui de mon ami est entre les mains des médecins.
Quand je vois ma meilleure amie et Justin entrer dans la pièce, je vois sur leur visage la panique les gagner. Je dois vraiment avoir une sale tête.
—Emy, qu'est ce qui s'est passé ?! Tu vas bien ?
—J'allais aller le voir pour m'expliquer avec lui mais...
En y repensant, j'ai la tête qui tourne.
—Mais ? demande t-elle en me tenant le bras.
—Mais lorsque je suis entrée et que j'ai vu toutes ces bouteilles sur le sol, je me suis d'abord dis qu'il n'était pas seul puis au moment où j'ai passé le seuil de sa chambre ...
Ayant larmes aux yeux, Hadley me prend dans ses bras pour me réconforter.
—Il ... il était là ... sur le sol... inconscient ...
—Inconscient ? cris Justin.
—Oui, il ne me répondait pas et je n'arrivais pas à entendre son coeur.
Je leur explique ensuite tous les détails à partir de ce moment là. Chaque mot que j'ajoute au fur et à mesure pour leur détailler ce début de soirée semble glacer leur sang.
—Tu sais Emy... me dit Justin.
—Oui ?
—Il était vraiment mal lorsqu'il a vu la photo.
—Je n'arrive pas à comprendre pourquoi.
Je ne veux pas leur dire que j'aurais aimé échanger nos places si je le pouvais.
—Ça c'est à lui qu'il faut demander.
—Je sais.
—Tu devrais appeler son père.
—Je n'ai même pas son numéro et il ne me connaît pas. Tu devrais l'appeler toi, c'est ton oncle.
—Emy, James voudrait sûrement que ce soit toi qui appelle son père.
—Désolé si je vous choque mais mettez vous à ma place deux secondes. Un mec qui baise tout le campus, porte une infime intention à moi et qui, pour couronner le tout, qui a pris je-ne-sais-quoi pour se retrouver ici voudrait que j'appelle son père ? C'est un blague !
—Emy, James était pas bien quand il a vu la photo. Il n'osera jamais te le dire. Alors maintenant, c'est à moi de te choquer dit Justin, qui te dit que ce n'est pas de ta faute s'il lui est arrivé quelque chose ?
—Justin ! dit Hadley.
Il a raison je le sais.
—C'est je vais l'appeler. Passes moi son numéro s'il te plaît je répond, d'un air pas très aimable je l'avoue.
C'est de ma faute si on est ici. Je détruis la vie de tous ceux qui m'entoure et ça me brise un peu plus chaque fois.
Je m'éloigne dans le couloir pour appeler son père. John, je crois. Il décroche au bout d'un petit moment.
—Allô ?
—Monsieur Parklay ?
—Oui c'est bien moi, qui est-ce ?
—Je ... je suis Emylia White. Désolé de vous déranger à une heure si tardive.
—Pas de soucis mais vous dites, Emylia White ? Je n'ai jamais entendu parler de vous.
—Je sais, je ... je suis une amie de James, il lui est arrivé quelque chose.
Un son étranglé me parvient du combiné.
—Quoi ? Comment ça ? C'est une blague ?
—Non monsieur je vous jure. Il faut que vous veniez, à moins que vous n'ayez pas de voiture et dans ce cas je viendrais vous chercher.
—Non c'est bon, mon fils Juliann va m'amener, où es- ce que tu es ma grande.
—Je suis au Christopher's hospital. On vous attend.
—Emylia ?
—Oui monsieur ?
—Merci beaucoup.
Il raccroche et au même moment, une infirmière vient à moi.
—Excusez-moi, êtes-vous la personne qui est arrivée avec le jeune homme inconscient ?
Drôle de façon d'aborder les gens.
—Oui, c'est bien moi.
Mon cœur s'arrête. J'ai peur de ce qu'elle va m'annoncer. S'il ne s'en sort pas, je ne me le pardonnerai jamais. Pas cette fois-ci. Mes mains deviennent soudain moites et les larmes me viennent aux yeux.
—Il va s'en sortir. Ça a été très dur, mais il va bien. Il a demandé à vous voir. C'est un battant.
Me voir ? Il est déjà réveillé ? C'est surhumain.
—Bien entendu.
—C'est par-là, venez.
Sur le chemin, elle m'explique qu'il a fait une sorte de coma éthylique avec le surplus de ce qu'il a ingéré depuis la vieille. Ils lui ont fait un lavage d'estomac et il semble avoir tenu le choc. Il est à moitié conscient et très fatigué. Ce qui est difficile à entendre c'est que s'il ne s'était pas d'abord évanouie, il aurait continué à ingérer de l'alcool et il serait... Stop Emylia, il va bien.
Lorsque j'arrive devant sa chambre un étage plus haut, il est couché sur son lit, les yeux à moitié  ouverts et les cheveux en batailles. Même comme ça il est à tomber.
—James ?
Il tourne légèrement sa tête vers moi sans répondre. Je m'approche de lui un peu hésitante mais il me tend sa main pour que je le rejoigne.
—Ne pleures pas princesse.
Je n'avais même pas remarqué que je pleurais.
—Tu...tu m'as fais peur James.
—J'ai beaucoup bu, encore. Je suis vraiment désolé.
Je me lève du lit. Je ne sais pas s'il se rend compte de ce qui lui est arrivé.
—Pourquoi tu te mets dans des états pareils ?
—James tu as failli y rester et tout ce que tu trouves à dire c'est ça ? dis-je en levant un peu le ton.
—Non. Restes avec moi. J'ai du mal à le croire moi-même mais j'aime rigoler avec toi et qu'on passe du temps ensemble pour le peu qu'on a eu.
Ces quelques mots arrivent à me donner instantanément des papillons plein le ventre. A vrai dire, j'en suis arrivée à la même conclusion que lui. Nous ne savons jamais où est-ce que nous en sommes. C'est la tranquillité et le chaos en même temps.
—J'ai une question.
Il me regarde perplexe.
—Dis-moi.
—Pourquoi tu étais bizarre avec moi le lendemain du deuxième soir où l'on a dormi ensemble.
Pourquoi est-ce que je pose sans arrêt un tas de questions. Il devrait se reposer. Je me rassois près de lui. Il semble réfléchir essayant de savoir où est-ce que je veux en venir.
—Arrêtes de poser des questions comme ça tu m'énerves.
Je tente de me dégager du lit pour partir mais il me retient fermement malgré le fait qu'il soit alité.
—Lâches-moi.
—Très bien mais restes.
—Je crois que c'est une mauvaise idée. Je vais rentrer. Tu dois te reposer.
—Pourquoi est-ce que dès que tu te rapproches de moi tu veux prendre la fuite ?
—Je t'ai posé la question la première.
Il souffle un peu.
—Si je te le dis, tu me promets de ne plus me le redemander ?
Est-ce à ce point difficile à dire ? J'hoche la tête.
—J'allais voir Jessica.
—Pardon ?
—Tu m'as très bien entendu.
—Et je suis censée rester dans tes bras à entendre ça ? Je vais vraiment y aller.
—Tais-toi et laisses-moi finir.
Je lui fais comprendre que je reste sans lui dire que j'ai un peu peur de sa réponse.
Il ne poursuit pas mais je lui laisses le temps nécessaire.
—J'ai peur que tu ne me files entre les doigts alors que tu es celle qu'il me faut. J'ai peur que tu partes et ne reviennes plus, j'ai peur tout le temps mais lorsque je suis avec toi, tout s'efface. Je suis un homme meilleur avec toi, du moins, j'en ai envie. Je sais que tu mérites un mec mille fois mieux que moi, que tu épouserais et avec qui tu aurais des enfants mais princesse, je suis égoïste là à te dire ça, mais s'il te plait, restes dans le coin autant que tu le pourras et je pourrais peut-être te sauver autant que tu le fais avec moi. C'est dur pour moi de te dire ça alors ce sera probablement la dernière.
Soudain, un homme se racle la gorge derrière moi. Je me dégage précipitamment et James se redresse un peu. Un homme aux cheveux poivre et sel nous fixe longuement et je crois l'avoir déjà vu quelque part. Je retrace mes dernières rencontres mais rien ne me vient. Pourtant, il ressemble à... C'est son père ! On dirait James avec trente ans de plus. Depuis combien de temps est-il là ? Il a dû entendre toute notre conversation. Oh mon dieu ! Je suis extrêmement gênée.
—Bonsoir Emylia me lance le père de James.
—Bonsoir monsieur.
Je me lève pour l'accueillir et il me prend dans ses bras. Quelle preuve d'affection !
—Emy tu as appelé mon père ?
Je me retourne et réponds à James :
—Oui, Justin m'a dit que tu voudrais que je l'appelle si quelque chose t'arrivais.
Il me remercie en silence et je laisse les deux hommes dans la chambre afin qu'ils puissent discuter.
Je décide de regagner la salle d'attente pour donner des nouvelles à tout le monde. Pendant mon escapade entre les couloirs de l'hôpital je tente de ne pas penser à ce qu'il vient de me dire alors que tu es celle qu'il me faut. Il est au courant qu'il préfère que l'on soit amis ? Je range ça dans un coin de ma tête et lorsque j'arrive, Hadley me saute au cou me demandant comment se porte James. Je leur explique qu'il va bien et qu'il se sent un peu mieux. Un homme que je ne connais pas mais qui ressemble beaucoup à James en un peu plus vieux me prend dans ses bras.
—Merci de nous avoir appeler. Emylia c'est ça ?
—Oui c'est bien ça. Tu dois être Juliann.
—Exactement.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now