Chapitre 42

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Adossée contre la vitre de l'ascenseur je regarde ma montre qui affiche bientôt cinq heures. Michael m'attends non loin de là peut importe la décision qui émanera de tout ça. Vous l'aurez compris, je suis prête à arriver au sommet de cette fichue tour. Mes jambes tremblent légèrement et je triture mes doigts tant je suis stressée. Quelques personnes me regardent du coin de l'œil se demandant probablement si je suis folle. C'est une bonne question. Je suis peut être folle de revenir vers lui si facilement mais de toute manière j'ai pris mon billet d'avion donc, à moins qu'un miracle arrive, je partirai à vingt heures de France. Un léger ding retenti pour nous dire que nous sommes arrivés au sommet. Mon dieu, c'est plus dur que je ne l'imaginais. Je laisse tout le monde sortir de la cabine et prends une grande inspiration avant de suivre le mouvement. J'avance avec les autres touristes mais n'aperçois pas James. Je vérifie son texto et suis au bon endroit, à la bonne heure. Où est-il ? Je cherche encore quelques minutes et alors que j'en conclus qu'il m'a posé un lapin, je l'aperçois dans un coin un peu à l'écart, un bouquet de roses à la main. Évidemment, mes fleurs préférées. Il me voit arriver vers lui et lorsque je croise son regard, je suis partagée entre l'envie de m'effondrer et celle de l'embrasser. Je ne ferai aucun des deux. Je me dois de garder la tête haute.
—Salut, c'est pour toi.
Je prends le bouquet et réponds d'un rapide merci.
Il passe sa main dans ses cheveux ce qui montre qu'il doit être autant mal à l'aise que moi. Toutefois, je ne parle pas et attends qu'il fasse le premier pas. Je suis assez revenue vers lui précédemment.
—Je suis désolé.
J'hausse un sourcil. Bien sûr qu'il est désolé, sinon, il ne m'aurait pas envoyé ce message.
—Je ne sais pas par où commencer dit-il. Il y a tellement de choses que je voudrai te dire Emylia.
—Je t'écoute.
—Je ne pensais pas tout ce que je t'ai dis au restaurant, vraiment.
Je préfère admirer la vue que de le regarder dans les yeux.
—Je te promets que c'est vrai. Tu n'es pas insignifiante à mes yeux, loin de là. Depuis quelque temps j'essayais de te dire à quel point je tenais à toi mais tu n'as rien vu.
Je le regarde.
—Donc c'est de ma faute ?
Il souffle un peu.
—Non je pense que c'est de notre faute à tous les deux. Je crois qu'on ne jouait plus ces derniers temps mais nous étions trop cons pour admettre cela. Emylia, je te jure que je veux que tu sois la seule à mes yeux. Tu comptes plus que quiconque. Je sais que mes excès de colère peuvent être impardonnables mais seul ton amour pour moi peut le faire tu ne crois pas ?
Plus facile à dire qu'à faire.
—Je me suis excusé auprès de toute ma famille. J'essaye vraiment d'arranger les choses. Je n'étais pas bien ce soir-là parce que j'étais remué par la disparition de ma mère et par ce serveur... J'avais la haine qu'il puisse te faire sourire alors que moi je te dégoûtais.
—Tu ne me dégoûtes pas.
—Tu avais raison, j'étais jaloux. Tu ne m'appartenais pas comme je rêvais que tu le sois. Je me suis dis que t'aurais très bien pu me quitter pour partir avec n'importe quel autre homme que moi et ça m'a fait péter les plombs.
Je m'appuie sur une barre en métal un peu décontenancée.
—Dis quelque chose Emy.
—Je... je ne sais pas quoi dire.
Il fait les cent pas attendant une quelconque réponse de ma part.
—Qu'est-ce que je suis censée faire ? Te pardonner ? Te détester ?
—M'aimer dit-il.
Je souffle un peu.
—Je ne peux pas aimer quelqu'un qui ne m'aime pas en retour.
—Mais Emylia je...
—Tiens tiens nous lancent deux voix à l'unisson derrière moi.
Je souffle et me tourne pour observer Hadley et Ashley. Mes yeux sortent clairement de leurs orbites.
—Qu'est-ce que tu fais là Had ? Avec elle qui plus est. Ce n'est clairement pas le moment.
—Ne me dis pas ce que je dois faire dit-elle de façon acerbe.
Qu'est-ce qui lui arrive ?
—Tu ne t'es jamais demandée pourquoi je ne supportais pas que tu sois avec ce mec ?
Ce mec. Il est juste à coté. Quelle impolitesse.
—Dis moi tout.
—Je suis sa cousine intervient Ashley.
De quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ?
—Tu n'es pas mon amie Emylia, tu ne penses qu'à toi et à ton supposé mec. Tout ne tourne pas autour de toi merde ! Ashley l'aime vraiment alors, laisses tomber.
Je suis sous le choc. Comment a t-elle pu me faire ça ? Je pensais vraiment que je pouvais compter sur elle. C'était ma meilleure amie. Je ne parviens même pas à pleurer face à ses révélations tant je suis déçue. Je regarde cette étrangère qui sourit de toutes ses dents en train de faire un câlin à sa cousine. Elle est pitoyable. Elle me fait un coucou de la main avant de partir. Il n'en reste donc qu'une.
—Tu n'as rien à dire James ? dit Ashley d'une voix mauvaise.
Je ne la supportais pas et ne la supporte toujours pas c'est impressionnant.
—Ashley tais-toi et vas t-en.
—Tu es sûr mon chéri ?
Je me mets de côté pour observer cet échange assez surprenant. Ce "mon chéri" me répugne.
—Ashley je ne t'aime pas laisses-nous.
Elle ne bouge pas d'un cil.
—Pourquoi tu ne lui racontes donc pas cette fameuse nuit ?
Mes sourcils se lèvent et j'essaye de comprendre où est-ce qu'elle veut en venir.
—Dégages ! dit-il plus fort.
Je sursaute et comprends que quelque chose se trame depuis un moment. Visiblement, je suis trop conne pour voir quoi que ce soit.
—Je pense que tu ne voudrais pas qu'il dégage lui dit-elle en montrant son ventre.
Quoi ? Aucun mot ne parvient à s'échapper de mes lèvres et je sens mes larmes monter aux yeux. Ce n'est pas possible. Pas lui. Il n'a pas pu faire ça.
—De quoi tu parles ?
—Racontes à Emylia la nuit que nous avons passé ensemble lorsqu'elle était à San Francisco.
—James ? je parviens à dire.
—Emylia je suis désolé.
Une larme roule sur ma joue. Je n'arrive pas à y croire.
—Tu m'as menti ?
Il passe sa main dans ses cheveux.
—Oui mais putain je te jure que ça ne voulait rien dire. Je t'ai menti car je ne voulais pas te perdre.
Je ne peux plus rester, c'est au-dessus de mes forces.
—Au revoir James.
—Restes, je t'en supplie.
—Donnes moi une raison de rester alors.
Je sais très bien qu'il n'en a aucune.
—Je, je t'... Je ne peux pas.
Je ferme les yeux et laisses couler une larme. Je me fiche qu'Ashley me voit dans cet état car de toute manière j'ai perdu. Elle a gagné et c'est ce qu'elle a toujours voulu. Je regarde James une dernière fois, mes yeux noircis par mon maquillage et lui dis :
—Tu feras un bon père. Je ne t'oublierai jamais.
Je tourne les talons avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit et prends le premier ascenseur. Il faut que je me sorte de là.
Arrivée en bas, je marche d'un pas déterminé pour rejoindre Michael. En montant dans la voiture, il remarque instinctivement que cela ne s'est pas bien passé du tout.
—Emylia ?
—C'est définitivement terminé. Il l'a mise enceinte.
Il ouvre grand les yeux.
—De quoi ?
Je commence à lui expliquer ce qui vient de se produire là haut alors que son chauffeur s'engage sur le périphérique en direction de Roissy Charles de Gaulle.
Assise coté hublot, je ne cesse de repenser à ces derniers jours qui ont été pour le moins horribles. Je dois le laisser partir. C'est la seule solution. Il va devenir père, je ne peux pas l'en empêcher ce ne serait pas correct. Mon téléphone vibre peut avant que je le mette en mode avion et y lis un message de Michael.
Bon vol soeurette, je crois en toi. Reviens quand tu veux et surtout, ne laisses personne te malmener. Je t'aime.
Je souris pour la première fois de la journée et lui réponds rapidement avant d'enlever toute connexion internet. J'écoute les dernières consignes de sécurité puis augmente le volume de ma musique et ferme un peu les yeux en attendant que les stewards nous apportent nos plateaux repas.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now