Chapitre 23

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Mercredi 11
Au moment où je me réveille ce matin, je me rappelle qu'aujourd'hui est le dernier jour d'Hadley. Je suis déçue qu'elle reparte si vite mais sa présence m'a mis du baume au coeur. C'est dans ces moments-là que je sais que je pourrai toujours compter sur elle et qu'elle ne me fera jamais de mal. Pour parfaire cette journée, je pense proposer à Wedd et Dev, mes acolytes préférés, de nous accompagner nous promener. Dalya et Jack, eux, ont réservé une table au restaurant pour le déjeuner histoire de se retrouver tous les deux. Ils sont vraiment mignons.
Je me lève et saute directement sous la douche. Une fois habillé je pars rejoindre tout le monde. Une fois dans le séjour, je prends place pour le petit-déjeuner. Comme à mon habitude, je me prépare un cappuccino. Dalya a une fois de plus mis les petits plats dans les grands en nous confectionnant des pancakes et de la brioche. S'ajoute à cela des fruits ainsi que différents mets sucrés. Je devrais passer une après-midi avec elle ou faire quelque chose pour la remercier de son hospitalité.
—Au fait Hadley, ça te dirait de venir déjeuner avec Wedd et Dev ce midi puisque c'est ton dernier jour et que les tourtereaux vont au restau' ?
Ma remarque fait lever les yeux au ciel de Jack.
—Oh ça va ! dit Dalya en se marrant.
—Ça me dit.
Lorsque nous nous installons à notre table au petit restaurant français du coin, près de la villa, nous n'avons presque plus de place à nos pieds tant nous avons dépensé dans les fringues. Je sais, je ne fais que ça. Wedd et Dev ont été de très bons conseils question look. Nous buvons un verre de rosé et discutons tour à tour des spécialités françaises lorsque je me souviens que je suis censée aller en France dans un peu plus d'une semaine avec Hadley. Merde ! Je ne sais même pas si j'y vais encore ou non et si je dois rembourser mon billet à James. Je suis complètement paumée.
—Allô Emy ici Dev tu me reçois ?
Je le regarde un peu perplexe.
—Il faut que tu commandes ma belle.
Je me rend compte que le serveur attend, un bloque note et un stylo entre les mains.
—Ah oui pardon, je réfléchissais à ce que j'allais prendre.
Je regarde la première chose sur le menu :
—Je vais prendre le coq au vin s'il vous plaît.
Je n'ai aucune idée de ce que c'est mais bon, quitte à gouter des spécialités françaises avant mon départ... Non. Il ne veut plus de moi, enfin, de mon corps. Je peux comprendre pourquoi ou plutôt  en partie vu que lui aussi a fait n'importe quoi. Il me manque en fait. Toutes ces choses qui le caractérises me manquent : sa façon de sourire en me voyant à ses cotés pensant que je ne le vois pas, sa façon de m'embrasser ... Mais qu'est-ce que je raconte !
Le déjeuner s'est bien déroulé et j'ai passé la première moitié de celui-ci à me reprocher d'être responsable de notre problème et la deuxième à le lui reprocher à lui. Nous marchons tous ensemble sur Jefferson Street lorsqu'une voix m'interpelle:
—Emylia c'est toi ?
Je me retourne sans que personne ne s'en rende compte et remarque avec stupéfaction qu'il s'agit d'Addelyn, la soeur de James. Mince.
—Oui, ça va ?
—Très bien et toi ?
—Emy qu'est ce que tu fais ? Demande Wedd cinq mètres plus loin.
Addelyn me regarde attentivement.
—Je discute. Rentrez, je me débrouillerai pour vous rejoindre.
—Ok dit-il.
Néanmoins, il attend encore quelques secondes pour vérifier que tout va pour le mieux.
—Désolée. Que fais-tu ici ?
—Je suis ici pour les vacances. Je prends simplement le large et toi ?
—On peut dire la même chose dis-je en feignant de sourire.
—Comment va mon frère ?
Touché.
—Ça peut aller.
—Ah oui ? Je l'ai eu au téléphone samedi soir.
Oh putain je suis grillée.
—Ah bon ? Vous vous parlez souvent ?
—Oui très souvent. On est très proche tous les deux.
—Merde.
—Eh oui dit-elle en rigolant. Je t'ai eu. Je sais que ça ne va pas alors ne me mens pas.
La fille devant moi est toujours aussi fidèle à elle-même que lorsque je l'ai rencontré le mois dernier.
—Je suis désolée mais ...
—Je sais, tu ne voulais pas étaler votre vie comme ça devant moi mais James t'a devancé.
—Oh.
—Ne t'inquiètes pas je ne vais pas faire comme dans ces films où la soeur explose sa belle-soeur pour je-ne-sais-quelle-raison mas je te propose qu'on se voit cette semaine pour en discuter. Qu'en penses-tu ?
Étaler mes pensées à la soeur de James m'embarrasse un peu mais si ça peut m'aider à déculpabiliser je suis preneuse.
—Aucun soucis. Quand es-tu libre ?
—À partir de jeudi.
—Ça marche. Un brunch, vendredi matin ?
—Ok. C'était sympa de te voir ma belle. Prends mon numéro.
Elle me tend un papier où elle écrit rapidement quelques chiffres et me le donne.
—Merci, à plus.
Je m'en vais. Comment résumer ce qui vient de se produire ? Je suis dans la merde. Comment est-ce que je vais raconter à la soeur de James ce que j'ai fais ? Je suis vraiment dans le pétrin.
Sur le chemin du retour, je prend mon temps pour découvrir un peu la ville. Je passe par Union Square, ce fameux endroit que l'on décrit tant puis termine ma ballade vers South Beach. Je peux tout simplement dire que cet endroit est splendide. Toute la faune et la flore mêlées à la vie citadine des gens est époustouflant. Je me sens à l'aise ici. Washington me manque mais j'aime bien cette ville. Je me demande comment est-ce que je me sentirai lorsque j'irai à Paris et à Bordeaux... Non. Je ne peux pas y aller. Nous ne sommes rien l'un pour l'autre et après ce qui s'est passé, je ne pense pas être celle qui l'aidera pour son service. Il a qu'à embaucher une fausse Emylia et le tour sera joué. Je pense l'appeler pour lui rembourser le billet. Sans réfléchir, je compose son numéro. Faites qu'il réponde.
Votre correspondant n'est pas joignable, merci de laisser un message après le bip sonore, une fois votre message enregistré vous pouvez raccrocher ou taper dièse pour le modifier.
Je laisse un message ou pas ? Bip. Plus le choix.
—James... c'est Emylia. Je sais qu'à ce moment précis tu ne veux plus entendre parler de moi mais je voulais te rembourser mes billets d'avion pour la France. Ça ne sert à rien que je vienne. Essayes de te trouver une nouvelle Emylia. Ça ne sera pas compliquée je pense. Je vais appeler ton père pour lui dire que je suis désolée. Enfin bref, mon message ne devait pas être si long. Bon bah euh, bonne continuation à toi, tu mérites d'être heureux. Au revoir.
Je n'étais pas censée parler comme si j'étais abattue ! Qu'est ce que j'ai encore foutu ? Ne craques pas Emylia, ne craques pas. Je compose à présent le numéro de son père. Mon dieu, ça va lui briser le coeur... Je dois le faire, je ne peux pas lui mentir. Il décroche presque immédiatement.
—Bonjour Emylia, je suis ravie de t'entendre.
Bordel ça va être dur.
—Bonjour à vous aussi monsieur Parklay.
—Je t'ai déjà dis de me tutoyer et de m'appeler John.
—Je sais dis-je en souriant bien qu'il ne puisse pas le voir.
—Qu'est ce qui t'amènes, tout va bien ? James va bien ?
—Vous n'avez pas de nouvelles de James ? Et je voulais vous parler de Paris.
—Paris ! Ô ma grande, il me tarde d'y être. Je suis tellement content que tu viennes avec nous, rien ne me ferais plus plaisir.
—A ce propos ...
—Vous avez déjà vos billets n'est-ce pas ?
—Oui mais je...
—Tu m'envoies ravie. Tu diras à James que son vieux père souhaite avoir de ses nouvelles, d'accord ? Il n'est pas avec toi là ?
Merde.
—Non, je suis à San Francisco et lui à Washington.
—Ah oui, je crois qu'il m'en avait parlé il y a une semaine. Bon, lorsqu'il te rejoindra tu lui diras de venir voir un peu plus son vieux père.
Je n'ai pas le choix.
—Pas de soucis je lui dirai.
—A dans un peu plus d'une semaine alors, ma grande.
—A bientôt.
Je n'ai même pas elle courage de lui dire. Cela lui aurait déchiré le coeur. Je jurerai qu'il est au courant. Je ne sais pas comment mais je le sens. Il ne m'a même pas laissé parler de Paris, enfin ce que je souhaitais lui dire. Je n'ai plus qu'à prier pour que James ait eu mon message et j'aviserai avec lui à ce moment là.
Lorsque je suis rentrée environ une heure plus tard, j'ai surpris une conversation téléphonique d'Hadley avec je-ne-sais-qui qui m'a semblait assez étrange sur le moment. Des « il faut que tu donnes tout », et des « tu me tiens au courant » se sont échappés sans qu'elle ne remarque ma présence devant sa porte. J'ai par la suite toqué et elle a coupé court à la conversation. J'ai mis mes doutes de cotés, enfin, de ce que je pouvais avoir car à quoi bon s'inquiéter pour rien ? Nous avons beaucoup discuté toutes les deux et elle m'a explicitement dit de ne pas contacter James car ce qu'il a fait était exécrable. Je ne lui ai pas parlé de mes appels de cet après-midi sinon elle m'aurait littéralement tué sur place. Ce qui est bizarre c'est que j'arrive plus facilement à me confier à Dalya qu'à Hadley en ce moment. Je ne sais pas comment dire mais Hadley semble distante. Je dois une nouvelle fois trop réfléchir. Il faut que j'accorde ma confiance à quelqu'un sinon je ne pourrais jamais m'en sortir. Je dois apprendre à ne pas avoir le contrôle sur tout.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Where stories live. Discover now